• Une agence FN de tourisme politique à Ajaccio...

    pommeFN

    Le Front national est devenu la boussole politique de la droite et de la majorité. Marine Le Pen est venu inaugurer la permanence du candidat FN aux municipales d’Ajaccio. Elle a son agence de tourisme politique en Corse. Le maire social-démocrate, Simon Renucci, est venu la saluer,  tout en soulignant qu'il ne partageait pas ses idées. Il a aussi embrassé amicalement le candidat du FN…La démarche du maire sortant n’en reste pas moins un gage d’honorabilité donné à un parti xénophobe et jacobin à l’extrême. Nous avons en outre noté que le reporteur de Fr3  Corse  envoyé sur place a parlé d’un accueil chaleureux alors que quelques petites dizaines de fans se sont déplacés (moins de cent). Le marché était désert et peu de marchands étaient présents à l’heure du passage de la délégation du FN. La promotion de la vague bleu Marine est  assurée sur le plan national mais aussi local par un fonctionnaire de l’audiovisuel et un maire de la majorité présidentielle.

    Marine Le Pen est arrivée deuxième aux Présidentielles dans les urnes ajacciennes. Lors des législatives qui ont suivi, le candidat FN, le secrétaire exécutif du Front National de Corse-du-Sud, a obtenu plus de 10% des voix à Ajaccio au premier tour, doublant presque le score FN de 2007. Si les élus corses et la presse locale continuent à dédiaboliser le FN, le réveil risque d’être douloureux en mars prochain et aux élections européennes qui suivront. A force de jouer avec la flamme FN, ils vont se brûler les doigts car le « vote utile » risque de ne pas jouer le rôle d’extincteur pour sauver les pyromanes.

    Le débatteur sirupeux du FN Florian Philippot peut s’évertuer à badigeonner de vernis l’image du FN, Marine Le Pen est là pour craqueler la fine couche hypocrite. Il faut bien les écouter pour comprendre que, sous les mots choisis à Droite ou empruntés à Gauche, l’idéologie reste la même. Il faut dire que la dédiabolisation du FN se fait maintenant sans Marine Le Pen et la xénophobie s’est installée dans le débat public. Après la droite décomplexée, nous avons l’extrême-droite décomplexée.  Le résultat est là. Il apparaît dans les discours et les actes de malveillance. Il a atteint son apogée avec l’affaire Leonarda qui a renforcé le racisme et la xénophobie et apparaît comme une manipulation médiatique honteuse contre tous les mineurs étrangers scolarisés en France. Comme le souhaitait le Front national, on a fait de l’étranger le « bouc-émissaire ». On connaît pourtant ce type de dérive qui a conduit jadis au nazisme et au fascisme. Tout cela sent la moisissure historique de la pomme de la discorde.

    Comment le FN peut-il s’implanter en Corse ? Il bénéficie de la dédiabolisation médiatique et de la banalisation de la xénophobie. Sans doute vient-il récolter en Corse le fruit pourri des inscriptions « Arabi fora ! » mais ce serait caricatural, même si l’islamophobie joue son rôle dans la vague bleu Marine venue s’échouer sur les plages insulaires avec ses méduses. Les choses sont certainement plus complexes en Corse, archipel politique où rien n’est simple si on en explore les arcanes. Il faut que chaque Corse, chaque parti ou mouvement politique démocratique et humaniste revisite l’histoire de la Corse qui ne peut justifier l’exclusion de ceux qui sont venus pacifiquement repeupler la Corse, y travailler et la défendre. Des Ajacciens sont d’origine sarde. Ils ne devraient pas oublier leur difficile intégration dans la cité impériale à l’époque du lieu que les Ajacciens appelaient la Sardasila[1] et qui a été remplacé par l’immeuble Diamant III. A chacun de s’interroger sur ses origines et leur histoire. Par ailleurs, les Corses se battent contre le Jacobisme depuis des décennies et, après une décentralisation obtenue et évolutive, se jetteraient dans les bras des Jacobins radicaux. Quelle généalogie politique pourrait lier une famille corse à la famille Le Pen ? Aucune si ce n’est militaire dans la colonisation des peuples dont le FN fait aujourd’hui les bouc-émissaires d’une politique basée sur la xénophobie drapée dans la « préférence nationale ». De quel nationalisme s’agit-il ? Il suffit de vouloir regarder les groupuscules qui gravitent autour du FN et les insultes racistes proférées sur la Toile par ses sympathisants pour répondre à la question.

    Les prochaines élections sont les Municipales. Pour connaître les conséquences de l’élection d’un maire FN, il faut ’aller voir dans des villes gérées  par le FN…  Des accidents électoraux ! Toulon, Vitrolles, Marignane. Au delà d’une gestion calamiteuse, les maires FN ont pratiqué la chasse aux sorcières et la sélection idéologique dans l’attribution des subventions. Ils n’ont fait qu’aggraver les tensions au sein des populations en mettant une chape de plomb sur la vie communale.  Le seul maire qui se soit maintenu est celui d’Oranges. Il a quitté le FN depuis longtemps. Il est toutefois connu pour sa gestion autoritaire et le mépris affiché envers ses opposants. Le changement d’étiquette n’a pas modifié le fond de ce personnage contestable.   Tout cela préfigure ce qui se passerait dans d’autres villes si le FN entrait dans des municipalités par la grande porte que d’aucuns lui ouvrent imprudemment...

    Fucone



    [1] C’était un asile, ue sorte de soupe populaire pour les miséreux. Les Ajacciens l’ont appelé « Sardasila » parce qu’il était fréquenté en majorité par des Sardes. La contraction des deux mots peut traduire une affection bourrue mais il a aussi une connotation péjorative et même méprisante avec celui de sardaille (populace sarde).

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