• Les passagers de la SNCM connaissent le nom de Jean Nicoli parce que la compagnie maritime l’a donné à un de ses bateaux comme cela avait été fait pour Danielle Casanova. Ces deux héros de la Résistance nous renvoient à des heures sombres que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Toutefois ils sont des exemples dont le souvenir doit être entretenu. Ils apparaissent aussi comme des personnages romantiques qui doivent intéresser la littérature, le cinéma et le théâtre. Ainsi, une pièce de théâtre consacrée à Jean Nicoli termine sa tournée à Marseille et Bastia.

    La vie de Jean Nicoli.

    De la Colonie à la Résistance

    Noël Casale

    Mise en scène Noël Casale

    Avec Edith Mérieau et Moustapha MBoup

    Scénographie, costume(s) Anne Lezervant

    Lumière Marie Vincent

    Durée 1h10

     

    jean_nicoli_fficheNoël Casale aime raconter des histoires : la sienne, celle des gens, de leur famille, de leurs voisins, celle de la Corse, celles qui vivent dans les corps  et les mémoires. Il nous raconte, ici, l’histoire de Jean Nicoli, étonnant personnage, héros de son enfance, fondateur et dirigeant de la Résistance communiste en Corse dès l’armistice de 1940. Ce célèbre instituteur corse est arrêté en juin 1943, condamné à mort et exécuté brutalement deux mois après.

    A partir de journaux de l’époque, de photographies, de lettres, Noël Casale réécrit à travers le regard de Jeanne Nicoli l’histoire de son héros de mari aux engagements politiques sans concession. Il a été membre de la SFIO puis du parti communiste. Il fut un grand résistant au nazisme et au fascisme. Il l’a payé de sa vie.

    Noël Casale s’explique : « Je suis né à Bastia en 1960 d’un père corse et d’une mère espagnole dans une famille d’ouvriers communistes. Jean Nicoli et ses camarades de lutte dans la résistance au fascisme durant la seconde guerre mondiale ont d’abord été (pour moi) des héros de mon enfance. C’est à la lecture de son journal d’Afrique (il y a quelques années) que j’ai découvert l’homme qu’il avait été avant la guerre.Parti instituteur de la République au Soudan français en 1925 (Mali actuel), il y décèle très vite les pires aspects de la colonisation. Sa conscience politique s’éveille et se forme dans la brousse et le long du fleuve Niger. Retour en France en 1935. Membre du Parti Communiste, fondateur et dirigeant de laRésistance communiste en Corse dès l’armistice de 1940, il est arrêté par l’occupant italien en juin 43, condamné à mort et exécuté brutalement deux mois plus tard. On rend à la famille un corps sauvagement décapité.Dès ma découverte de cette vie – de cette métamorphose (De la Colonie à la résistance) – j’ai eu l’envie et l’intuition d’un travail théâtral ».

    Il a alors écrit une dizaine de récits portés chacun par un personnage (un compagnon d’armes, un administrateur colonial, un fasciste italien, un de ses anciens élèves…) avant de constater que Jeanne Nicoli, l’épouse du héros, occupait de plus en plus de place. Elle est morte d’un cancer en 1935, à l’âge trente sept ans. C’est donc Jeanne qui parle seule au public. « C’est l’histoire d’une femme qui en nous parlant d’elle à travers d’autres – avec l’histoire des autres – essaie de penser ce qui est arrivé, ce qui arrive, ce qui pourrait arriver.» nous dit l’auteur. On l’écoute et nous sommes en Corse, c’est la guerre. Puis au fin fond de la brousse ou sur les rives du Niger, quinze ans avant, un jour de tornade – un vieillard noir épuisé par des travaux forcés vient de se pendre. Retour en Corse, leur enfance et celle du siècle. L’Afrique encore, par les lettres de protestation que Jean écrit pour des tribus maltraitées, par ses premiers engagements politiques, puis nous voici attablés avec des anciens combattants aujourd’hui en Corse, en plein midi l’été, il fait chaud, ils se souviennent. Le rôle  été confié à Edith Merleau. Le couple avait une fille Francette décédée en mai 2012.

    Un extrait :      

    Jeanne Nicoli:

    "(…) - Le 30 août 1943, le corps de mon mari a été rendu à sa famille, la tête entre les pieds.

    On s'est toujours demandé pourquoi il a été décapité.

    Condamné à mort, il devait être fusillé, mais fusillé dans le dos et ça, pour lui, pas question !

    Comme je ne suis pas ici pour dissiper des mystères, mais pour essayer d'en remettre quelques-uns en lumière, je ne vous dirais pas pourquoi ces salopards de fascistes italiens lui ont coupé la tête. C'est une affaire entre eux et lui et tout d'abord entre le premier à avoir brandi une hache et lui.

    Une hache.

    Décapité sauvagement.

    À la hache.

    Le type plein de muscles et de fureur qui a été le premier à se ruer sur mon mari les yeux exorbités – appelons-le Giovanni.

    Lui, Giovanni, mon mari, Jean.

