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Par Manca alternativa le 19 Janvier 2014 à 17:47
Par Jacques Casamarta, animateur Manca alternativa ENSEMBLE
Avec le contenu de l’intervention de François d'Hollande exprimé lors de la conférence de presse mardi 14 janvier, le Medef est satisfait, mais « réalisme politique oblige » et sans scrupules, il en demande toujours plus... Plus d’efforts, plus d’austérité, plus de difficultés pour la population et de cadeaux pour les patrons, les grands patrons surtout… On comprend mieux l’augmentation de la TVA, l’impôt le plus injuste, il faut bien que quelqu’un paye pour les plus riches.
La droite, quant à elle, toutes tendances confondues, pavoise même si le discours du Président de la République inquiète les ténors politiques dans la mesure où il épouse sur bien des aspects le programme libéral de l’UMP. Tout fonctionne comme si l’équipe au pouvoir voulait recruter sur les plates-bandes de la droite et du MEDEF. Nous le constatons tous les jours, la France n’est pas gérée à Gauche, la France est gérée par le libéralisme. Il y a urgence à démasquer cette imposture politique car le FN est en embuscade et engrange le mécontentement.
François Hollande aura ainsi accentué la fracture qui existe déjà entre la classe politique, « la classe politicienne devrait-on dire » et les citoyens, entre les promesses électorales et l’exercice du pouvoir.
Cette situation et le contenu de son discours mettent en exergue la crise de la représentation politique, le décalage avec les citoyens, ou plus précisément, ceux qui ont contribué à l’élection de François Hollande et qui attendaient une autre politique. Le télescopage entre l’espérance, le rêve et cette réalité présentée comme « politiquement correcte » sonne comme un cauchemar pour tous ceux qui subissent de plein fouet la crise et qui ne s’en sortent plus. Avec cette intervention nous avons franchi un nouveau palier dans l’hypocrisie politique… Sans aucun état d’âme, il est possible à quelques mois d’intervalles de tenir un discours contre la finance (discours de campagne) et une fois élu se proclamer par ses actes, le Président de cette même finance.
Cela doit nous amener à réfléchir sur le sens que souhaitait donner le candidat Hollande à son mot d’ordre de campagne « le changement, c’est maintenant ». Manifestement le changement tel que nous l’attendions et qui a poussé le Front de gauche à s’engager au deuxième tour avec ses 4 millions de voix n’a pas eu lieu. Telle est l’imposture politique à laquelle nous sommes aujourd’hui confrontés et qu’il faut dénoncer sous peine de nouvelles désillusions.
Mais tout cela n’est que le résultat du monde politique unipolaire dans lequel évolue aujourd’hui, le libéralisme, le capitalisme, instauré en règles universelles pour tous. Aujourd’hui en France, en Europe et dans le monde, ceux qui défendent cette politique anti sociale bénéficient de satellites politiques présentés comme universels (la Banque Mondiale), le FMI (Fond Monétaire Internationale) ou encore l’OMC (Organisation Mondiale de Commerce) pour promouvoir leur politique favorable aux plus riches et maintenir le statu quo économique.
François Hollande et son gouvernement ne font pas une politique de gauche, ils en sont même aux antipodes aujourd’hui. Ils ne peuvent avec le Social libéralisme qui caractérise leur politique représenter le changement démocratique et social qu’il nous faut inventer, promouvoir. Il faut se faire une évidence, le Parti socialiste tel que représenté aujourd’hui, n’est plus celui d’hier, le glissement libéral s’est réalisé tout au long de ces trente dernières années. Ils ne peuvent donc se retrouver sur cette idée qu’une autre politique, un autre monde sont à construire.
Les uns et les autres ne sont forts que de notre faiblesse à GAUCHE. Il y a urgence à réagir, s'opposer, résister, proposer, manifester dans la rue et dans les urnes. Les élections municipales et européennes doivent être l'occasion avec le Front de gauche et ses composantes de clarifier les enjeux politiques en rejetant toutes formes de complaisances à l'égard du Social libéralisme... Pour les municipales et dans ce contexte, la position du Parti communiste de s’allier à Ajaccio et dans des grandes villes au Parti socialiste est une erreur politique et stratégique. Il aurait été préférable que le Front de gauche, partout, se rassemble sur une base politique claire et commune pour créer les conditions d’une alternative crédible.
