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Par Manca alternativa le 16 Septembre 2016 à 09:34Ne pas attendre Godot, prendre parti et agirContribution de Clémentine Autain au débat sur les prochaines élections. Nous précisons qu'il s'agit d'une contribution à titre personnel.La séquence de la présidentielle et des législatives de 2017 est désormais ouverte. Nous devons prendre nos responsabilités. La bataille idéologique et politique va être difficile pour notre gauche : comment être absent ou rester l’arme au pied face au bateau ivre gouvernemental et aux droites dures qui menacent les esprits et les urnes ? La situation peut toujours être modifiée par des événements exceptionnels mais, en cette rentrée, les données de l’équation sont sur la table. Et nous sommes loin du tableau de recomposition que nous avions appelé de nos vœux en lançant les Chantiers d’espoir. Les « frondeurs » s’entêtent dans une primaire de toute la gauche, comme si les défenseurs du gouvernement et ses opposants pouvaient se retrouver derrière un même candidat en 2017. Ils prennent le risque de légitimer une candidature de François Hollande ou d’Emmanuel Macron. EELV a choisi de faire cavalier seul en organisant sa propre primaire : ses militants défendront donc leurs couleurs de façon autonome à la présidentielle. La gauche d’alternative ne saurait attendre indéfiniment d’éventuels partenaires pour agir. Or, à neuf mois de la présidentielle, un seul candidat s’est déclaré pour porter le projet de notre gauche de rupture avec le néolibéralisme, le consumérisme, la Ve République, l’austérité… C’est Jean-Luc Mélenchon, qui fut notre candidat en 2012.Nos désaccords avec la démarche et certains partis pris de Jean-Luc Mélenchon sont connus – sur la Syrie, les réfugiés, le Brexit, François Mitterrand, la conception du rassemblement, etc. Son projet n’est pas un copié-collé du nôtre, sinon nous serions dans la même organisation. Je ne propose donc pas de nous rallier aux « Insoumis » mais de contribuer à faire entendre la voix d’une gauche de transformation sociale et écologiste dans cette campagne. Pour cela, comme nous ne proposons pas nous-même de candidat-e, nous devons en soutenir un. Or, quelle personnalité déclarée volontaire pour 2017 représenterait mieux nos idées que Jean-Luc Mélenchon ? Je n’en vois pas. De nombreux ex ministres du gouvernement Hollande/Valls sont aujourd’hui candidats, déclarés ou putatifs. Mais comment pourraient-ils mieux nous représenter ? Il eut fallu qu’ils produisent des actes de rupture et qu’un rassemblement inédit émerge : rien de tout cela ne se produit. Nous devons donc regarder en face la réalité de cette présidentielle qui s’annonce. Peut-être aurions-nous pu faire émerger une autre candidature de rassemblement mais nous ne l’avons pas fait. Il nous faut maintenant éviter une situation d’éclatement : Mélenchon, fort aujourd’hui de plus de 10% des intentions de vote, ne se retirera pas et il serait catastrophique que notre espace politique, celui du Front de Gauche, compte plusieurs candidats – nous avons vu le résultat calamiteux en 2007 de ce type d’atomisation.A l’oral ou par des contributions, j’entends défendue ici et là l’idée selon laquelle nous aurions le temps, que nous finirons bien par soutenir Mélenchon mais qu’il ne sert à rien de nous presser. Cette hypothèse pose au moins deux graves problèmes. En attendant, nous défendons une ligne politique qui n’a aucune réalité pratique. Défendre une orientation qui est dans les faits inapplicables conduit à la langue de bois. Cela nous fragilise, nous délégitime tant nous apparaissons hors sol. Je partage l’idée qu’il faut continuer à défendre notre propre ligne. Mais soutenir Jean-Luc Mélenchon pour 2017 n’empêche en rien de continuer à dire notre horizon et à défendre nos partis pris en termes de méthodes et de contenus. Par ailleurs, face à nos adversaires de droite et au regard du brouillage infernal des lignes de fractures politiques à gauche, nous devons répondre présent vis-à-vis du grand nombre. La candidature de Jean-Luc Mélenchon a des inconvénients politiques mais un atout majeur : il trace le sillon d’une gauche en rupture avec trente ans de politiques néolibérales et productivistes. Pour ma part, je veux clairement m’arrimer à ce fil politique. Il n’est pas question de tripatouiller des alliances de courte vue pour en revenir aux promesses de François Hollande ou à la gauche plurielle mais de rester fidèle au projet de construction d’une alternative ancrée dans la gauche critique, porteuse d’une nouvelle espérance sociale et écologiste.Ne pas choisir aujourd’hui, c’est prendre le risque de la confusion et de l’inutilité. C’est aussi laisser Jean-Luc Mélenchon tracer sa route sur les seules intuitions et convictions de sa mouvance politique. Nous devons faire irruption, sur nos propres bases politiques, en bataillant pour la construction d’un cadre commun de campagne. L’appel « front commun » montre que nous ne serions pas les seuls à viser cette démarche. Notre tache est dans le même temps de préparer sérieusement les élections législatives, décisives pour affronter la séquence qui s’ouvrira après les échéances électorales de 2017. Si nous voulons peser sur la recomposition politique, nous devons être dans la vie politique. C’est pourquoi nous ne devons pas attendre Godot mais prendre parti et agir, au service d’une gauche franche.
Clémentine Autain
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Par Manca alternativa le 5 Septembre 2016 à 09:53
Contribution au débat dans le Front de Gauche sur la candidature à la présidentielle
La situation est grave. Certes tout est possible dans ce monde en décomposition, le meilleur comme le pire. Mais le pire semble pour l’instant avoir plus de raison de gagner. La politique du gouvernement désespère le peuple, droitise le débat public, faisant perdre tous les repères à la gauche mais à aussi à une droite qui fait la course avec l’extrême droite.Il n’y a plus d’aventure humaine vers un monde meilleur. C’est le retour des boucs émissaires, des haines et des peurs qui justifient tous les abandons, tous les reculs, toutes les haines de l’autres qui se transforment en haine de soi. Le ventre est fécond de la bête immonde. L’heure est au combat politique pour éviter l’inhumanité. mais tout est possible, même le meilleur aussi! Il faut aider le peuple a prendre conscience qu’il est peuple et puissant. Il peut renverser la table.
Ainsi se présentent les prochaines élections présidentielles. Avant de donner ma signature pour une candidature, je respecterai, même si je les trouve tardifs, les délais décidés par la direction du PCF pour le mois de novembre pour s’engager autour d’une candidature.