    Supposons que les autres ont crié son nom avant qu'il ne lui hurle qu'il n'aurait été qu'un fils de pute. Mais une fois le premier coup porté, mon mari en a entendu de toutes les couleurs - fils de pute, pédé, enculé (manquer à ce point d'imagination, pour des descendants de Dante et de Pétrarque, quelle misère). Il y en a eu aussi après le dernier coup mais ça n'a pas duré. Ils ont eu de quoi s'occuper. Le soulever, le trimballer, l'emballer, le jeter dans un camion, nettoyer le lieu de leur crime (qui demeure lui aussi mystérieux), se laver les mains et le ramener en ville. Oui, je le sais, je viens de vous dire que l'on ne sait pas où il a été tué et vous venez d'entendre qu'on l'a ramené en ville.

    Permettez-moi d'étayer une rumeur.

    Un jour, bien des années après la mort de Jean, une dame maintenant très âgée a rencontré mes enfants pour leur raconter ceci. Elle leur a dit qu'en ce matin du 30 août 1943, elle avait dix ans et qu'elle habitait dans une petite et vieille maison à proximité du cimetière de Bastia. Réveillée juste avant le lever du jour par un remue-ménage inhabituel derrière les cloisons de sa chambre, elle aurait entendu son père murmurer à sa mère, N'allume pas la lumière et ne fais pas de bruit, ils sont en trainde tuer Jean Nicoli.

    Jean Nicoli, c'était mon mari".

     

    Cette pièce de théâtre a récolté les louanges de la presse. L’auteur décrit une Corse noire et mélancolique. Un théâtre d’une rare émotion.

    Les dernières représentations ont été données au théâtre municipal d’Ajaccio les 11, 12 et 13 avril.

    Des nouvelles représentations sont à venir à Marseille et à Bastia.

    Du 29 avril au 4 mai 2013 (relâche le 1er mai) au Théâtre Des Bernardines, 17 Boulevard Garibaldi 13001 Marseille

    Le 16 mai au Théâtre municipal de Bastia, Place du théâtre 20200 Bastia.

    Signé Pidone

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  • La Corse a inspiré des auteurs célèbres qui ont écrit sur l’île et ses habitants. Nous avons choisi quelques extraits et, en dernier lieu, un texte de Pierre Bonardi sur l’hospitalité.  Cette hospitalité vous pourrait la découvrir en Corse mais aussi au stand de la collectivité territoriale corse du Salon du Livre, porte de Versailles à Paris.

    Vous y rencontrerez des auteurs corses contemporains et leurs éditeurs à l’emplacement T14. Nous vous recommandons les auteurs de l’association Corsicapolar.

    À partir du XIXe siècle, la Corse s'enfonce dans la misère. L'euphorie de l'industrialisation ne l'a pas effleurée. Alphonse Daudet (1840-1897), comme bien d'autres, constate ce décalage entre l'île et le continent... une île " en pleine misère italienne " selon l’auteur des lettres de mon moulin.

    La côte corse, un soir de novembre. -Nous abordons sous la grande pluie dans un pays complètement désert. Des charbonniers lucquois nous font une place à leur feu ; puis un berger indigène, une espèce de sauvage tout habillé de peau de bouc, nous invite à venir manger la polenta dans sa cabane. Nous entrons, courbés, rapetissés, dans une hutte où l'on ne peut se tenir debout. Au milieu, des brins de bois vert s'allument entre quatre pierres noires. La fumée qui s'échappe de là monte vers le trou percé à la hutte, puis se répand partout, rabattue par la pluie et le vent. Une petite lampe -le caleil provençal - ouvre un Âœil timide dans cet air étouffé. Une femme, des enfants apparaissent de temps en temps quand la fumée s'éclaircit, et tout au fond un porc grogne. On distingue des débris de naufrage, un banc fait avec des morceaux de navires, une caisse de bois avec des lettres de roulage, une tête de sirène en bois peint arrachée à quelque proue, toute lavée d'eau de mer.
    La polenta est affreuse. Les châtaignes mal écrasées ont un goût moisi ; on dirait qu'elles ont séjourné longtemps sous les arbres, en pleine pluie. Le bruccio (traduire en corse brocciu) national vient après, avec son goût sauvage qui fait rêver de chèvres vagabondes... Nous sommes ici en pleine misère italienne. Pas de maison, l'abri. Le climat est si beau, la vie si facile ! Rien qu'une niche pour les jours de grande pluie. Et alors qu'importe la fumée, la lampe mourante, puisqu'il est convenu que le toit, c'est la prison et qu'on ne vit bien qu'en plein soleil ? >>

    L'île de Corse a, d'une manière assez exacte, la forme d'un poisson qui aurait la queue tournée vers le nord. Une chaîne de hautes montagnes vertes en bas, neigeuses au sommet, la traverse du nord au sud, du Cap corse au détroit de Bonifacio, comme une épine dorsale gigantesque, d'où s'échappent, ainsi que des arêtes, mille petites chaînes, ramifications infinies qui vont, s'abaissant par degrés, baigner leurs derniers coteaux dans deux océans : la mer italienne et la mer espagnole.

    Pour Pierre-Alexis Ponson du Terrail, en Corse, la notion d'appartenance est d'abord liée au village. Là sont les racines. D'un village à l'autre, d'une vallée à l'autre, d'une région à l'autre, et à plus forte raison d'une ville à l'autre, la différence est ressentie à l'extrême.