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Par Manca alternativa le 17 Janvier 2014 à 22:32
Nous publions une contribution de Clémentine Autain et de Myriam Martin, membres de Ensemble, parue dans Libération du 17 janvier 2014.
Où est le Front de gauche ? On l’entend difficilement, empêtré qu’il est dans ses divisions internes. Après dix-huit mois d’une gauche de gouvernement qui mène une politique de droite, nous aurions pourtant bien besoin d’une force à gauche qui s’oppose au consensus libéral bâti en haut lieu.
En effet, la voie suivie par la majorité gouvernementale met la gauche à droite. A sa récente conférence de presse, François Hollande a directement servi les plats au Medef. Ainsi, d’alternances en alternances, le peuple désespère. Le Front de gauche doit prendre ses responsabilités pour ouvrir un chemin. Il représente aujourd’hui le seul outil politique à partir duquel l’espoir peut renaître. Nous voulons rappeler combien ce cadre est précieux et proposer des voies pour le relancer.
Notre parti pris tient en trois grands principes : cohérence stratégique pour faire naître une gauche de transformation - donc clairement dissociée du pôle incarné par la majorité gouvernementale ; dépassement du cartel d’organisations ; novation sur le fond et la forme. C’est par le cumul de ces trois objectifs que nous réussirons à modifier l’ordre existant.
S’allier ici et là, et encore là, avec les socialistes, c’est nuire gravement à notre lisibilité : nous ne pouvons, à moyen et long terme, qu’y perdre des plumes. Et ce d’autant que le Parti socialiste n’est plus celui d’hier. Autrefois, les mots n’étaient pas toujours suivis d’effet mais il y avait les mots de la gauche. Autrefois, les avancées sociales étaient insuffisantes mais il y avait des avancées.
Aujourd’hui, le Parti socialiste s’harmonise avec les objectifs du FMI et de l’Union européenne et tourne radicalement le dos à la tradition du mouvement ouvrier. Si un rassemblement transformateur majoritaire est notre horizon, l’union de toute la gauche à un premier tour de scrutin n’est pas de saison : la stratégie du Front de gauche doit, de ce point de vue, être claire au risque de perdre en crédibilité et efficacité.
Mais ne nous y trompons pas : la distance avec le PS n’est pas l’alpha et l’oméga d’une stratégie politique victorieuse. Sinon, l’extrême gauche serait au pouvoir depuis longtemps ! C’est pourquoi nous avons un travail de refondation substantiel à accomplir sur la doctrine comme sur les formes politiques afin de constituer l’espace populaire du XXIe siècle. Après les échecs du XXe siècle, nous n’avons pas «le» projet clé en main - où il ne resterait plus qu’à évangéliser les masses. L’anticapitalisme doit s’articuler avec l’anti consumérisme et l’anti productivisme, l’égalité avec la liberté, le collectif avec l’individu.
Notre tâche est de susciter le désir d’une mobilisation sociale, intellectuelle, politique inédite à même de construire les termes d’un nouveau projet d’émancipation humaine. Quand la crise atteint ce seuil, d’un point de vue social, économique, environnemental, démocratique, idéologique et moral, elle appelle une rupture innovante qui doit se dire avec des mots et des manières de faire contemporaines. Le centralisme des partis politiques d’hier, la caporalisation doivent céder la place aux versions plus horizontales d’organisation. L’efficacité dans la durée est au prix de cet exigeant travail d’invention. Si les anciennes recettes sont à bout de souffle, ce n’est pas qu’aucune continuité avec la tradition du mouvement ouvrier ne doive être recherchée. C’est même par l’inscription dans cette histoire qui a épousé des configurations diverses qu’un renouveau est possible. Mais le neuf doit dominer notre quête en devenant une préoccupation majeure. Nous avons à reconstruire, car une recomposition dans le champ politique, social et intellectuel existant ne suffira pas. La conscience de ce travail colossal historique qui nous attend est la condition sine qua non de notre réussite.