Mais face aux enjeux, le débat doit se développer car nous ne pouvons pas participer du mouvement social sans parler des débouchés politiques, ni jouer à saute mouton sur la présidentielle pour préparer les législatives. Nous ne pouvons laisser l’inhumanité marquer des points. Je me permets donc de donner mon avis à ce jour en espérant contribuer aux réflexions.
Je crains que nous, nous communistes et membres du Front de gauche, rendions inévitable l’évitable si nous ne mesurons pas la hauteur des enjeux politiques auxquels nous sommes confrontés. La digue républicaine ne pourra pas durablement être rehaussée après chaque élection, chaque déception, pour éviter le fascisme. Nous ne pouvons pas contourner le problème une énième fois : soit nous devenons une alternative politique, soit nous aurons à affronter le fascisme au pouvoir à court ou moyen terme ! Il n’y a plus la place à de demies mesures.
Notre engagement doit faire gagner des idées et le peuple ou au pire donner le maximum de force au peuple et à des idées plaçant l’être humain d’abord. Nous avons pour mission de refaire briller l’idée, l’espoir, la dynamique d’une alternative politique au capitalisme destructeur d’humanité et de la nature. Si les élections ne sont pas le seul moment pour ce combat, elles en sont un moment important à ne pas rater. Elles peuvent bouleverser des donnes ou les conforter.
Pour cela, je dégage trois enjeux pour la campagne des élections présidentielles :
- rassembler au maximum les forces anticapitalistes, les forces pour une alternative sociale et écologique pour créer un rapport de force à gauche favorable aux forces de transformations sociales pour sortir du tripartisme mortifère droite/PS/FN. Créons ainsi les conditions pour gagner !
- rassembler le peuple en lui donnant conscience de soi, en lui permettant d’exprimer sa dignité, sa fierté, face à un système et des forces politiques qui l’humilient en permanence. Il s’agit pour cela de refuser toute notion de gouvernance. Faisons une politique qui expose les différences d’intérêts dans notre société et notre monde, celle qui permet de dire et trancher les conflits, celle qui met le peuple en mouvement et en action pour définir et construire les biens communs.
- rassembler autour de propositions de rupture avec le système capitaliste. Des propositions qui refassent rêver, qui enthousiasment, qui parlent avenir pour nos enfants et nos petits enfants. Un mode de développement humain, respectueux des êtres humains et de la nature, qui partage les richesses, redonne le temps de vivre et respecte notre environnement, réinvente la fraternité universelle et la production de communs.
Pour porter ce combat avec nous, je pense que le meilleur des candidats est Jean-Luc Mélenchon. Je ne suis pas d’accord avec lui sur tout (mais avec qui serai-je d’accord sur tout ?). Je suis même en désaccord avec son recentrage sur sa personne par la création de son mouvement « insoumis 2017 ». Il faut aussi qu’il corrige ses interventions sur les manœuvres en cours autour de la religion mulsulmane. Mais je refuse de prendre le risque de diviser « la gauche de la gauche », la « vraie gauche » en rajoutant un ou une candidate. Je refuse de faire passer en pertes et profits l’expérience du Front de gauche. Je refuse cette idée absurde de primaire de la gauche avec ou sans les libéraux du gouvernement. Je suis pour faire de la politique dans la situation telle qu’elle est et non pas telle que je la rêverai.
Des camarades craignent que Jean-Luc Mélenchon « nous fasse un petit dans le dos ». En effet, comme nous, il peut être imprégné de l’esprit de boutique et préparer l’après présidentielle. Raison de plus pour être offensif en affrontant la situation telle qu’elle est. Avec les autres composantes du Front de Gauche, nous devons porter sa candidature à la présidentielle, la faire notre, celle du Front de Gauche, celle de nos organisations, celle de citoyen-nes engagé-es. Cela n’étonnera personne car pour la majorité de nos concitoyens, Jean-Luc Mélenchon est repéré comme un leader du Front de Gauche, avant même d’être repéré « Parti de Gauche » ou « Insoumis ». Il a été notre candidat en 2012. Faire campagne autour de Jean-Luc Mélenchon avec nos logos associés à celui du Front de Gauche, c’est le meilleur moyen de mettre en échec sa volonté de torpiller l’expérience Front de gauche au profit de sa nouvelle boutique « Insoumis2017 ». Nous continuerons ainsi à capitaliser ce que nous avons commencé à construire avec difficulté, et qui commence à être repéré : le Front de Gauche.
Que chacune et chacun portent ses propositions pour le changement. Nous aborderons cette campagne en positif, en construction d’une alternative sociale et écologique. Les communistes et les autres composantes du Front de Gauche, notamment mes amis d’Ensemble, gagneront en écoute par leur capacité à rassembler, unir, construire dans la durée, un mouvement, une force politique alternative au libéralisme, au social libéralisme et au risque fasciste.
Jean-Luc Mélenchon a des qualités qu’il a déjà su mettre au service de l’alternative politique. Rappelons-nous des dernières élections présidentielles. Il a été bon, très bon. Il a su nous faire vibrer, donner du sens, remettre l’humain et l’enjeu écologique dans le débat politique. Il a le sens de la formule, pas toujours appréciée certes, mais qui fait exister tout en faisant réfléchir. Il m’a rendu fier de mon camp, le temps d’une élection. Fier de cette capacité à parler du peuple avec dignité, à mettre de l’intelligence dans la révolte, de la passion dans le propos. Les salariés, la jeunesse, les « sans », ont besoins de ces qualités pour se retrouver, se ressembler, reprendre confiance en eux-mêmes, en leur capacité à peser, à faire de la politique et gagner.
Les conditions politiques ne seront pas les mêmes pour le deuxième tour, comme après les élections si notre camp est devant les sociaux libéraux, si nous avons un résultat à deux chiffres, si … nous rendons envisageable de gagner !
Forts de l’expérience des dernières législatives, nous saurons aussi peut-être tirer les leçons de nos échecs pour cette fois ci savoir capitaliser les résultats des présidentielles. Je ne vois pas, à ce jour, de meilleure candidature que celle de Jean-Luc Mélenchon, portée par le Front de gauche pour ouvrir une perspective révolutionnaire dans notre pays. Je perçois aussi l’urgence de s’engager dans le débat, dans le combat politique des présidentielles.