    Au nord s'allonge une langue de terre couverte de vignobles, d'orangers et d'oliviers : c'est le Cap corse. Au nord-ouest s'étend une succession de riches et vertes plaines bien cultivées, fertiles, semées çà et là de villages blancs et coquets, c'est la Balagne. À l'ouest, une contrée montagneuse expose au soleil méridional ses maquis vert sombre, ses forêts chevelues et vierges, ses villages à maisons crénelées, à physionomie guerrière : ce sont les arrondissements d'Ajaccio et de Sartène, les deux cantons belliqueux de la Corse, la véritable Corse vindicative et sauvage, patriarcale et superstitieuse, religieuse et martiale. Au sud, une plaine de quelques lieues carrées, semée d'étangs malsains, de fiévreux marécages et dominée par un rocher qui supporte une ville et surplombe la mer avec une hardiesse si folle, si téméraire, qu'il semble à chaque instant que roc et ville vont s'abîmer et disparaître sous le flot qui les ronge et les fascine depuis le commencement du monde. Cette ville est Bonifacio. À l'est, entre la chaîne épinière des montagnes et la mer d'Italie, se déroulent et s'allongent des plaines immenses, fertiles comme celles du Brésil, désertes comme elles, incultes malgré leur luxuriante végétation et sillonnées à peine par de rares troupeaux de brebis noires et de pâles et hâves bergers qui tremblent de cette fièvre terrible qui règne en sombre despote sur le littoral du levant depuis Porto-Vecchio jusqu'à Aleria. C'est la côte orientale, la plus belle partie, la plus inexplorée peut-être de toute l'île.

    À l'extrémité de la côte orientale, au milieu d'une plaine non moins fertile, non moins belle, mais plus saine, on trouve la plus importante, la plus riche, la plus commerçante ville de Corse : Bastia. Mais Bastia n'est plus la Corse, Bastia est une ville continentale, italienne, corrompue et molle, luxueuse et active comme le continent ; à Bastia, point de vendetta, point de stylet affilé, de fusil menaçant, mais aussi plus de mœurs sévères, patriarcales, plus de ces costumes pittoresques et traditionnels qu'on retrouve encore à Ajaccio. Le Corse, le vrai Corse montagnard, le Corse de Corte et d'Ajaccio, retrousse dédaigneusement la lèvre en parlant de l'habitant de Bastia {.../…}

    Gustave Flaubert a 19 ans quand il entreprend, en 1840, un voyage dans les Pyrénées, le midi et la Corse en compagnie d'un chirurgien, ami de son père, de la sœur de celui-ci et d'un prêtre italien. Il vient d'être reçu bachelier et tout imprégné de culture gréco-latine, il découvre, au rythme de la randonnée, un cadre auquel le rattachent ses goûts, ses lectures.

    Nous longions le bord de la mer que le chemin suit jusqu'à l'ancienne ville de Sagone. Elle était calme, le soleil donnant dessus, éclairait son azur qui paraissait plus limpide encore; ses rayons faisaient tout autour des rochers à fleur comme des couronnes de diamant qui les auraient entourés ; elles brillaient plus vives et plus scintillantes que les étoiles. A Vico on commence à connaître ce que c'est qu'un village de la Corse. Situé sur un monticule, dans une grande vallée, il est dominé de tous les côtés par des montagnes qui l'entourent comme un entonnoir... Il ne faut point juger les mœurs de la Corse avec nos petites idées européennes. Ici un bandit est ordinairement le plus honnête homme du pays et il rencontre dans l'estime et la sympathie populaire tout ce que son exil lui a fait quitter de sécurité sociale... J'avais éteint mon flambeau. Je me levai et je regardai la campagne, je voyais les chèvres marcher dans les sentiers du maquis et sur les collines ; ça et là les feux de bergers, j'entendais leurs chants... Nous étions placés sur une des plus hautes montagnes de la Corse et nous voyions à nos côtés toutes les vallées et toutes les montagnes qui s'abaissaient en descendant vers la mer ; les ondulations des coteaux avaient des couleurs diversement nuancées suivant qu'ils étaient couverts de maquis, de châtaigniers, de pins, de chênes-lièges ou de prairies ; en face de nous et dans un horizon de plus de trente lieues, s'étendait la mer Tyrrhénienne comprenant l'île d'Elbe, Sainte-Christine, les îles Caprera, un coin de la Sardaigne.

    On ne saurait dire ce qui se passe en vous à de pareils spectacles ; je suis resté une demi-heure sans remuer, et regardant comme un idiot la grande ligne blanche qui s'étendait à l'horizon. J'aurais presque pleuré quand je me suis enfoncé de nouveau dans la montagne. Non, ce n'est jamais devant l'océan, devant nos mers du Nord, vertes et furieuses, que les dix mille eussent poussé le cri d'immense espoir dont parle Xénophon ; mais c'est bien devant cette mer-là, quand, avec tout son azur, elle surgit au soleil entre les fentes de rochers gris, que le cÂœur alors prend une immense volée pour courir sur la cime de ces flots si doux, à ces rivages aimés, où les poètes antiques ont placé toutes les beautés, à ces pays suaves où l'écume, un matin, apporta dans une coquille la Vénus endormie. Quand nous avons quitté Bastia, le temps était superbe, la mer calme. La Corse belle me disait un dernier adieu... Me voilà réinstallé dans mon fauteuil vert, auprès de mon feu qui brûle, voilà que je recommence ma vie des ans passés. Qu'ont donc les voyages de si attrayant pour qu'on les regrette à peine finis. Oh ! Je rêverai encore longtemps des forêts de pins où je me promenais il y a trois semaines, et de la Méditerranée qui était si bleue, si limpide, si éclairée de soleil il y a quinze jours ; je sens bien que cet hiver, quand la neige couvrira les toits et que le vent sifflera dans les serrures, je me surprendrai à errer dans les maquis de myrtes, le long du golfe de Liamone, ou à regarder la lune dans la baie d'Ajaccio.

