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Vous avez dit la dette !
La dette. Ah ! La dette.
Il faut la réduire. C’est l’obsession de nos gouvernants dits socialistes et de tous les laudateurs de la pensée unique. Aujourd’hui, la dette publique représente 90% du produit intérieur brut, soit près de 2000 milliards d’euros. Tous les êtres bien-pensants de notre pays hurlent à la catastrophe. Trop, c’est trop. Mais au-delà des clameurs, qu’en est-il de la réalité et pourquoi a-t-on atteint un niveau aussi élevé de la dette publique ? Tout d’abord, il faut faire une distinction entre dette utile et intérêt de la dette. L’Etat est obligé d’emprunter s’il veut réaliser ses objectifs dans les domaines de la santé, des transports, de l’éducation nationale, de la recherche, de l’armée, etc. C’est de la dette utile. Mais il y a aussi l’intérêt de la dette, soit grosso modo 50 milliards par an, l’équivalent du budget de l’éducation nationale. Une bricole, en somme. Comme cet intérêt n’est pas intégralement remboursé, il se cumule à la dette. Il contribue à l’augmenter. C’est un gouffre sans fond.
Il y a au moins deux explications.
Tout d’abord, les recettes ne sont pas en capacité d’équilibrer les dépenses, donc de rembourser tout ou partie de la dette. Les raisons sont connues : niches fiscales, évasion fiscale, fraude à la TVA, travail au noir, ou encore divers cadeaux fiscaux aux entreprises, comme le CICE, le pacte de responsabilité. Ensuite, il faut aborder le mode de financement de la dette, en dehors des recettes. Problème souvent occulté. Jusqu’en 1973, l’Etat empruntait directement auprès de la banque de France à des taux d’intérêt convenables. Georges Pompidou, alors président de la république, ex grand commis de la banque Rothschild, eut cette année-là l’idée lumineuse de prendre une mesure lourde de conséquences pour la dette et les comptes de l’Etat. Désormais celui-ci aura l’obligation d’emprunter auprès des banques privées ! Bien évidemment à des taux nettement supérieurs. On peut dire que depuis lors ces dites banques privées se sont allègrement gavées sur le dos des contribuables français. Fallait y penser.
Le traité de Maastricht a repris cette excellente mesure, en obligeant les Etats européens à emprunter sur les marchés financiers et non auprès de la banque européenne. Souvent à des taux prohibitifs, avec les conséquences désastreuses pour des pays comme le Grèce, l’Espagne, le ¨Portugal ou l’Italie et aussi la France.
Aujourd’hui, les différents gouvernants européens imposent des mesures drastiques pour réduire les dettes publiques, sans pour autant s’attaquer aux véritables causes. Ils mènent des politiques d’austérité et de régression sociale.
Il est grand temps de poser différemment le problème de la dette publique, de son ampleur et de son remboursement. Il faut réajuster les recettes en supprimant les énormes cadeaux fiscaux octroyés, sans compensation, aux entreprises. Cadeaux qui ne sont jamais traduits par des créations d’emplois, mais plutôt ont servi à rémunérer le capital. Il faut avoir le courage et la volonté politiques de dire haut et fort : Ca suffit. Non au remboursement de la dette. Les banques se sont largement payées pendant des décennies. Il grand temps de faire le ménage dans la sphère financière, de réactiver le rôle de la banque de France et de renationaliser les grandes banques françaises. Il est évident que François Hollande, l’ennemi de la finance, n’ira pas jusque-là. Il est trop inféodé à la troïka. Seul un vrai changement de système le permettra. Le débat est ouvert.
Angelo Leonetti
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