Patrice Leclerc
Maire de Gennevilliers
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Par Manca alternativa le 1 Septembre 2016 à 11:48
Une logique de dumping social
Déclaration commune CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, FIDL
La loi Travail n'est pas bonne pour les salarié-e-s et les jeunes. Elle ne le sera pas non plus pour l'économie du pays. Alors que le chômage et la précarité augmentent, en affaiblissant les conventions collectives au profit des accords d'entreprise, cette loi accroît la concurrence entre les entreprises poussant à l'alignement sur le « moins offrant » pour les salariés. Cette logique de dumping social va engendrer davantage de flexibilité et de précarité et remettre en cause nombre d'acquis sociaux.
Cette loi contrevient aux conventions 87, 98 et 158 de l’Organisation Internationale du Travail relatives à la négociation collective, aux libertés syndicales et aux licenciements.
Les organisations syndicales étudient tous les recours et moyens juridiques possibles pour s’opposer à la mise en œuvre de la loi Travail.
L'emploi, les salaires et les conditions de travail restent des préoccupations majeures pour les citoyen-ne-s.
Le chômage et la précarité sont des fléaux pour notre pays. Les créations d'emplois, dans le privé comme dans le public, sont pourtant nécessaires pour répondre aux besoins de toute la société. La stabilité et la qualité des emplois sont non seulement gage de progrès social et de qualité de vie pour les salarié-e-s et les jeunes, mais sont aussi un facteur essentiel de création d'emplois. La loi Travail tourne le dos à cet enjeu ! Tous les pays qui ont fait l’expérience d’une telle réforme du droit du travail (Italie, Espagne, Portugal, Grèce, Allemagne) en mesurent aujourd'hui les conséquences néfastes.
Affaiblir le code du travail, c'est affaiblir les droits de tous les salarié-e-s !
Il est clair qu'à terme la fonction publique sera aussi concernée car nombre de règles statutaires relève de la transposition de dispositions du code du travail (dialogue social, respect de la hiérarchie des normes et des droits collectifs, temps de travail, etc.).
C'est pourquoi nos organisations continueront à mener tous les débats nécessaires avec les salarié-e-s et les jeunes pour, à l'inverse de cette loi, promouvoir d'autres propositions, obtenir son abrogation et gagner de nouveaux droits pour toutes et tous.
Pendant l'été, de nombreuses initiatives locales se sont développées et la carte postale au Président de la République a été largement utilisée. Comme nous l'avons écrit au Président de la République, «on se retrouve à la rentrée...», notamment sur les meetings et débats unitaires déjà programmés.
Les organisations dénoncent les faits de répression dont sont aujourd'hui victimes des militant-e-s syndicaux-ales, des jeunes, des salarié-e-s et des agents publics.
Les organisations syndicales de salarié-e-s et de jeunesse CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL, FIDL appellent les salarié-e-s, privé-e-s d'emploi, étudiant-e-s, lycéen-ne-s, retraité-e-s à se mobiliser massivement pour réussir la journée d'actions du 15 septembre contre la loi Travail, selon des modalités décidées localement (rassemblements, manifestations, grèves, etc…), pour obtenir l'abrogation de cette loi et conquérir de nouvelles garanties et protections collectives.
Les Lilas, le 31 août 2016
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Par Manca alternativa le 30 Août 2016 à 17:03
Pour une écologie populaire
Ce texte de synthèse a pour but de faire le point sur la perspective écologique au sein de la gauche de transformation sociale, à partir de la situation française actuelle, notamment pour les élections présidentielles et législatives prévues dans le premier semestre 2017.
La nature est un champ de bataille
Les ressources naturelles fondamentales, nécessaires à la vie des sociétés humaines sur notre planète, ont depuis longtemps été l’enjeu de luttes féroces dans les sociétés humaines : conflits pour l’accès à l’eau potable, aux sols les plus fertiles, aux minerais les plus utiles, aux espaces naturels les plus riches en biodiversité, aux sources d’énergie les plus efficaces.
L’actualité récente dans notre pays illustre le fait que la nature est un champ de bataille entre forces sociales : conflits pour l’eau autour du projet de barrage de Sivens (Occitanie), où les patrons de l’agro-business du maïs veulent s’approprier la ressource contre les paysans travailleurs et tous ceux qui veulent préserver la ressource et diversifier ses usages au profit du plus grand nombre ; conflits pour les sols autour de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Grand Ouest), où les lobbies du béton, de l’aviation avec les milieux d’affaires veulent exproprier des agriculteurs et imposent à la population de la région son mode de vie anti-écologique, émetteur de gaz à effet de serre qui détruisent notre climat ; conflits pour le littoral, autour des boues rouges de Gardanne (Provence), où un industriel se permet de détruire un littoral fragile et très recherché pour des intérêts à court terme afin de produire des cannettes d’aluminium ; conflits partout en France pour l’énergie autour des centrales nucléaires, où les nucléocrates veulent faire durer leurs vieilles centrales au risque de détruire des régions entières et imposent de construire des prototypes inutiles (ITER, …) aux frais des contribuables au lieu de se convertir à une transition énergétique soutenable pour notre environnement.
Les mouvements sociaux populaires de défense de l’environnement aujourd’hui
Notre époque est celle où l’humanité est capable de détruire plusieurs fois la vie humaine sur notre planète avec les armes nucléaires. C’est celle où le capitalisme surexploite les ressources naturelles au point de ne pas les laisser se renouveler naturellement ou des les épuiser irréversiblement. Celle où nos villes, nos campagnes, nos espaces naturels subissent une multiplicité de pollutions : pollutions locales par les engrais et les pesticides, mais aussi par les émissions de particules fines des moteurs diesel ; pollutions régionales de l’air par les pics d’ozone en été et de dioxydes d’azote en hiver, du fait du tout automobile et du tout camion dans les transports ; pollutions globales par les émissions de gaz à effet de serre générées par le mode de vie capitaliste des pays les plus développés économiquement qui détruisent rapidement notre climat, générant des centaines de millions de réfugiés climatiques, submergeant les littoraux, déplaçant vers le nord les maladies tropicales et détruisant les espèces naturelles qui n’ont pas le temps de s’adapter.
Mais c’est aussi celle où de nouveaux mouvements sociaux populaires de protection de notre environnement naturel, base de la vie des sociétés humaines, se sont développés : mouvements pour la paix contre les armes nucléaires ; mouvements anti-nucléaire civil ; mouvements de défense de notre patrimoine naturel contre les prédateurs capitalistes et leurs valets de la bourgeoisie d’Etat, planqués dans les ministères et la haute administration.