    Guy de Maupassanta sillonné la Corse et c’est avec lui que nous avons choisi une arrivée par la mer.

    Le Bonheur :

    Mais tout à coup quelqu'un, ayant les yeux fixés au loin, s'écria :
    - Oh ! Voyez, là-bas, qu'est-ce que c'est ?

    Sur la mer, au fond de l'horizon, surgissait une masse grise, énorme et confuse.
    Quelqu'un dit : C'est la Corse ! On l'aperçoit ainsi deux ou trois fois par an dans certaines conditions d'atmosphère exceptionnelles, quand l'air, d'une limpidité parfaite, ne la cache plus par ces brumes de vapeur d'eau qui voilent toujours les lointains. Alors, un vieux monsieur, qui n'avait pas encore parlé, prononça :

    -Tenez, j'ai connu dans cette île... j'ai connu un exemple admirable d'un amour constant, d'un amour invraisemblablement heureux.

    Je fis, voilà cinq ans, un voyage en Corse...

    Le conteur se tut... Et là-bas au fond de l'horizon, la Corse s'enfonçait dans la nuit, rentrait lentement dans la mer, effaçait sa grande ombre apparue comme pour raconter elle-même l'histoire des deux humbles amants qu'abritait son rivage.

    Histoire corse :

    Le mordant parfum des plantes aromatiques dont l'île est couverte emplissait l'air, semblait l'alourdir, le rendre palpable ; et la route allait, s'élevant lentement au milieu des grands replis des monts escarpés... Après avoir traversé Piana, je pénétrais soudain dans une fantastique forêt de granit rose, une forêt de pics, de colonnes, de figures surprenantes, rongées par le temps, par la pluie, par les vents, par l'écume salée de la mer. Ces étranges rochers, hauts parfois de cent mètres, minces comme des obélisques, coiffés comme des champignons ou découpés comme des plantes, ou tordus comme des troncs d'arbres, avec des aspects d'êtres, d'hommes prodigieux, d'animaux, de monuments, de fontaines, des attitudes d'humanité pétrifiée, de peuple surnaturel emprisonné dans la pierre par le vouloir séculaire de quelque génie, formaient un immense labyrinthe de formes invraisemblables, rougeâtres ou grises avec des tons bleus. On y distinguait des lions accroupis, des moines debout dans leur robe tombante, des évêques, des diables effrayants, des oiseaux démesurés, des bêtes apocalyptiques, toute la ménagerie fantastique du rêve humain qui nous hante dans nos cauchemars. Peut-être n'est-il par le monde rien de plus étrange que ces "Calanche" de Piana, rien de plus, curieusement ouvragé par le hasard.

    Honoré de Balzaca écrit un texte non pas sur la Corse mais sur la venue d’un Corse à Paris :

    Extrait de La Vendetta.

    […/…]L'étranger avait une de ces têtes abondantes en cheveux, larges et graves, qui se sont souvent offertes au pinceau des Carraches. Ces cheveux si noirs étaient mélangés d'une grande quantité de cheveux blancs. Quoique nobles et fiers, ses traits avaient un ton de dureté qui les gâtait. Malgré sa force et sa taille droite, il paraissait avoir plus de soixante ans. Ses vêtements délabrés annonçaient qu'il venait d'un pays étranger. Quoique la figure jadis belle et alors flétrie de la femme trahît une tristesse profonde, quand son mari la regardait, elle s'efforçait de sourire en affectant une contenance calme. La petite fille restait debout, malgré la fatigue dont les marques frappaient son jeune visage hâlé par le soleil. Elle avait une tournure italienne, de grands yeux noirs sous des sourcils bien arqués, une noblesse native, une grâce vraie. Plus d'un passant se sentait ému au seul aspect de ce groupe dont les personnages ne faisaient aucun effort pour cacher un désespoir aussi profond que l'expression en était simple ; mais la source de cette fugitive obligeance qui distingue les Parisiens se tarissait promptement. Aussitôt que l'inconnu se croyait l'objet de l'attention de quelque oisif, il le regardait d'un air si farouche, que le flâneur le plus intrépide hâtait le pas comme s'il eût marché sur un serpent. Après être demeuré longtemps indécis, tout à coup le grand étranger passa la main sur son front, il en chassa, pour ainsi dire, les pensées qui l'avaient sillonné de rides, et prit sans doute un parti désespéré. Après avoir jeté un regard perçant sur sa femme et sur sa fille, il tira de sa veste un long poignard, le tendit à sa compagne, et lui dit en italien : - Je vais voir si les Bonaparte se souviennent de nous. Et il marcha d'un pas lent et assuré vers l'entrée du palais, où il fut naturellement arrêté par un soldat de la garde consulaire avec lequel il ne put longtemps discuter. En s'apercevant de l'obstination de l'inconnu, la sentinelle lui présenta sa baïonnette en manière dÂ’ultimatum. Le hasard voulut que l'on vînt en ce moment relever le soldat de sa faction, et le caporal indiqua fort obligeamment à l'étranger l'endroit où se tenait le commandant du poste.

