• Valls et Hollande à l'heure de Big Ben

    Sauf à être historien, on peut se foutre de ce qui s’est passé en Chine, en Mauritanie et au Pays de Galle l’année 75 après JC. En France le nombre "75" fait penser à Paris, mais, depuis l'élection de François Hollande, lorsqu’on en fait un pourcentage, il est révélateur de la politique menée par le gouvernement Valls et constitue l’une des plus grosses fausses promesses du candidat Hollande. Elle est emblématique de son mépris pour l’électorat de gauche qu’il a trompé.   

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    Manuel Valls a choisi Londres et la City pour faire allégeance à la Finance. C’est à l’Etranger qu’il a assumé pleinement son libéralisme et l’abandon du socialisme qui n’aura été pour lui qu’une étiquette politique pour faire carrière. C’est à l’étranger qu’il annonce des mesures qui vont toucher les chômeurs. C’est à l’étranger qu’il annonce l’abandon de la taxe de 75% qui était censée faire contribuer les plus riches à la réduction du déficit… Manuel Valls est allé s’agenouiller sur le tapis rouge de David Cameron qui avait déclaré : « Quand la France instituera un taux de 75% pour la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu, nous déroulerons le tapis rouge aux entreprises françaises ». Quelle humiliation supplémentaire après le voyage de François Hollande qui, le 29 février 2012 ( deux jours après son annonce de la taxe à 75% et son fameux « mon ennemi c’est le monde de la Finance »)  s’était précipité rassurer son ennemi de la finance à Londres en disant : « J am not dangerous ! ».  Valls est allé plus loin avec « J am pro business ».  Tous les deux ont mis leurs montres à l’heure de Big Ben. Ils font tous les deux le même son de cloche. Le « social » ce n’est pas leur tasse de thé.

    Hollande et Valls aiment les anaphores. On pourrait leur en donner de l’anaphore sur tout ce qu’on peut leur reprocher ! On ne le fera pas car ils nous ont rendu cette figure de style insupportable. Clémentine Autain l’a dit aujourd’hui dans une interview donnée à Lea Salame sur France Inter : Manuel Valls n’est pas le socialiste moderne qu’il prétend être mais il s’affiche comme un homme de la droite traditionnelle qui se moule dans les normes dominantes, les normes du marché, la 5ème République à bout de souffle.

    Cette taxe de 75% était une promesse qui s’est révélée être un acte législatif impossible puisque son vote a été retoqué par  le Conseil constitutionnel. La loi a été ensuite modifiée pour faire payer la taxe aux entreprises plutôt qu’aux individus ayant des rémunérations annuelles au dessus d’un million d’euros. Pour exemple, ce sont les clubs de football qui devaient payer cette taxe sur les hauts salaires des joueurs. Une taxe éphémère. Jean-Marc Ayrault et François Hollande avaient insisté sur son caractère exceptionnel, donc provisoire. Manuel Valls a annoncé aux Anglais qu’elle sera supprimée à partir du 1er janvier 2015 : « Je sais que cette taxe a fait grand bruit ici [au Royaume-Uni], et surtout notre décision de taxer les salaires très élevés. Mais beaucoup de gens oublient de dire que c'était temporaire. Ça n'existera plus au 1er janvier 2015 ».  A croire que son auditoire à la City était plus concerné que le quidam français. C’est aussi à la City qu’il a annoncé la révision des indemnités de chômage d’un système français trop généreux. Le perfide Manuel Valls fait donc des annonces de politique intérieure en priorité à la City de la Perfide Albion.

    On se souvient que, dans son discours de politique générale à l’Assemblée nationale, il a annoncé des baisses d’impôts pour les plus pauvres et une prime exceptionnelle pour les petites retraites. Cela s’est transformé en une réalité dérisoire si on compare ce train de la misère qui cachait le train de la richesse. Un train de mesure en cachait un autre. Comme on le dit en Corse « de la morue pour le peuple » et du caviar pour les plus riches. Il sera intéressant de connaître les montants des cadeaux fiscaux faits aux pauvres et de ceux faits aux riches. Cette taxe devait concerner 470 entreprises (dont des clubs de foot) et un millier de dirigeants ou salariés selon les chiffres du Budget. Quelques millions d’euros à ajouter au 40 milliards de crédit d’impôts aux entreprises qui pourront payer les gros salaires sans s’acquitter de cette taxe qui ressemble à un tour de passe-passe politique affligeant. Il faut dire que, dans ses interventions sur cette taxe, François Hollande n’en était pas à une volte face près, notamment envers les clubs de foot. En janvier 2012, il s’engage auprès d’eux à ne pas augmenter leurs taxes. Pendant la campagne, pour être élu, il sort cette taxe comme joker de gauche avec son fameux « mon ennemi, c’est le monde de la finance ». En 2013, ce ne sont plus les bénéficiaires de hauts revenus qui sont visés mais les entreprises qui les rémunèrent (dont les clubs de foot)… tout cela en passant par la première loi retoquée par le conseil constitutionnel. Janvier 2015, suite et fin !