Ces mouvements sociaux populaires de défense de notre patrimoine naturel sont multiples, comme sont multiples leurs terrains d’actions, du plus local au plus global. Ils sont divers par leurs objets : eau, air, sols, sous-sols, ressources énergétiques, biodiversité, grands écosystèmes, climat, qui sont des ressources naturelles critiques, indispensables à la vie de nos sociétés.
Mais ils se développent et, contrairement aux discours moralisateurs individuels ou faussement consensuels du capitalisme vert, ils s’attaquent de plus en plus aux vrais responsables : les patrons du capitalisme privé et du capitalisme d’Etat, qui imposent pour leurs profits de grands projets inutiles tout en refusant la généralisation d’un mode de vie écologique pour toutes et tous.
Ces mouvements demandent à la fois l’écologie et la justice, la justice environnementale. Car ce sont les classes populaires, les peuples dominés qui subissent le plus les conséquences de la destruction de notre patrimoine naturel commun, tandis que les classes aisées espèrent, pendant un certain temps, se réfugier dans leurs résidences fermées et leurs îlots de prospérité saine.
La nécessité d’une convergence sociale majoritaire d’écologie populaire
Ces mouvements sociaux renouvellent les anciennes perspectives de la lutte des classes entre travailleurs et patrons. Car ils intègrent, au delà des travailleurs des entreprises, des habitants, simples citoyens défendant leur droit à un environnement naturel sain pour eux et leurs enfants, dans une perspective de plus longue durée : celle de leur génération et des générations futures. Socialement ces mouvements sociaux populaires de défense de notre patrimoine naturel commun regroupent d’abord des classes moyennes fortement éduquées, mais aussi des précaires, des salariés retraités, des jeunes non encore insérés dans le travail, des femmes qui accomplissent principalement des tâches domestiques.
La mobilisation des travailleurs dans leurs syndicats, qui, selon leur branche professionnelle, leurs métiers, doivent s’approprier les questions écologiques et les lier à leurs revendications, ne suffit pas. Il faut voir plus grand, plus large. Il faut organiser, comme cela s’est fait en novembre-décembre 2015, au moment de la 21e Conférence des Parties sur le Climat (COP 21), une convergence populaire majoritaire des travailleurs, des classes moyennes salariées, des habitantes et habitants, des jeunes, des peuples dominés pour la protection de notre patrimoine naturel commun contre les prédateurs du capitalisme néo-libéral financier et globalisé et leurs valets dans les administrations et les gouvernements. C’est-à-dire une vaste convergence d’écologie populaire, majoritaire socialement mais aussi visant l’hégémonie dans l’opinion publique, contre les chiens de garde du capitalisme, en particulier les médias aux mains des bétonneurs, des marchands d’armes, et des pollueurs en tous genres. C’est la force de ce mouvement collectif, divers en organisations, mais rassemblé sur des objectifs communs, qui peut renverser les rapports de forces sur les questions écologiques, imposer aux institutions politiques des changements et des avancées et contrôler l’application des décisions prises.
Les propositions immédiates d’une écologie populaire
A l’échelle nationale, les défenseurs d’une écologie populaire, correspondant aux intérêts du plus grand nombre, conformément aux principes de la démocratie, doivent mettre en avant, à la fois dans les luttes et s’ils participent à un gouvernement de changement écologique et social les propositions immédiates suivantes suivant cinq axes fondamentaux :
Organiser la transition énergétique des énergies fossiles aux énergies renouvelables :
- Sortie programmée du nucléaire
- Développement d’une électricité 100 % renouvelable selon le scénario de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie)
- Augmentation de l’efficacité énergétique dans les bâtiments, les transports, l’industrie et l’agriculture.
- Développer une alimentation saine et une agriculture paysanne
- Interdiction des OGM (Organismes Génétiquement Modifiés dans nos assiettes)
- Développement de la filière agricole biologique avec menus bio dans les cantines
- Soutien à une agriculture paysanne et familiale et non à l’agro-business capitaliste
- Soutien aux circuits courts de distribution
Réduire fortement la pollution industrielle
- Arrêt de la construction d’incinérateurs des déchets
- Dépollution des sols et sous-sols
- Généralisation du tri, du recyclage, de la réparation de produits durables
- Informations transparentes par des associations indépendantes sur la pollution des ressources naturelles critiques
- Supprimer l’invasion publicitaire marchande de nos espaces publics
Préserver nos ressources naturelles critiques comme biens communs
- Gestion publique et démocratique de l’eau douce
- Interdiction de la brevetabilité du vivant
- Arrêter l’extraction de combustibles fossiles, interdiction de l’exploitation du gaz de schiste pour préserver sols et sous-sols
- Développement des parcs naturels, réserves de biodiversité et des trames vertes et bleues, espaces publics faisant le lien entre espaces naturels, espaces ruraux et espaces urbains
Organiser un urbanisme écologique et convivial, à taille humaine
- Arrêt de la construction de tours énergivores et inhumaines
- Réorganisation des logements sociaux des grands ensembles pour améliorer leur confort
- Développement des transports actifs comme la marche et le vélo en ville
- Mises en place de quartiers accessibles à pied pour toutes et tous
- Maillage des villes par des transports collectifs de voyageurs peu polluants et peu énergivores : bus électriques, tramways, métros, trains…
- Réorganisation de la logistique en favorisant le rail et la voie d’eau et les véhicules électriques en centre ville
La perspective éco-socialiste démocratique
Ces mesures s’inscrivent dans une perspective d’ensemble, à l’échelle nationale et internationale : celle d’un écosocialisme démocratique.
L’écosocialisme conserve les objectifs émancipateurs pour les travailleurs et tous les dominés du socialisme première version, qui s’est formé au XIXe siècle contre l’industrialisation capitaliste et impérialiste des grandes puissances européennes puis étatsunienne. Mais il rejette les structures productivistes du capitalisme d’Etat bureaucratique ou « socialisme d’Etat » de l’ex-URSS et de ses satellites de l’Est de l’Europe ou de la Chine maoïste.
Il propose de mettre en place une économie écologique libératrice : écologique, car tenant compte des limites écologiques de notre planète, pour préserver notre patrimoine naturel commun, tout en satisfaisant les besoins fondamentaux de toutes et de tous ; libératrice, car permettant dans le cadre d’une démocratie généralisée, de développer nos capacités libres et égales d’agir, individuelles comme collectives, en particulier dans le domaine culturel, en utilisant à plein les potentialités communes des innovations liées à Internet.
