• Une hypocrisie indécente

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    Même si les partisans de Nicolas Sarkozy évitent pour la plupart de prononcer le terme « complot », toute leur argumentation a pour but de démontrer que leur idole fait l’objet d’un acharnement judiciaire téléguidé par le pouvoir socialiste. Cette argumentation est d’une hypocrisie indécente et d’une mauvaise foi évidente.

    Aujourd’hui, le loup est sorti du bois. Après une campagne d’intoxication et de diversions menée par ses lieutenants, Sarkozy affirme dans un article du Figaro que les principes sacrés de la République "sont foulés aux pieds." Alors qu’il préparait son retour selon tous les commentateurs politiques, l'ex-président nie vouloir revenir en politique et dénonce les écoutes comme étant des méthodes de la Stasi (Son anti-communisme primaire ressort dans le choix de la comparaison avec la police de l’Allemagne de l’Est avant la réunification). Il parle de violence inédite et d’absence de scrupule (sans désigner nommément les personnalités visées). On dirait qu’il parle de lui-même. Mais non ! Comme à son habitude, il se pose en victime. Il oublie qu’il a été ministre de l’Intérieur, qu’il a reformé la police à sa main, qu’il y a placé des gens de confiance et qu’à la tête de la DCRI , il avait nommé Bernard Squarcini, alias « Le Squale », Sarkoziste notoire. Il oublie l’affaire des fadettes d’un journaliste du Monde qui vaut à l’ancien chef de la DCRI des ennuis judiciaires. Enfin, dans sa contre-attaque au vitriol, il n’est plus un ancien président de la république, garant des institutions mais le pourfendeur de ces mêmes institutions qui n’ont pourtant pas changé car on l’aurait su. Aucune réforme constitutionnelle majeure n’est intervenue dans le monde judiciaire et policier, d’ailleurs elle ne pourrait avoir lieu sans le vote de la droite et le passage au Conseil constitutionnel dont le président est un UMP et dont il fait lui-même partie. Il dit qu’il veut être traité comme n’importe quel justiciable en se plaignant d’un acharnement et en jetant le discrédit sur les juges d’instructions. Tout le monde a compris qu’il ne voulait pas être traité comme n’importe quel justiciable. Le seul qui veut faire obstacle au travail serein de la justice, c’est lui et, pour cela, il dispose d’une armada qui s'est illustrée.

    D’abord il faut rappeler que Nicolas Sarkozy a bénéficié de cinq ans d’immunité qui ont bloqué toutes les procédures à son égard. Ensuite si l’on analyse les derniers scandales médiatiques déclenchés, on s’aperçoit d’abord que les enregistrements de son conseiller Patrick Buisson ne peuvent pas être imputés à la gauche tout comme les ennuis de Jean-François Copé. Nul n’ignore qu’il s’agit sans doute de règlements de comptes internes à la droite. C'est ce qui se dit et c'est plausible si on regarde qu'il s'agit pour Buisson et Copé, d'enregistrements et de documents comptables uniquement connus par l'UMP. Les fuites ne peuvent venir que de l'UMP ou de son entourage.  

    En ce qui concerne l’affaire de trafic d’influence dans laquelle l’ex Chef de l’Etat apparaît, il s’agit d’une procédure incidente à celle du financement de sa campagne électorale de 2007 sur lequel portent des soupçons d’illégalité et de fonds offerts par Kadhafi. L’ampleur des attaques dont ont fait l’objet les magistrats et la Garde des sceaux mesure la perte de sang froid du clan Sarkozy qui s’est appuyé sur une fronde d’avocats. Contrairement à ce qui a été dit et répété par une partie complaisante des média, ce n’était pas Maître Herzog qui a été mis sur écoute téléphonique judiciaire mais bien Nicolas Sarkozy qui utilisait un mobile au nom de Paul Bismuth, appareil sous un nom d’emprunt fourni justement par Maître Herzog à son client. Il s’est trouvé que Paul Bismuth est l’identité d’une relation de l’avocat et que le vrai Paul Bismuth n’a pas été tenu informé de l’usurpation de son identité. Sur Europe 1, interrogé par Jean-Pierre  Elkabbach, Maître Herzog a prétendu qu’il avait choisi cette identité au hasard et qu’il s’en était expliqué avec son ancien ami franco-israelien. Lorsqu’il lui est demandé comment il a ouvert la ligne téléphonique, il ne répond pas. D’habitude Jean-Pierre Elkabbach insiste fortement pour que son invité réponde aux questions qu’il pose mais là il ne  l’a pas fait. Il faut croire que la question a dû lui échapper. Chacun sait que pour ouvrir une ligne, il faut fournir une pièce d’identité et d’autres documents, à moins de disposer de complicités.