L’unité actuelle des composantes du Front de gauche est un bien précieux. Nous devons à la fois préserver ce cadre d’union, l’élargir à d’autres sensibilités et courants, et nous tourner directement vers les individus et forces qui, dans la société, ont envie de changement émancipateur. La dynamique du Front de gauche dépend avant tout de l’implication citoyenne. C’est pourquoi rendre possible l’adhésion individuelle directe au Front de gauche est l’une des clés pour régénérer notre espace politique. Nous devons consolider, développer, transformer le Front de gauche pour qu’il dépasse le cartel d’organisations qu’il est aujourd’hui et se mue en véritable front du peuple.
Le Front de gauche représente une chance : d’autres pays, singulièrement en Europe, regardent avec attention cette construction française. Ne donnons pas raison à tous ceux qui espèrent notre éclatement. Rassemblons-nous.
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Par Manca alternativa le 17 Janvier 2014 à 14:06
Hier soir, David Pujadas a réuni quelques libéraux autour du Ministre du Travail qui a joué le Sapin de Noël pour les entreprises. Nous usons de la métaphore car notre ministre avait l’humeur métaphorique et nous avons eu droit à celle du bateau France dont le gouvernement Ayrault, sous la houlette du capitaine de Pédalo, a colmaté les brèches avant qu’il ne coule. Maintenant, il faut le faire avancer, dit-il avant de défendre le pacte de responsabilité, c’est-à-dire de nous mener en bateau devant un auditoire acquis à sa cause : deux patrons et un syndicaliste réformiste. Quelle présentation hypocrite du pacte sous une argumentation qui n’est qu’un verni trompeur dont les énarques sont coutumiers.
François Lenglet, philosophe économiste de service a sorti un de ses tableaux : un véhicule dessiné avec le coût des charges salariales et l’allégement de 4% par la suppression des cotisations familiales. Allant dans les sens des patrons qui en veulent toujours davantage, il demande si 100€ par voiture c’est suffisant pour créer des emplois ? Le ministre lui fait remarquer qu’il a choisi un exemple où le coût du travail est le moins élevé, ce qui minimise l’importance de l’allégement des charges par rapport notamment aux activités de service. L’expert qui est là pour rendre les explications moins abstraites ne fait que brouiller la réalité, caricaturer et tordre par ses courbes la vérité économique et sociale. Il a voulu minimiser l’importance du cadeau fait au patronat devant un ministre qui en fait la décision la plus importante depuis la nuit des temps en faveur des entreprises, oubliant tous les cadeaux antérieurs.
Olivier Besancenot est hors plateau, tenu à distance par « la conjuration des inégaux »[1]. Lorsqu’on l’interroge, il fait remarquer que le dessin du philosophe-expert économique ne montre pas le montant du profit mais sa voix se perd et l’expert reprend sur les salaires des patrons du CAC 40 pour créer une diversion reprise tambour battant par la dame Barthélémy, patronne exemplaire de service pour minimiser le nombre des patrons voyoux. Michel-Edouard Leclerc vient l'épauler de façon plus diplomatique. Monsieur Besancenot à la niche! Alors nous complétons les propos de ce dernier.
Sur la voiture fabriquée en France prise comme exemple, on compte 22% de matières premières, 3% d’investissement, 6% de recherche et développement, 9% de salaires (un peu moins que l’Allemagne contrairement aux idées reçues). En 2012, les charges financières (299 milliards) sont deux fois plus importantes que les charges sociales (158 milliards). Il s’agit de la ponction effectuée par les actionnaires et des charges financières. Le coût du capital est le plus important et 50% des bénéfices vont aux actionnaires pendant qu’on procède à des licenciements boursiers. Le coût du capital se répartit entre réserves de liquidités, frais bancaires, dividendes… En outre une partie du coût consiste à spéculer sur les marchés boursiers jusqu’au rachat par une entreprise de ses propres actions pour maintenir les cours et faire plaisir aux actionnaires.