Il permet de penser le développement local, régional, national, européen, international dans un cadre juste et démocratique, libre et égalitaire et d’étendre progressivement cette conception des sociétés humaines, en l’adaptant aux contextes géopolitiques de chaque pays. Notre conception écosocialiste démocratique participe donc du mouvement altermondialiste : le monde n’est pas une marchandise ! Un autre monde, écologique, solidaire, démocratique est nécessaire et possible !
Jacques Stambouli, socio-économiste,
« Ensemble Insoumis » (Marseille)
Eléments de bibliographie sommaire
Attac (2013), Petit manuel de la transition, Les Liens qui libèrent, Paris
Clerc Denis et alii (2008), Pour un nouvel urbanisme, La ville au cœur du développement durable, ADELS, Paris
Farbiaz, Patrick (2016), Nuit Debout, Les Textes, Les petits matins, Paris.
Keucheyan, Razmig (2014), La nature est un champ de bataille, Zones, la Découverte, Paris
Löwy Michael (2011), Ecosocialisme, Mille et Une nuits, Paris,
Mélenchon, Jean-Luc (2016), L’ère du peuple, Nouvelle Edition Revue et augmentée, Pluriel, Paris
Olivier Petit et alii (2016), Une économie écologique est-elle possible ? L’Economie politique n°69. Editions Alternatives Economiques, Quétigny.
Stambouli, Jacques (2016), Pour une économie écologique libératrice, à paraître.
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Par Manca alternativa le 25 Août 2016 à 17:41
La terra trema in Italia
La terre a tremblé et tremble encore dans les Apennins. Arquata, Accumoli Amatrice, Pescara del Tronto et bien d'autres villages du Latium, de l'Ombrie et des Marches ont payé le prix fort. Ils ont été littéralement rayés de la carte.Un patrimoine historique prestigieux a été anéanti. On compte déjà plus de 250 morts et des centaines de blessés. La liste risque de s'allonger. Des dizaines de personnes ont disparu. Les heures qui passent font craindre le pire.
Manca alternativa tient à présenter ses condoléances à toutes les familles frappées par ce terrible drame et à apporter toute sa sympathie et sa solidarité à nos cousins italiens.
Un drone survole Pescara del Tronto.
On peut envoyer des dons
sur le compte de Sinistra Italiana: IBAN IT 47 J 0832703221000000004649
Causale: contributo protezione civile terremoto
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Par Manca alternativa le 24 Août 2016 à 10:36
La gauche, explosion ou recomposition ?
Les Présidentielles, c'est dans huit mois. Déjà les candidatures directes, ou dans le cas de primaires, à droite comme à gauche, fleurissent quotidiennement. Même celle, très inattendue, de Nicolas Sarkozy. Ces élections vont se dérouler dans un contexte de crise profonde, aggravée après de cinq années de politique d'austérité et de régression sociale menée par François Hollande et ses différents gouvernements. Il est prévisible que ces élections tourneront pour l'essentiel autour des problèmes sécuritaires et de l'immigration. Problèmes honteusement exploités par la droite et le Front national. Dans ce contexte où en est la gauche, la vraie gauche? La question est de savoir si elle va exploser ou se recomposer ?
L'historien Roger Martelli nous livre sa réflexion qui présente un grand intérêt. Cette réflexion est parue dans la revue Regards le 23 août 2016.
"Les derniers jours ont vu s’allonger la liste des candidats pour 2017. Le hollandisme n’est pas florissant. Mais ses opposants se dispersent. Décryptage d’une désagrégation, et des choix que la présidentielle impose de faire à gauche.
Après Jean-Luc Mélenchon, Marie-Noëlle Lienemann, Gérard Filoche, Philippe Poutou, Nathalie Arthaud, voilà que Cécile Duflot, Benoît Hamon et Arnaud Montebourg sont en lice pour 2017. Pendant ce temps, le PCF hésite, la primaire citoyenne de toute la gauche (ou de la gauche de gauche) s’est enlisée, et une part de la gauche radicale se met à penser que l’abstention est la seule solution pour "pirater" 2017. Onze ans après la victoire du "non" au référendum sur le Traité constitutionnel européen et quatre ans après la percée de Jean-Luc Mélenchon à la précédente présidentielle, la gauche de gauche est dans le brouillard.
Duflot et l’incertitude écologiste
La candidature de Cécile Duflot est la conséquence immédiate d’un échec prématuré, celui de la candidature salvatrice de Nicolas Hulot. Le "monsieur transcourant" par excellence s’étant retiré, EE-LV étant au bord du gouffre, il ne reste plus aux amis de Duflot que de s’engager dans une nouvelle tentative en solo, sous la bannière EE-LV. Cécile Duflot a pour elle d’avoir dirigé son organisation pendant une période exceptionnellement longue (2006-2012), d’avoir acquis une stature nationale en participant au gouvernement Ayrault et de s’être dégagée de la logique gouvernementale avant nombre de ses concurrents à gauche. Elle considère que sa force est d’être un point d’équilibre au sein d’une organisation désorientée par les départs multiples, essentiellement venus de sa "droite" (Jean-Vincent Placé, François de Rugy, Emmanuelle Cosse). Elle peut aussi escompter sur sa singularité en temps de discours martial et sécuritaire. Elle sera sans doute une des très rares à contester cette logique guerrière.
Cette candidature est, en même temps, à haut risque. L’image des Verts s’est considérablement dégradée dans la dernière période, alors même que la thématique écologiste se généralise dans l’ensemble du paysage politique à gauche. En outre, l’élection présidentielle n’est pas la plus favorable aux écologistes. Les précédentes consultations, avec Dominique Voynet en 2007 et Eva Joly en 2012, ont été calamiteuses – seul Noël Mamère ayant su tirer son épingle du jeu lors de l’atypique élection de 2002 (5,25%).
De façon plus générale, les écologistes ne sont pas sortis de l’incertitude quasi originelle qui est la leur. Depuis le début des années 1990, quand ils décident avec Dominique Voynet de s’ancrer à gauche, les Verts oscillent entre deux tentations : être la relève d’une social-démocratie engagée dans une difficile mutation, ce qui peut les pousser aux lisières du "social-libéralisme" ou de l’esprit "libéral-libertaire" ; pousser le plus loin possible la logique de l’antiproductivisme et du libéralisme sociétal, ce qui tourne l’écologie politique plutôt du côté de la gauche "radicale".