    La scène politique française est occupée par des problèmes internationaux et des débats sociétaux comme le mariage pour tous et la GPA. Pendant ce temps, notre premier ministre va parler de politique intérieure à l’Etranger, en Allemagne et, en Angleterre, sur l’extrade d’un lieu hautement symbolique du monde de la Finance. Il rend compte de la politique intérieure de la France à Merkel et Cameron, tout en méprisant ce qui reste de la gauche au parti socialiste. Pendant ce temps Hollande ne parle plus que de sujets internationaux en France. Décidément, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond à Matignon et à l’Elysée.  Est-ce le retour de Sarkozy qui déboussole le pouvoir solférinien ?  Sans aucun doute, ce come-back programmé n’ouvre pas le débat politique mais l’enferme plutôt dans une campagne de propagande médiatique libérale et ultralibérale qui se déchaîne. Tout y passe : la fonction publique, la sécurité sociale, le syndicalisme, le chômage, les allocations familiales… On connaît la méthode de Sarko. Il apporte en continu de la « matière » aux journalistes – notamment aux chaines télé, et surtout celles qui donnent l’information en continu. Il a remis sur le tapis « travailler plus pour gagner plus », veut rétablir les heures supplémentaires défiscalisés, aggraver la politique d’austérité… Alors Manuel Valls lui emboîte le pas, pendant que François Hollande lui sert de puching-ball, histoire d’ancrer l’idée d’une revanche en 2017 : une idée qui plaît à la presse pour des raisons politiques ou bien par besoin de politique-spectacle. Qu’ils se fassent la belle en 2017, qu’ils se tirent ailleurs qu’à Elysée. On peut en dire autant pour les autres : Fillon, Juppé, Ayrault, Valls and co… qu’ils se tirent ailleurs qu’à Matignon ou dans un ministère. Qu’ils se tirent avant que le Front national ne s’y installe grâce à eux.

    On aimerait  mettre fin à l’amalgame UMPS, utile au Front National. On aimerait bien que les socialistes de façade ne représentent pas la Gauche en traitant d’extrémistes ceux qui défendent les valeurs qu’ils trahissent au nom du libéralisme économique. Nous ne sommes pas au bout des manipulations. Aujourd’hui, sur une radio (que je ne nomme pas pour ne pas lui faire de publicité), j’ai entendu un propagandiste de la Droite ultralibérale dire que des Français quittent la Sécurité Sociale pour contracter des assurances privées à l’Etranger… C’est lui qui le dit et il faut le croire sur parole, sans témoignage ni statistique. On ignore tout de l’ampleur d’un tel phénomène qui le ravit. Cet animateur a parlé de liberté de choisir, histoire de mêler le mot « liberté » à celui de libéralisme économique qui exclue le beau mot de « solidarité ». Quelle liberté de choix ont le chômeur, le smicard, le SDF, le petit retraité… ? On ne se fait plus d’illusion sur cette presse de nantis qui parlent de tout sans rien savoir. A chacun de ne pas se laisser polluer, contaminer par cet individualisme égoïste tant répandu chez ceux qui profitent du Système et qui ont leurs relais dans la presse. 

    François Hollande et Manuel Valls suivent un cap libéral malgré des côtes de popularité en berne. Ils s’obstinent à aller contre l’opinion et surtout celle des électeurs de gauche. Peut-être pensent-ils, comme le président de l’assemblée nationale qui a déclaré aujourd’hui sur les ondes de France inter : « Dans l'opinion, si vous voyez les positions dominantes, on rétablirait la peine de mort et on virerait tous les immigrés… » Quelle conception de la démocratie ! Quel mépris pour le peuple ! C’est le même Claude Bartolone qui s’oppose à la transparence du patrimoine et des revenus de nos élus, sous prétexte que ce serait de la « démocratie de paparazzi ». Décidément certains élus socialistes et prétendument de gauche se comportent comme une élite intouchable. ? L’immunité ne leur suffit pas. Il leur faut aussi le secret bancaire.  On ne peut plus s’étonner de rien mais, pour autant, il ne faut pas tout accepter.

    Vivement une 6ème république avec de nouvelles règles constitutionnelles qui nous mettent à l’abri d’une république bananière qui pourrait demain rétablir la peine de mort et virer les immigrés de France lorsque la fracture sociale sera devenue insupportable. Demain, il suffira que les électeurs du Front national soient la plume qui fasse pencher la balance électorale du côté d’un Sarkozy pour  annihiler des décennies de progrès social  et d’évolution vers une société plus fraternelle, plus égalitaire, plus libre et donc plus solidaire. François Hollande n’a mis en place aucune alternative politique de gauche. Il s’est engagé dans une alternance libérale dont Manuel Valls est le champion en titre, malgré une campagne présidentielle qui avait pourtant donné des gages à la gauche et en particulier aux 4 millions d’électeurs du Front de gauche. François Hollande et Manuel Valls porteront l’entière responsabilité du retour de la droite et de la montée du Front National, scénario prévisible si les abstentionnistes voient augmenter leurs rangs. Ils portent l’entière responsabilité de la division au parti socialiste et d’une opposition de gauche qui n’est pas près d’oublier comment ils l’ont traitée.

    Pidone

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