Où va Hollande ? Tel était le titre de l’émission. Hier la presse française était représentée par Christophe Barbier pour l’Express et Frank-Olivier Gisbert pour le Point. Deux hebdomadaires qui préfèrent consacrer leur Une au voile islamique, aux bonnes affaires immobilières, à la Franc-maçonnerie, à la propagande libérale plutôt qu’aux licenciements boursiers. Christophe Barbier s’est montré plus bavard sur la situation conjugale de François Hollande que FOG. Celui-ci jouait le libertaire aux idées larges et le représentant d’une France respectueuse de la vie privée. Cela n’a pas empêché le Point de titrer sur « Tournant économique – vie privée, ça déménage » avec une photo d’un François Hollande à l’air soucieux, pendant que son confrère de l’Express met sur une photo identique le titre « Le discrédit ». Henri Guaino représentait l’UMP. Sur sa prestation que dire ? Rien si ce n’est qu’il a été nul comme à son habitude, cherchant plus à parasiter le débat qu’à l'alimenter. Pour lui un Président de la république est un personnage public à mi-chemin entre un Premier Ministre et la reine d’Angleterre. Il doit assumer ce côté monarchique de sa fonction et ne pas se faire prendre en défaut. En une phrase, il est le partisan de « Pas vu, pas pris ». Comment s’en étonner d’un homme qui, après avoir joué les éminences grises a du mal à se produire sous les projecteurs. Quant au Ministre socialiste Stéphane Le Foll, il a pratiqué la langue de bois, la confiance et l’optimisme. En ce qui concerne la distinction entre la vie privée et la vie publique, il a trouvé une autre distinction entre la vie privée publique et l’intime. En ce qui concerne le statut de la première Dame qui n’existe pas, rien n’a été tranché entre partisans d’un statut et adversaires. La discussion a donné lieu à des comparaisons avec d’autres pays comme les Etats-Unis par exemple où la famille du président a une place importante dans sa vie politique. Nous avons eu droit à la liste des Présidents volages de la cinquième république, autant dire tous. C’est une stratégie de communication ancienne qui consiste à faire des amalgames en généralisant des comportements pour les absoudre et détourner l’attention du vrai problème posé. Vielle technique journalistique que FOG, journaliste opportuniste, connaît bien. Le vrai problème se résume rapidement. C’est celui du comportement d’un Chef d’Etat, de sa sincérité, de sa fiabilité. En outre, il faudra bien traiter celui du rôle de la première Dame et de son statut. Les usages ne suffisent plus à justifier ce rôle qui est essentiellement représentatif. Et là, on peut dire avec Hollande, que se pose une question urgente : Qui l’accompagnera dans ses voyages officiels, notamment celui prévu aux Etats-Unis ? François Hollande se tait alors que les révélations médiatiques se succèdent. La liaison avec l’actrice de 18 ans sa cadette remonterait à deux ans. Il aurait installé Valérie Trierweiler à l’Elysée alors qu’il l’a trompée déjà avec l’actrice issue de la grande bourgeoisie et dont les parents ont un château dans le Gers. Nous sommes les spectateurs d’un vaudeville, une dramaturgie ridicule entre du Labiche, du Feydeau et du Guitry qui ne nous détourne pas d’une autre trahison : celle de la Gauche.