    - Faites savoir à Bonaparte que Bartholoméo di Piombo voudrait lui parler, dit l'Italien au capitaine de service.

    Cet officier eut beau représenter à Bartholoméo qu'on ne voyait pas le premier consul sans lui avoir préalablement demandé par écrit une audience, l'étranger voulut absolument que le militaire allât prévenir Bonaparte. L'officier objecta les lois de la consigne, et refusa formellement d'obtempérer à l'ordre de ce singulier solliciteur. Bartholoméo fronça le sourcil, jeta sur le commandant un regard terrible, et sembla le rendre responsable des malheurs que ce refus pouvait occasionner ; puis, il garda le silence, se croisa fortement les bras sur la poitrine, et alla se placer sous le portique qui sert de communication entre la cour et le jardin des Tuileries. Les gens qui veulent fortement une chose sont presque toujours bien servis par le hasard. Au moment où Bartholoméo di Piombo s'asseyait sur une des bornes qui sont auprès de l'entrée des Tuileries, il arriva une voiture d'où descendit Lucien Bonaparte, alors ministre de l'intérieur.

    - Ah ! Loucian, il est bien heureux pour moi de te rencontrer, s'écria l'étranger.
    Ces mots, prononcés en patois corse, arrêtèrent Lucien au moment où il s'élançait sous la voûte, il regarda son compatriote et le reconnut. Au premier mot que Bartholoméo lui dit à l'oreille, il emmena le Corse avec lui chez Bonaparte.
    […/…]

    Prosper Mériméea donné une image romanesque de la Corse, souvent inspirée plus par ses lectures et son imagination que par la réalité.

    Extrait de Matteo Falcon :

    En sortant de Porto-Vecchio et se dirigeant au nord-ouest, vers l'intérieur de l'île, on voit le terrain s'élever assez rapidement, et après trois heures de marche par des sentiers tortueux, obstrués par de gros quartiers de rocs, et quelquefois coupés par des ravins, on se trouve sur le bord d'un maquis très étendu. Le maquis est la patrie des bergers corses et de quiconque s'est brouillé avec la justice. Il faut savoir que le laboureur corse, pour s'épargner la peine de fumer son champ, met le feu à une certaine étendue de bois : tant pis si la flamme se répand plus loin que besoin n'est ; arrive que pourra; on est sûr d'avoir une bonne récolte en semant sur cette terre fertilisée par les cendres des arbres qu'elle portait. Les épis enlevés, car on laisse la paille, qui donnerait de la peine à recueillir, les racines qui sont restées en terre sans se consumer poussent au printemps suivant des cépées épaisses qui, en peu d'années, parviennent à une hauteur de sept ou huit pieds. C'est cette manière de taillis fourré que l'on nomme maquis. Différentes espèces d'arbres et d'arbrisseaux le composent, mêlés et confondus comme il plaît à Dieu. Ce n'est que la hache à la main que l'homme s'y ouvrirait un passage, et l'on voit des maquis si épais et si touffus que les mouflons eux-mêmes ne peuvent y pénétrer.


    Extrait de Colomba :

    Après trois jours de navigation, on se trouva devant les Sanguinaires, et le magnifique panorama du golfe d'Ajaccio se développa aux yeux de nos voyageurs. C'est avec raison qu'on le compare à la baie de Naples ; et au moment où la goélette entrait dans le port, un maquis en feu, couvrant de fumée la Punta di Girato, rappelait le Vésuve et ajoutait à la ressemblance. (...) On ne voit, autour du golfe d'Ajaccio, que de sombres maquis, et derrière, des montagnes pelées. Pas une villa, pas une habitation. Seulement çà et là, sur les hauteurs autour de la ville, quelques constructions blanches se détachent isolées sur un fond de verdure; ce sont des chapelles funéraires, des tombeaux de famille. Tout, dans ce paysage est d'une beauté grave et triste.

    Avec Alexandre Dumas, nous abordons le sujet de l’hospitalité.

    Extrait des Frères corses

    J'avais visité Corte et Ajaccio, et je parcourais pour le moment la province de Sartène. Ce jour - là, j'allais de Sartène à Sollacaro. LÂ’étape était courte : une dizaine de lieues peut-être, à cause des détours, et d'un contrefort de la chaîne principale qui forme l'épine dorsale de l'île, et qu'il s'agissait de traverser : aussi avais-je pris un guide, de peur de m'égarer dans le maquis. Vers les cinq heures, nous arrivâmes au sommet de la colline qui domine à la fois Olmeto et Sollacaro. Là, nous nous arrêtâmes un instant.

    - Où votre seigneurie désire-t-elle loger ? demande le guide.