Force est de constater que les deux dernières années, de participation gouvernementale en crise interne, n’ont pas clarifié le positionnement d’une organisation de plus en plus éclatée. La marge de manœuvre écologiste risque donc d’être bien étroite, dans le contexte d’une offre politique déjà surchargée. Cécile Duflot fait le pari d’articuler la demande sociale, le paradigme écologiste et l’exigence éthique et "sociétale". Elle aura du mal à rassembler sur ces trois terrains à la fois.
Hamon et la relance social-démocrate
L’engagement de Benoît Hamon est d’une autre nature. Il se place ouvertement dans une logique interne à la famille socialiste. Hollande et Valls ont choisi d’engager le PS dans une voie prolongeant l’expérience du "social-libéralisme" britannique, allemand, espagnol et italien. Ils rompent ainsi brutalement avec l’histoire de la social-démocratie européenne du XXe siècle. Comme c’est le cas partout en Europe, cette option déchire des partis socialistes plongés dans une violente crise doctrinale et organisationnelle.
Le pari de Benoît Hamon est donc double. À court terme, il espère fédérer l’opposition socialiste au couple Hollande-Valls, obtenir un sursaut militant, battre le futur candidat de l’exécutif à la primaire et, sur cette base, agréger dès le premier tour une partie de la gauche de gauche, y compris dans l’électorat communiste. À plus long terme, il tourne les yeux vers l’expérience britannique. L’exercice du pouvoir, à suivre cet exemple, favorise conjoncturellement une option sociale-libérale jugée plus réaliste, ce qui joue plutôt en faveur du président sortant. En revanche, le retour à l’opposition peut provoquer un sursaut à gauche, comme celui qui a porté Jeremy Corbyn au pouvoir au Royaume-Uni. Or, même si l’exécutif au pouvoir gagne la bataille des primaires, le plus vraisemblable est que la droite radicalisée l’emportera en 2017. Auquel cas, Hamon se présente d’ores et déjà comme une relève possible, un chef de file crédible pour la future gauche d’opposition.
Sur le papier, le calcul du responsable socialiste n’est pas absurde. Il se heurte pourtant à une triple difficulté. Il lui faut en premier lieu convaincre la totalité de l’opposition socialiste de gauche qu’il a l’étoffe et le charisme suffisants pour rassembler la famille socialiste. Par ailleurs, son parcours erratique, de l’entrée dans le gouvernement Valls jusqu’à son départ non désiré ni maitrisé, fait douter de la solidité de sa détermination. Enfin, de façon plus générale, il n’est pas sûr qu’un retour vers une logique social-démocrate traditionnelle soit pertinente et attractive, notamment face à la radicalisation d’une droite aiguillonnée par un Front national en expansion. Au fond, l’option prônée par la gauche du PS ne se distingue guère des formules prudentes du Lionel Jospin de 1997 (« l’économie de marché oui, la société de marché non »). Or ce modèle de gestion, entre 1997 et 2002, a coïncidé avec la plus cuisante défaite du socialisme et la plus forte poussée du Front national.
Montebourg, la tentation attrape-tout
Reste le dernier candidat en lice, le tonitruant Arnaud Montebourg. Il a soigneusement mis en scène sa candidature depuis quelques mois. Il a peaufiné l’image d’un homme dynamique, sans complexe mais assagi, capable d’endosser le costume présidentiel. Il marie l’industrialisme "colbertiste" classique et la vigueur de la "démondialisation", il se dit socialiste mais « pas seulement », fait un clin d’œil au gaullisme historique, cajole un communisme encore sensible au discours national sans aller jusqu’aux thématiques de rupture avec l’Union européenne. En bref, il ne dit pas, comme le Chevènement de 2007, qu’il est au-delà du clivage gauche-droite, mais…
Dans un contexte de délitement des repères fondamentaux, à gauche comme à droite, Montebourg ne manque pas d’atouts lui non plus. Il n’en reste pas moins que l’homme de la "démondialisation" et de la "VIe République" est aussi celui qui a fait le choix de Ségolène Royal dès 2006, qui a soutenu François Hollande contre Martine Aubry au second tour de la primaire socialiste de 2011 et qui a tout fait pour que Valls prenne la tête du gouvernement en remplacement de Jean-Marc Ayrault. Quant au programme qu’il a présenté à Frangy, s’il énonce ponctuellement des mesures parfaitement acceptables à gauche, il offre une logique globale incertaine. Sur le fond, rien ne le distingue des logiques socialistes antérieures, qui promettent beaucoup, mais sans toucher sur le fond aux logiques lourdes qui structurent notre temps. À quoi bon annoncer un renforcement de l’action étatique, si l’on ne s’attaque pas aux mécanismes financiers structurels qui ont accompagné la mondialisation libérale et précipité le déclin de l’État providence ? Une nouvelle fois, autant de promesses qui n’engageront que ceux qui les croiront.
Pour tout dire, Montebourg contourne les exigences de toute une période historique, qui ne se limite pas aux quatre années de gestion "hollandaise" du pouvoir. De façon générale, l’industrialisme est incompatible avec la nécessité de repenser en profondeur les modes de production, en privilégiant la notion d’utilité sociale, de sobriété, de durabilité. Le colbertisme ne tient pas compte de ce qu’il ne suffit plus de vanter le rôle de l’État, et qu’il faut redéfinir le sens du public autour des notions d’autonomie, de participation des usagers et des agents du service public, en bref qu’il faut dégager l’espace public de l’étatisme. Le keynésianisme, lui, ignore la nécessité de redéfinir les modalités de création de la richesse et la place du système financier. Quant au nationalisme du discours, il sous-estime la nécessité de penser de façon nouvelle les rapports entre tous les territoires du local au mondial, ce qui suppose de libérer tous les territoires sans exception de la double tutelle de la concurrence de la gouvernance.
En bref, la logique d’une candidature "attrape-tout" ne peut être aujourd’hui celle qui donne corps à une gauche déboussolée par plusieurs décennies de reculs socialistes, qu’Arnaud Montebourg a patiemment accompagnés jusqu’à une période toute récente. Le miroir aux alouettes est toujours tentant ; plus que jamais, il est lourd de périls redoutables. Une pincée de Jaurès, une louche de Chevènement dernière manière et les aromates de la "Gauche populaire" : cela ne fait pas le compte…
À gauche toute
Revoilà donc la gauche de gauche placée devant quelques inconnues. Au nom du rassemblement de "toute la gauche", elle peut se trouver une fois de plus à la remorque de variantes sociales-démocrates incertaines, sources de désastres futurs, à court ou à long terme. Pour l’instant, le PCF n’a pas donné le signe qu’il écartait cette option. S’il ne le faisait pas, il porterait un coup meurtrier à la tradition communiste et à l’esprit de gauche conséquent. Il n’en tirerait aucun bénéfice électoral immédiat, notamment à l’occasion des périlleuses législatives de 2017. Et il contredirait toute possibilité, pour la culture communiste, de s’insérer dans la recomposition ambitieuse d’une gauche retrouvant majoritairement le sens de la rupture avec le "système".