L’émission « des paroles et des actes » a participé à la grande offensive idéologique pour imposer l’idée selon laquelle le « coût du travail » pénaliserait la compétitivité de l’industrie et plus largement celle de l’économie française. L’accent a été largement mis sur le coût des « charges sociales » c’est-à-dire des cotisations sociales versées par l’entreprise aux caisses de la sécurité sociale qui seraient trop lourdes. Leur suppression est une très vieille revendication du patronat. Elle n'est donc pas liée à la situation actuelle. En outre l’assurance maladie représente des milliards convoités par le patronat et les assurances privées au détriment du système actuel basé sur la solidarité nationale. Les deux patrons présents (Michel-Edouard Leclerc et Catherine Barthélémy) n’avaient pas la même interprétation du pacte de responsabilité que le seul syndicaliste présent sur le plateau. Alors que ce dernier a insisté sur le terme responsabilité de chacune des parties, les deux patrons se montraient très évasifs sur la création d’emplois espérée. Quant au Ministre du Travail, le pacte de responsabilité est un pacte de confiance au patronat. Finalement les seuls qui engageront leur responsabilité, ce sont les syndicats et les salariés.
Une fois de plus David Pujadas et son expert philosophe ont organisé un show politique scénarisé avec un casting orienté. Alors qu’il y avait deux patrons, deux journalistes acquis au libéralisme économique, un élu de droite et un ministre social-démocrate du PS, un seul syndicaliste était invité : un réformiste du syndicat signataire de l’accord ANI. Ainsi on peut présager dans quelles conditions seront organisées les concertations sur le pacte de responsabilité entre un gouvernement libéral, des patrons sournois et un syndicat réformiste sous l’œil d’une presse libérale propagandiste.
Olivier Besancenot était bien seul hier soir, physiquement et moralement loin de l’aréopage libéral réuni pour ce show médiatique. Son air affligé en disait long sur sa pensée. Un opposant mis à part et contre tous, une voix discordante stratégiquement muselée dans un lointain studio ! On a pu compter les opposants syndicalistes et politiques qui n’ont pas eu le droit à la parole. Marginalisés par David Pujadas, ses assistants et ses invités, ils n’ont pas pu répondre à ce débat truqué. On retrouvera les opposants de gauche dans leurs paroles et leurs actes lors d’une année qui s’annonce chaude sur le plan social. En outre, des échéances électorales attendent le parti socialiste au tournant, puisque le pacte de responsabilité est annoncé comme un tournant politique du Chef de l’Etat. Où va Hollande ? Nous avons une réponse à la question : dans le mur social !
U mancatu
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Par Manca alternativa le 16 Janvier 2014 à 11:06
Au lendemain d'une conférence de presse dans laquelle le Président de la République a assumé l'accélération du cours libéral de sa politique et des cadeaux supplémentaires au grand patronat, le collectif « non à la hausse de la TVA » a lancé officiellement aujourd'hui sa campagne et ses outils de mobilisation contre la hausse de la TVA et pour une fiscalité juste, écologique et solidaire.
La vingtaine d’organisation, partis politiques, syndicats, associations qui ont initié cette démarche appellent à une vaste campagne de terrain dans toute la France, à des collectifs unitaires locaux sur cette question et à une journée nationale de mobilisations et manifestations dont une manifestation à Paris le 8 février.
Une pétition, qui a déjà réuni près de 11 000 signatures, servira de support à cette campagne sous la forme de carte postale à destination de l’Elysée et d’un site "stop-tva.fr".
A l’initiative de :Solidaires, Attac, Fondation Copernic, UFAL, Economistes atterrés, Femmes Egalité, Les Effronté-e-s, Féministes pour une autre Europe, MNCP, DAL, APEIS , Mpep, Front de Gauche (PG, PCF, Ensemble, PCOF, GU, R&S), NPA, Résistance Sociale
La hausse de la TVA est injuste parce que la TVA est impôt injuste. Cette hausse sert à faire des cadeaux au patronat et ampute le pouvoir d’achat des famille qui n’y arrivent déjà plus. La suppression des cotisations familiales considérées comme un allégement des charges sociales des employeurs n’a pas de financement connu et d’aucuns préconisent déjà une prochaine hausse. Il est urgent de réagir en signant la pétition d’abord et en participant à la manifestation du 8 février.
Accès à la pétition en cliquant ICI.
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Par Manca alternativa le 16 Janvier 2014 à 09:40
Le pacte de responsabilité a représenté l'élément central de la conférence de presse de F. Hollande ce 14 janvier.