    Nicolas Sarkozy a choisi les méthodes de Berlusconi pour se defendre. Pourtant l’écoute dénoncée par ses avocats a été déclarée légale par les syndicats des magistrats qu’ils soient du Parquet ou du siège, mais aussi par d'autres juristes. Au lieu de monter une opération commando et une bronca médiatique, il suffisait à Sarkozy de suivre le recours prévu par la procédure pénale pour faire annuler les écoutes prétendues illégales. Il préfère ameuter ses partisans. Ceci expliquant cela, hier à sa sortie de l’Elysée, Monsieur Christophe Régnard, président de l'union syndicale des magistrats, a évoqué les conditions légales dans lesquelles Nicolas Sarkozy et  son avocat ont été écoutés. Nous vous proposons son intervention en vidéo en cliquant ICI.

    Il faut rappeler que l’indépendance du Parquet nécessite une réforme constitutionnelle, donc le vote des 3/5ème des parlementaires et par là-même de l’appui de la Droite. Jusqu’à présent, l’UMP et ses alliés se sont opposés à ce projet en usant d’arguties politiciennes. Changeront-ils d’attitude après leurs cris d’Orphée contre les juges d’instruction, qui sont pourtant déjà indépendants et que Nicolas Sarkozy voulait supprimer ? Les voilà pris à leur propre piège. Ils ne nous feront jamais croire que tous les juges d’instructions saisis des dossiers où apparaît Nicolas Sarkozy sont sous influence. Par contre, nous apprenons que quelques juges du Parquet l’auraient été  avec Nicolas Sarkozy sur qui pèsent justement des soupçons de trafic d’influence.

    En outre, que ce soit dans les enregistrements effectués par Patrick Buisson ou dans les écoutes judiciaires avec Maître Herzog, on découvre comment Sarkozy et son entourage traitaient  les journalistes (chiens) et les magistrats de Bordeaux (batards). Pierre-Olivier Sur, le Bâtonnier de Paris en a jouté une couche en qualifiant les juges de « chiens de chasse ». Il a déclaré à la presse : « A partir du dossier [libyen], ils sont allés sentir comme des chiens de chasse, à droite, à gauche, jusqu'à tomber des mois plus tard sur autre chose. Comment peut-il dire cela sans connaissance du dossier. Comment peut-il réclamer plus d’indépendance des Juges alors qu’il a sollicité l’intervention du Président de la République pour stopper le travail des juges ? De notre côte, on peut s’interroger sur l’indépendance de certains avocats et sur l’objectivité de certains journalistes ?

    Si on ajoute à ce qui précède, les méthodes barbouzardes de Patrick Buisson et l’usage de portables à des noms d’emprunt par Maître Herzog, on se retrouve dans un polar de la série B avec des acteurs pas crédibles.

    Quant au complot, il semble se tramer contre les juges d’instruction et les journalistes qui font leur travail. Rappelons que Gérard Davet, journaliste du Monde, a reçu des menaces violentes et précises liées à l’affaire des écoutes. Il a dépose plainte. Edwy Plenel a répondu aux attaques dont il fait l’objet.Sur la question de la violation du secret de l'instruction, le patron de Mediapart a dit : "Nous ne sommes pas tenus en tant que journalistes au secret de l'instruction, nous n'avons qu'à rendre compte de la légitimité de nos informations. Nous rendons compte de ce qui se passe dans une affaire d'Etat". Sur la question de la manipulation politique à quelques jours des élections, il répond que son journal est indépendant et qu'il y a un an il avait sorti des révélations sur l'affaire Cahuzac qui bousculaient la gauche. Il a par ailleurs reconnu que, dans l’affaire Cahuzac, les juges d’instruction et les journalistes n’ont subi aucune pression.

    What else ? Nous attendons la suite des attaques de Nicolas Sarkozy et consorts contre des journalistes et des juges d’instructions qui font preuve d’indépendance. Comme on le dit en Corse, U truppu stroppia... le trop estropie. Ils en ont déjà fait beaucoup.

    Fucone

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