Dans le paysage politique tel qu’il est, la position la plus conséquente à la gauche de la gauche demeure celle de Jean-Luc Mélenchon, quoi que l’on pense de tel ou tel de ses propos. À la différence de tous les autres candidats de gauche, il s’est inséré de façon continue, depuis près de quinze ans, dans le courant critique de la gauche française, celui qui a porté l’exigence de l’altermondialisme et de l’option antilibérale, celui qui a irrigué la dynamique du Front de gauche, celui qui, de 2005 à 2012, a incarné l’espérance d’un mouvement social conquérant et d’une gauche retrouvant le chemin de ses valeurs fondatrices.
Or c’est cette portion de l’espace social et politique qui est aujourd’hui capable de relancer l’espérance sociale et démocratique d’une société déboussolée. Que son ambition se doive d’être large, qu’elle ne doive pas se replier sur elle-même et s’abstenir de tout esprit d’exclusion à l’égard de quiconque veut rompre avec l’esprit dominant, voilà qui est évident et qui n’est pas encore acquis. Mais tout cela n’empêche qu’elle demeure pour l’instant l’axe des recompositions nécessaires. Cela exige de sa part beaucoup d’innovation et de rupture avec des habitudes anciennes. Mais tourner le dos à cette histoire commune récente serait une folie.
Les communistes seraient ainsi fidèles à eux-mêmes en s’inscrivant dans cette optique et en se raccordant avec l’effort entrepris par Jean-Luc Mélenchon. Mais, en contrepartie, celui-ci doit plus que jamais bannir tout ce qui, d’une façon ou d’une autre, peut contredire le retour à la dynamique vertueuse de 2012. Qu’il faille tenir compte de l’épuisement du système partisan est une chose, qu’il faille trouver des formes nouvelles, plus souples, plus fluctuantes, d’associer les individus autonomes, est tout aussi vrai. Mais, surtout dans le cas français, rien ne serait plus contreproductif que d’ignorer que le nouveau et l’ancien continuent de s’entremêler, que des dizaines de milliers d’individus continuent de s’inscrire dans l’univers partidaire, que le Parti communiste, même affaibli, est une force militante, un patrimoine qui n’est pas celui seulement des communistes "encartés".
On ne peut pas affirmer la continuité du projet qu’exprima hier le programme de "L’humain d’abord" et s’accoutumer à la division de celles et ceux qui le portèrent hier. L’heure est donc à la responsabilité. La multiplication des candidatures critiques à l’égard du "hollandisme" est à la fois une réalité, une chance et un risque. Les forces qui composèrent le Front de gauche ont une responsabilité immense : dans un esprit d’exclusion, elles corsèteraient la possibilité d’un rassemblement large ; dans un esprit de confusion, elles altèreraient la portée subversive des alliances possibles ; en se tournant le dos les unes aux autres, elles nécroseraient ce qui fut et ce qui reste un ferment d’espérance. À chacun d’en tirer les conséquences."
Roger Martelli
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Par Manca alternativa le 22 Août 2016 à 19:33
Pour la défense des droits démocratiques en Turquie
Depuis la tentative de coup d’Etat raté du 15 juillet, la fuite en avant autoritariste du président Erdogan s’est accélérée. Elle déborde largement des auteurs identifiés de ce coup d’Etat et touche des dizaines de milliers de personnes (fonctionnaires, journalistes, universitaires…) qui n’ont rien à voir avec le coup d’Etat tandis que des campagnes de procès en cours, notamment contre des élus kurdes continuent. Le régime turc veut établir une unité nationaliste en excluant du champ politique le HDP, principal parti de défense des droits démocratiques, et s’attaque à l’ensemble des forces démocratiques du pays. La répression a franchi un nouveau pas avec la volonté d’interdiction du quotidien Özgür Gündem (Chronique Libre), organe du mouvement kurde mais dont l’importance va au-delà et l’arrestation de l’écrivaine Aslı Erdoğan membre du comité de rédaction du journal. Alors que le régime multiplie les emprisonnements de démocrates, de kurdes, de militants de gauche, les groupes pro-Daesh qu’il a laissé prospérer sur le territoire ont à nouveau mené leur ignoble besogne en assassinant une cinquantaine de personne à Gaziantep lors d’un mariage de membres du HDP. A la répression étatique s’ajoute l’horreur de ces groupes qui ont déjà tué des opposants à Suruç (trentaine de morts) ou à Ankara (près de cent morts). La complicité des gouvernements européens pour mettre en œuvre leur politique raciste et meurtrière de refoulement des migrants n’a que bien trop duré ! "Ensemble !" propose que les forces de gauche, du mouvement ouvrier, de défense des libertés en France organisent une ou des démonstrations publiques pour la défense de la démocratie en Turquie, en particulier contre les menaces pesant sur le HDP.
Le 22 août 2016.
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Par Manca alternativa le 19 Août 2016 à 17:45
Sécurité publique et intégrisme islamiste
La collectivité territoriale de Corse s'est réunie en assemblée générale le 28 juillet 2016. Elle a adopté une résolution portant sur la sécurité publique et l'intégrisme islamiste. Manca alternativa tient à donner son point de vue sur cette résolution.
Un débat hors des compétences de la CTC
Une nouvelle fois, mais cela est devenu depuis longtemps une habitude, l’Assemblée de Corse se saisit d’une question hors du champ de compétences de la Collectivité Territoriale, et sur laquelle l’institution n’a, pour cette raison, aucun moyen d’action. Nos élus actuels comme leurs prédécesseurs plus ou moins lointains, éprouvent régulièrement le besoin de se pencher sur des choses sur lesquelles ils ne peuvent agir. C’est d’ailleurs ce que fait remarquer le texte, qui relève fort justement que la sécurité publique est une compétence régalienne, donc de l’Etat ; mais ce n’est pas une raison suffisante pour ne pas s’en saisir. Encore faut-il ne pas se borner à une analyse uniquement sécuritaire.