En dépit de l'habillage rhétorique, c'est la confirmation de son adhésion aux poncifs de la pensée néolibérale. Il se dit social-démocrate mais le pacte de responsabilité est la copie conforme du pacte de confiance de P. Gattaz avec la reprise en compte des cinq exigences formulées par le patron du Medef.
Le « président des entreprises », Après les 20 milliards au titre du CICE, le « président des entreprises » accepte le transfert des 35 milliards d'euros des cotisations familiales payées par les patrons. C'est une vieille revendication patronale qui est exaucée.
Comment sera alors financée cette branche de la sécurité sociale ?
Nouvelle augmentation de la TVA, comme le suggère P. Gattaz ? Alourdissement de la CSG? Il y a danger d'une ponction financière supplémentaire pour les salariés, la population.
Autre sujet de satisfaction pour le Medef, l'annonce de la réduction des dépenses publiques de 50 milliards entre 2015 et 2017.
Cet engagement aura des incidences fortes sur les dépenses de l'Etat, le nombre des fonctionnaires, et sur les moyens financiers des collectivités territoriales. C'est clairement dit : parmi elles seront privilégiées, par des incitations financières, les métropoles, qui absorberont les départements dans leur aire géographique, et les régions invitées à se regrouper.
Pour la protection sociale, si les objectifs sont renvoyés à la compétence d'un Haut Conseil du financement de la protection sociale, c'est la réduction des actes médicaux et des prescriptions de médicaments, entre autres, qui sont visées. Déjà, un citoyen sur cinq renonce à se soigner pour des raisons financières.
Où va le droit à la santé pour tous ?
Cette politique d'austérité massive aura pour conséquence d'engager le pays dans une spirale dépressive.
Toutes ces annonces balisent la voie suivie par F. Hollande : discours mâtiné de social-démocratie lors de la campagne présidentielle, social-libéralisme pendant les premiers mois et maintenant reprise sans vergogne de l'idéologie patronale.
Qui peut croire que la baisse des charges incitera les patrons à embaucher alors que dans les grandes sociétés 60% des bénéfices vont à la rémunération des actionnaires ?
Face aux assises de la fiscalité des entreprises qui sont prévues fin janvier, construisons une large mobilisation le 8 février contre l'augmentation de la TVA et pour une fiscalité juste et montrons à F. Hollande qu'il y a une politique alternative à la sienne.
Communiqué national d’ENSEMBLE, Le 14 janvier 2014.
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Par Manca alternativa le 15 Janvier 2014 à 09:54
Décidément François Hollande affectionne l’anaphore et, hier, il en a abusé jusqu’à l’overdose en multipliant les syntagmes de façon insupportable. Trop d’anaphores tuent l’anaphore et nous rappellent celle du candidat Hollande. Elle ne fut qu’un effet oratoire dont on a mesuré le ridicule et l’hypocrisie trop tard. Va-t-il nous refaire le coup à chaque fois ? Un poète ne limite pas son talent à une seule figure de style mais François Hollande est d’un prosaïsme consternant. Il préfère la langue de bois à celle de la vérité. Il ne nous fait pas rêver de beauté et d’idéal.
Nous n’allons pas revenir en détails sur le contenu de son discours politicien sur le pacte de compétitivité, le pacte de responsabilité, la suppression des cotisations familiales pour les entreprises sans nouveau financement divulgué, les menées militaires en Afrique, l’antisémitisme de Dieudonné, l’euthanasie…etc.