    Je jetai les yeux sur le village, dans les rues duquel mon regard pouvait plonger et qui semblait presque désert : quelques femmes seulement apparaissaient rares dans les rues, encore marchaient-elles d'un pas rapide et en regardant autour d'elles. Comme en vertu des règles d'hospitalité établies, j'avais le choix entre les cent ou cent vingt maisons qui composent le village, je cherchai des yeux l'habitation qui semblait m'offrir le plus de chance d'être confortable, et je m'arrêtai à une maison carrée, bâtie en matière de forteresse, avec mâchicoulis en avant des fenêtres et au-dessus de la porte.

    Charles de la Morandière, historien, fut, au début du siècle, un explorateur du Niolu qui présente, selon lui, l'ensemble le plus complet de la Corse physique et morale. En 1933 il lui a consacré un ouvrage empreint d'une grande chaleur...

    Je suis à l'entrée du village, remontant doucement la route qui forme la grande rue de Calacuccia. Sous les platanes, des hommes marchent lentement, qui s'interrompent de parler politique pour me reconnaître et me saluer en souriant. Des mulets vont devant moi de leur pas étroit, faisant sonner leurs clochettes, avec sur le dos des sacs de farine de châtaigne que maintiennent les grosses cordes en poils de chèvre ; des poules picorent dans les ruisseaux, effarouchées brusquement par l'arrivée d'une truie sombre à l'air hargneux ; sur le pas des portes, des femmes tout en noir, accroupies sur leurs talons, tricotent en surveillant des marmots ; des hommes habillés de velours devisent, adossés au mur de la poste, en fumant l'herbe corse dont l'odeur âcre parvient jusqu'à moi ; des brebis descendent avec des bêlements en soulevant un nuage de poussière, précédées d'un jeune berger qui, un gros parapluie en bandoulière, règle la marche du troupeau et porte dans ses bras les derniers-nés des agneaux.

    Enfin, Pierre Bonardi est un écrivain corse disparu. Il a écrit des récits de voyage, des enquêtes, des essais, des livres d'histoire et des romans. Il nous parle des relations sociales et de l'hospitalité corse, dans cet extrait tiré de son livre "L’Ile tragique" paru en 1937.

    « L'étranger sera toujours chez lui, sur le pied du maître, dans la vieille maison corse, à la seule condition qu'il se montre courtois et réservé. L'étranger et même l'ennemi s'il a été forcé d'y chercher un refuge. Les annales sont pleines de traits de ce genre. Le bandit poursuivi par les gendarmes frappe à la porte de la demeure qu'il a vidée, par le plomb, de ses plus fiers habitants. Il est reçu, protégé, caché. La vendetta ne reprend qu'après qu'il a franchi le seuil et gagné le large. L'hôte est sacré. L'hospitalité corse a été chantée même par les pires contempteurs de lÂ’Ile et de sa race. Ces contempteurs-là auraient découvert d'autres vertus à la Corse et aux Corses s'ils avaient su se servir de ces deux clefs d'or : la discrétion et la courtoisie. Les castes, ici, ont toujours été livrées, voire fondues par le danger et la misère. "Les anciens Seigneurs de la Corse étaient bien loin de posséder l'autorité oppressive des anciens barons de la Féodalité, nota M. Valery, bibliothécaire de Charles X, c'étaient des chefs de clan qui commandaient à des égaux et non à des cerfs ».

    Prosper Mérimée a fait la même observation. "Les propriétaires vivent sur leurs terres, au milieu de leurs fermiers et de leurs bergers qu'ils traitent avec beaucoup plus de politesse qu'on ne le fait en France". Le sieur Bellin, ingénieur très distingué de la Marine et collaborateur de l'abbé Prévost, non pour Manon mais pour les Voyages, a sondé les côtes et battu les sentiers de lÂ’Ile en homme honnête et consciencieux. Il a aussi étudié les mœurs et sans indulgence, c'était vers le milieu du XVIIIe siècle, il nota : "Les Corses... exigent des politesses des étrangers et ne tiennent pas au-dessous d'eux de garder leurs bestiaux et de faire d'autres fonctions des plus vils paysans...".

    En somme, une seule aristocratie compte qui tient ni aux parchemins (déchirés ou brûlés), ni aux diplômes, ni aux marques extérieures d'une brillante situation mais à la personnalité elle-même. Or le terroir ne produit pas d'individus neutres, de sorte que tous sont des aristocrates et prétendent à la déférence ou plutôt à la gentillesse de chacun. Je dis bien tous. Quiconque témoigne quelque bonne grâce au chef ou à la patronne n'est pas pour autant dispensé de se montrer agréable à la servante ou à l'employé. Le conducteur de voiture attend le même statut que le directeur des Messageries et la servante de l'auberge veut être traitée comme une demoiselle de famille noble. Et ils y ont droit ou, si l'on préfère, ils acquittent en bonne conscience ce droit par un dévouement sans bornes envers l'inconnu qui n'a joué ni les arrogants ni les fâcheux. Avec la courtoisie, la discrétion est de rigueur. Ne jamais se mêler des affaires d'autrui, telle est la règle que justifie le corollaire : personne n'est prié de prendre parti dans les conflits où son sang, son honneur, ses intérêts ne sont pas engagés.