Une victimisation récurrente de la Corse
On ne voit pas bien non plus, et ce n’est pas étayé dans la résolution, en quoi la Corse serait particulièrement exposée au terrorisme islamiste. Rien n’indique que la venue, épisodique ou régulière, de prédicateurs salafistes soit davantage avérée en Corse que d’en d’autres régions continentales. Mais comme pour beaucoup d’autres « menaces » extérieures, la Corse serait particulièrement exposée et mal protégée par ceux – en l’occurrence l’Etat – dont c’est le rôle.
Le rappel des valeurs ancestrales de la Corse
Autre marronnier si l’on peut dire, le rappel des valeurs ancestrales de l’île, depuis la nuit de temps et au moins depuis Pascal Paoli, qui place la Corse dans le peloton de tête des pays accueillants, tolérants, ouverts, etc. Très certainement, les trois journées du mois de décembre 2015 ayant donné lieu à des manifestations à caractère raciste et anti-arabe témoignent de cette tolérance légendaire.
En conclusion, que faire ? Admonester l’Etat et organiser des assises
Malheureusement, ce texte évite de se pencher sur les carences de notre société qui rendent tellement difficiles une bonne intégration sociale et économique des populations les plus pauvres, et notamment des populations issues de l’immigration, telles que par exemple, le refus récurrent du droit de vote aux étrangers pour les élections locales.
Une fois de plus, comme beaucoup de textes adoptés par l’Assemblée de Corse ces dernières années, cette résolution se termine sur une mise en demeure de l’Etat et, ce qui semble devenir une habitude depuis la précédente mandature, sur l’organisation d’Assises, censées faire émerger la solution idoine.
Bref, un texte sans utilité concrète, mais néanmoins voté par la quasi-totalité des conseillers territoriaux, (hormis les 3 élus communistes) et qui les aura occupés près d’une journée. Nos élus n’ont-ils pas des sujets de préoccupation sur lesquels ils pourraient utilement se pencher pour agir vraiment ?
Car si des mesures de police sont nécessaires, et notamment de police de proximité et de renseignement pour connaître les réseaux terroristes, elles ne sauraient être les seules réponses. Il faudrait d'ailleurs commencer par le renfort de secouristes, de psychologues, d'éducateurs spécialisés qui puissent suivre les jeunes en désespérance. Seule une mobilisation intense des sociétés pour défendre les valeurs universelles humaines parviendra à remettre le monde debout face aux barbaries. Offrir un avenir meilleur aux jeunes, avec une éducation, un travail, un logement, dans un monde de liberté, d'égalité, de fraternité, voilà la clé du changement, ce qui exige la justice sociale.
Face aux escalades tragiques, aux fanatismes les gesticulations guerrières des coalitions internationales en Syrie et ailleurs, qui amplifient les morts dans les populations civiles, ne suffiront pas. La prolongation en France de l’état d’urgence non plus.
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Par Manca alternativa le 11 Août 2016 à 19:46
François De Negroni originaire de Rogliano en Haute Corse, vient de publier aux éditions "Matéria Scritta" un ouvrage sur Thomas Sankara. L'auteur, jeune coopérant dans les années 1970 a enseigné la sociologie et l'anthropologie en Afrique. Il relate dans cet ouvrage de sa rencontre à Madagascar avec Thomas Sankara alors jeune étudiant. "Une nuit à Majunga". Tel est le titre de cet ouvrage dans lequel on n'apprend pas forcément grand chose sur la vie de Thomas Sankara à Madagascar, même si l'ouvrage reste intéressant. Il s'agit plus, d'un travail sur la mémoire de l'auteur plus de 40 années plus tard, et qui retrace une rencontre furtive, un moment fugace, revu et romancé, mais néanmoins captivant avec Thomas Sankara, la rencontre d'une nuit a Majunga. "Une nuit de conversations, à la table d'un pittoresque bar à matelots".La personnalité de TS est déjà bien évidente, son esprit vif, son sens du devoir et de l'intérêt général aussi. Ce qui ressort, c'est que Thomas Sankara à envie d'apprendre, de connaître, de savoir, il y a déjà en perspective son engagement, un ancrage anti-colonialiste fort, ce qui le distingue des autres étudiants (une trentaine) venu de toute l'Afrique a Antsirabé étudier a l'académie militaire. L'ouvrage est à la limite de l'histoire et de la fiction. On sent bien que Negroni qui connaît bien l'histoire de l'Afrique et du Burkina s'est inspiré de toutes ses connaissances pour travailler à la rédaction de cet ouvrage. L'écriture est intéressante... Avec un mélange de politique et d'humour... Une atmosphère aussi, celle de la décolonisation et des espoirs des peuples africains.La deuxième partie du livre est constituée d'archives (documents, dessins, photos personnelles, articles et interview de Negroni ou d'autres auteurs, durant sa présence à Madagascar comme coopérant et en particulier formateur. En fin de livre, on y trouve une sélection de films, ayant trait à TS, une dizaine à partir du premier cité, "Sacrifices pour une Révolution" 1984. Le dernier de la série des 10, "Thomas Sankara à l'académie militaire de Madagascar; témoignages de deux camarades de promotion." Réalisé en 2008.Enfin ce livre édité en Corse en mai 2016 par une petite édition "Matéria Scritta" incite à mieux connaître l'homme Sankara, son engagement, sa Révolution... Mais aussi le Président du Burkina Faso, le pays des Hommes intègres, qui durant quatre années de 1983 au 15 octobre 1987 date de son assassinat a dirigé le pays. Le site www.thhomessankara.net est donné en référence et Bruno Jaffré comme le biographe le plus connu de Sankara. Un ouvrage à faire connaître...
Jacques Casamarta
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Par Manca alternativa le 12 Juillet 2016 à 09:21
Brexit
Choc historique ou chance historique ?
Le Brexit suscite un vaste débat à travers l'Europe. La question divise transversalement tous les partis, y compris en France. Certains voient dans le vote des Britanniques une catastrophe. Le péril guetterait tout le continent. D'autres, avec zèle, dont notre président, exigent une sortie rapide de la Grande Bretagne des Institutions européennes. D'autres encore, comme par exemple le fameux essayiste Alain Minc - l'homme qui ne se trompe jamais - fustigent le résultat, en considérant que ce sont les illettrés, les sans dents qui ont voté pour le Brexit, alors que les gens "intelligents", les lettrés, l'élite se sont opposés à la sortie. Bigre.
Nous donnons le point de vue de Stathis Kouvelakis, franco-grec, philosophe, membre de l'Unité populaire grecque, enseignant en Grande-Bretagne. Point de vue particulièrement intéressant, paru sur le site Là-bas Si J'y Suis.
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