Le principe du compromis avec les entreprises est déjà connu :"moins de charges sur le travail et moins de contraintes sur les activités" contre "plus d'embauches et plus de dialogue social". François Hollande a annoncé la "fin des cotisations familiales" versées par les sociétés (mesure contenue dans le programme de l’UMP), soit 30 milliards d'euros en moins par an, d'ici 2017. Ce montant inclut le crédit impôt compétitivité emploi (Cice), issu du pacte de compétitivité de novembre 2012. Précisément, les entreprises devront décider, à partir de 2016, si elles souhaitent ajouter à ce crédit d'impôt, d'un montant total de 20 milliards, une baisse des charges supplémentaires, de l'ordre de 10 milliards, ou mixer les deux dispositifs en une baisse générale de charges de 30 milliards. François Hollande a justifié cet allègement conséquent des charges patronales par une politique de l’offre nécessaire à la croissance. Il parle en économiste libéral et en comptable du déficit budgétaire. Il promet des économies drastiques jusqu’en 2017 de l’ordre de 18 milliards par an. On a envie de lui balancer une réplique du Président Beaufort joué par Jean Gabin dans le film d’Henri Verneuil : « Mais en écoutant M. Chalamont, je viens de m'apercevoir que le langage des chiffres a ceci de commun avec le langage des fleurs, on lui fait dire ce que l'on veut. Les chiffres parlent, mais ne crient jamais. C'est pourquoi ils n'empêchent pas les amis de M. Chalamont de dormir. Permettez-moi messieurs, de préférer le langage des hommes : je comprends mieux ».
Nous avons noté les non-dits significatifs dans le discours du Président. Nous ne pensons pas à son refus de clarifier sa vie privée qui empiète sur sa fonction par la présence d’une concubine adoubée Première Dame de France par le Président puis trompée par son « homme » avec une actrice. Nous ne saurons pas quel statut sera donné à la Première Dame de France, s’il s’agira d’un CDI ou d’un CDD. Quel sera le statut de la deuxième Dame de France ? On apprend que la Ministre de la culture vient d’annuler in extrémis un projet de poste à la Villa Médicis. Y aura-t-il un remplacement de la première par la deuxième pour un rajeunissement de la fonction de 20% ? La remplaçante a 41 ans alors que la titulaire en a 49. Nous nous attendions au refus de clarification, c’est-à-dire à une attitude lâche et hypocrite. François Hollande n’est fidèle qu’à lui-même. Il a simplement fait valoir que la statut de Première dame n’existe pas, qu’il s’agit d’usage et que cet usage ne devait pas coûter trop sur le budget de l’Elysée. On n’avait bien compris que François Hollande s’était confortablement installé dans la Cinquième république, ses avantages et ses usages. Il se comporte comme ses prédécesseurs en faisant croire qu’il coûte moins cher.
Revenons à son discours politique. Il n’a jamais prononcé le mot de salarié ou d’ouvrier. Nous n’avons pas entendu celui de « licenciement » pas plus que ceux de « conflits sociaux » ou « grève ». Il évite le mot « capitalisme » ou « libéralisme ». Il oublie le mot « socialisme ». Aucun gros dossier social n’a été évoqué. Notre président ne connaît que les termes « emploi » et « chômage ». Il veut être jugé dans trois ans sur ses résultats, c’est-à-dire sur des statistiques et des courbes. Il a besoin pour cela des « entreprises » qui créent de la richesse. Ce n’est donc pas le travail qui la crée. Lorsqu’il emploie le mot « entreprise », il pense aux patrons. C’est à eux qu’il s’adresse car, selon lui, ce sont les patrons qui donnent du travail. Le travail est réduit à une contrepartie éventuelle des cadeaux qu’il leur fait. Il n’est pas étonnant que son discours plaise au patronat et à une partie de la Droite. Il y a un autre mot qu’il a eu du mal à dire, c’est celui de « social démocrate ». Un journaliste en a fait les frais lorsqu’il lui a demandé pourquoi il refusait de s’affirmer social démocrate. Le président lui a répondu par une moquerie signifiant que la question était idiote… Il ne faut pas lui dire qu’il est social démocrate mais il faut le comprendre car il n’est pas un social démocrate comme les autres. Pourtant la presse internationale le compare à Blair et Schroeder.