    On voit comme c'est simple. L'hôte ne connaît que des visages accueillants. Il lui suffit de sourire et de parler de la pluie et du beau temps. Pour ceux qui ont la langue trop vive et une haute idée de leur valeur, qu'ils s'en aillent. Ainsi Ziù Santu est toujours prêt à offrir sa maison, sa table et le vin de sa vigne et le pain de ses épis et les viandes de ses bêtes et, de surcroît, son travail et l'activité de ses familiers. Il ne demandera rien en échange que votre satisfaction. Si après cela vous allez lui dire que la Corse est un réservoir de vauriens, que la vertu de ses nièces est douteuse, voire... que certains de ses neveux ne mènent peut-être pas une existence bien régulière... il vous mettra à la porte sans façon et signalera votre inconduite à tous ses amis, à ses partisans et même aux adversaires, s'ils maintiennent chez eux la tradition.

    Pour ce qui est de l'hospitalité, ce n'est plus une anecdote mais un comprimé d'anecdotes qui me servira à éclairer un coin de ces caractères si complexes. Si vous trouvez chez Ziù Santu quelque objet dont vous vantez la beauté, cet objet vous sera aussitôt offert. C'est très arabe ; c'est très espagnol. Si au lieu d'exprimer votre admiration vous vous portez acheteur, on vous demandera vingt fois la valeur de l'objet. Le visiteur ne saurait se transformer en trafiquant sans trouver aussitôt devant lui un trafiquant bien plus âpre. C'est ligure.

    N'offrez point d'argent pour une hospitalité si large. Un billet de remerciements sera mieux apprécié. Mais si la reconnaissance est un fardeau trop lourd et que vous exigiez une note pour vous en décharger, attendez-vous à la trouver salée. Quoi qu'il en soit, nous possédons désormais les clefs d'or de lÂ’Ile de Beauté. Ni les chèques, ni les galons, ni les broderies, ni les titres ne sauraient les remplacer... au moins tant que Ziù Santu vivra et ceux qui pensent comme lui.

    Bien sûr ces extraits sont d'une autre époque et il n'y a qu'un écrivain corse cité. Nous ne pouvions vous proposer que des textes tombés dans le domaine public. Aujourd'hui, il existe une littérature contemporaine corse ancrée dans le réel. La Corse publie beaucoup et les auteurs corses se sont réappropriés leur île. C'est l'occasion de faire leur connaissance et de les découvrir si ce n'est pas déjà fait.

    Pidone.

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  • salon33

    La 33ème édition du Salon du livre se tiendra du vendredi 22 mars au lundi 25 mars.

    Une visite au Salon du livre est toujours la promesse de découvertes, et de rencontres au Stand de la Collectivité Territoriale Corse.  La littérature roumaine et Barcelone sont les invités d'honneur de cette trente-troisième édition. La littérature corse tiendra sa place au stand T14 . Vous pouvez aller y rencontrer les auteurs corses. La Corse écrit et publie beaucoup dans tous les genres. On y trouve les polars qui sont aussi des romans sociaux ancrés dans la réalité quotidienne des êtres et des lieux.   

    Histoire, patrimoine et langue à travers les livres ces vingt dernières années

     

    16h30 18h00

    Les auteurs insulaires ont su, ces dernières décennies, faire un très bon usage de la documentation souvent inédite repérée depuis peu. Des pans entiers de notre histoire peuvent être ainsi réévaluées ou revisités, certaines périodes bouleversées dans leur approche. L'étude du patrimoine a su lui aussi bénéficier de cet apport de documentation pour s'engager dans des voies plus scientifiques, en apportant d'utiles informations dans tous les (peinture, l’architecture, habitat, archéologie...La langue et la littérature ont elles aussi suscité un fort intérêt.

     

    Salle Nota bene

    La Corse en toutes lettres

     

    18h00 19h30

    Univers protéiforme et fécond qui rassemble aujourd’hui des textes en langue corse et en langue française, la littérature corse tisse sa toile en Méditerranée. Elle reflète de manière métaphorique la société insulaire contemporaine, ses maux et ses espoirs, de la marchandisation des valeurs traditionnelles au partage des cultures. Cette rencontre est une invitation à découvrir ou à redécouvrir la Corse en toutes lettres. Une rencontre organisée par la Collectivité Territoriale de Corse.

    Avec Jérôme Ferrari (Prix Goncourt 2013), Jacques Thiers, Jacques Fusina, Eugène Gherardi et Jean-Guy Talamoni.

     

    Salle Nota bene

    L'édition des régions

    16h30 17h30

    Avec Bernard BIANCARELLI (Albiana),
    Animé par Pierre-Yves GRENU (France Télévision)

    Scène des auteurs

     

    Editeurs présents :

    ACQUANSU (EDITIONS)

    A FIOR DI CARTA EDITIONS

    ALAIN PIAZZOLA EDITIONS

    ALBIANA (EDITIONS)

    ANCRE LATINE EDITIONS

    ANIMA CORSA (EDITIONS)

    AU COIN DE LA RUE (EDITIONS)

    CLEMENTINE (EDITIONS)

    D.C.L. EDITIONS

    EOLIENNES EDITIONS

    KYRNOS PUBLICATIONS

    QUINQUET (EDITIONS LE)

    STAMPERIA SAMMARCELLI

    TERAMO EDITIONS

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  • poussièretemps« Poussières du temps » est un film à voir pour sa dimension historique mais aussi pour l'humanisme et la culture de Theo Angelopoulos.

    A l’âge de 77 ans, Theo Angelopoulos est mort renversé en 2012 par une moto dans les rues du Pyrée. Il tournait son dernier film L'Autre mer, consacré à la crise financière et à la faillite de son pays et de l'Europe. Il devait être le troisième volet d’une trilogie. A l’époque une polémique s’est développée sur la lenteur des secours qui lui aurait été fatale.

    Figure emblématique du "Nouveau Cinéma grec" à partir des années 1970, Angelopoulos a réalisé une quinzaine de films, caractérisés par de longs et silencieux plans sur fond de paysages de son pays et évoquant pour la plupart l'histoire et la société grecques.

    « Poussières du temps » film réalisé par Théo Angelopoulos en 2008, est sorti  le 13 février dernier en France un an après sa mort et plus de cinq ans après sa réalisation. Ce film est  la deuxième partie d'une trilogie, dont Le personnage principal est Eleni, mère d’Angelopoulos., incarnation de l'amour absolu. Elle est entourée des hommes de sa vie, Jacob, et Spyros, le père.  Commencée en 2003 par le film Eléni : La Terre qui pleure, l’œuvre est laissée inachevée par la mort du réalisateur américain d’origine grecque au moment du tournage du troisième volet, L’Autre mer.  « Poussières du temps » est donc le quatorzième et dernier film achevé.« Il s'agit d'une trilogie sur les rêves brisés » expliqua son auteur. On y trouve une réflexion sur l'Histoire, la mémoire et le cinéma.

    Le cinéaste raconte une histoire d’amour qui traverse  la grande Histoire, des années 50 jusqu’à nos jours, en mettant en scène le destin tragique de ses parents et leurs amours contrariés  au temps de la guerre froide. Pour son film, son enquête l’a conduit en Italie, en Allemagne, en Russie, au Canada et aux États-Unis. Il a accompli un voyage à travers le monde du XXème siècle et un travail de Mémoire sur l’Histoire, une élégie sur la destinée humaine et l’absolu de l’amour... que seule vient troubler la Poussière du Temps... « Le temps comme une bobine de fil – de cinéma – que l’on peine à dénouer ; un amas épars d’histoire(s) enclos dans la grande ; l’histoire comme un labyrinthe où se cache, dans chaque coin, le Minotaure de l’invraisemblable… » écrit Adrien Genoudet dans un long article consacré à ce film sur le site Fovea.( cliquer ICI )

    Angelopoulos pousse à une compréhension plus profonde de l'histoire contemporaine. France-culture a consacré une émission à ce film, enregistrée en public le 4 juin 2012 à 21h, dans la Grande Salle du Théâtre de la Ville, à Paris. Vous disposez de  cet enregistrement ci-dessous.

    Pidone

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  • LeprésidentLes années 1960 et surtout 1970 furent prolixes en matière de cinéma politique. On peut citer pour exemples Tempête à Washingtond’Otto Preminger en 1962 et Main basse sur la villede Francesco Rosi en 1963… Personne n’a oublié plus près de nous, Z et L’aveu de Costa Gagras ou bien encore L’homme de marbre de Wajda. Qui se souvient du film « Le président » dans lequel Jean Gabin jouait le rôle d’un Président du conseil sous la Quatrième république qui a duré de 1946 à 1958 ?  Ce film d’Henri Verneuil date de 1961, donc il a été réalisé sous la Cinquième république et la présidence du Général De Gaulle. Le Président est adapté d’un roman de Georges Simenon.  Les dialogues sont de Michel Audiard. Il reste d’une certaine actualité sur les mœurs politiques et les débats sur la communauté européenne, même s’il s’agit d’une fiction et que le film a plus de cinquante ans... Le film dénonce le népotisme et le machiavélisme dans la classe politique face à l’idée d’une certaine éthique du pouvoir. Le réquisitoire de Jean Gabin dans le rôle de Beaufort contre l’affairisme de certains députés contient quelques vérités actuelles sur le petit monde politique. Pour exemple nous avons relevé une réplique adressée à un député de gauche qui déclare qu’il y a des patrons de gauche : «  Je vous reproche simplement de vous être fait élire sur une liste de gauche et de ne soutenir à l’Assemblée que des projets d’inspiration patronale… Il y a aussi des poissons volants qui ne constituent pas la spécificité du genre. » Des poissons volants se disant de gauche, il y en a dans tous les temps. Malheureusement, La société française est devenue une sorte d’étang calme qui absorbe silencieusement, sans réagir, tout ce qui y est jeté.

    C’est un fait qu’à gauche il y a des « poissons volants » qui, en faisant une politique de Droite, feront perdre le pouvoir à la Gauche.

    Pidone.

    Voici une séance à l’Assemblée comme on aimerait en voir une aujourd’hui. Cependant, dans la réalité de l’arène politique, le premier ministre Ayrault n’est pas le Président du Conseil Emile Beaufort joué par Jean Gabin.

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