Hier François Hollande s’est encore éloigné des valeurs de la gauche. Il se trouve que quelques heures après son intervention télévisée, nous avons assisté à une lecture de textes écrits par Jean Jaurès. Quel contraste entre ce grand homme et le leader actuel du Parti socialiste ! Pourtant, en mai 1981, un autre François élu à la Présidence de la République, s’était rendu au Panthéon et s’était incliné devant la tombe de Jean Jaurès. Quel reniement depuis lors ! Quelle trahison !
Certes Jean Jaurès était un orateur et a parfois utilisé l’anaphore mais ce n’était pas un artifice redondant et ridicule car ses propos était ceux d’un homme de gauche, d’un homme menant des combats au lieu de prêcher les vertus du compromis. Et que l’on ne nous dise pas que Jean Jaurès est un homme du passé car il a laissé une parole actuelle et tournée vers l’avenir. Il est resté un précurseur. Le passé, c’est cette Droite recroquevillée sur un système capitaliste qui creuse les inégalités et génère de crises financières. Le passé, c’est la sociale démocratie qui abandonne les idéaux de gauche pour chercher des compromis avec le libéralisme économique en oubliant le peuple de gauche. François Hollande est un homme de droite, n’en doutons plus. Il a choisi son camp : celui du Medef. Il aura les honneurs de la presse libérale.
Sur le plateau de la deuxième chaîne, auprès de David Pujadas, Michèle Cotta, journaliste et sénatrice socialiste, a trouvé François Hollande « moche et minable ». Il paraît qu’elle plaisantait hors antenne. S’agissait-il d’un jugement sur son physique ou sur sa moralité ? Ou bien sur les deux ? Pour notre part, nous avons trouvé ses propos affligeants dans la forme et sur le fond.
Nous avons par contre retenu un conseil de Jean Jaurès: « Restez intraitables sur le principe de liberté et ne construisez rien sans morale ». On ne peut détacher cette exhorte d’une autre : « « Le pays de France, nous dit-il, ne saurait se passer longtemps d’idéal. Or la liberté étant sauvée, de quel côté pourra se tourner le besoin renouvelé d’idéal, si ce n’est vers la justice sociale ? ». Il a écrit aussi l’éditorial du premier exemplaire du journal « L’humanité [1]» dont il a été le premier directeur politique mais aussi un long texte pour la Jeunesse ou encore, bien avant Badinter, combattu la peine de mort. Quelle stature ! Quelle voix pleine de ferveur et d’espérance. Il nous parle toujours alors que François Hollande nous est devenu inaudible. Il ne représente ni la gauche de lutte ni la gauche au pouvoir. La Gauche est dans l'opposition à sa politique.
Pidone
[1]Le premier numéro de L'Humanité paraît le lundi 18 avril 1904. Pour Jean Jaurès, son fondateur, ce nouveau quotidien socialiste (qui avait comme sous-titre « Journal socialiste quotidien ») doit être dans un premier temps un outil pour l'unification du mouvement socialiste français et, par la suite, un des leviers de la lutte révolutionnaire contre le capitalisme.
Dans son premier éditorial, Jaurès souhaite fixer deux règles de fonctionnement à son nouveau journal : la recherche d'information étendue et exacte pour donner « à toutes les intelligences libres le moyen de comprendre et de juger elles-mêmes les événements du monde », et l'indépendance financière.
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Par Manca alternativa le 13 Janvier 2014 à 12:34
Nous publions un communiqué du Front de gauche media.
"Le système médiatique est-il devenu fou et franchi une nouvelle étape ?Il suffit qu’une publication à scandale publie de prétendues photos d’une prétendue liaison du Président de la République, pour que l’ensemble des médias reprenne cette prétendue information et lui donne un écho démultiplié.
Avec quelle vérification des sources et quelle hiérarchie de l’information ?
Il suffit qu’un Ministre de l’intérieur se lance dans une vaste opération de communication pour faire du « buzz » autour de sa petite personne pour que l’ensemble de la presse l’invite à s’exprimer.
Qu’importe que le jugement du Conseil d’état à propos de l’interdiction du spectacle de Dieudonné ait mérité d’être examiné de près pour en expliquer toutes les approximations et toutes les faiblesses juridiques, le dit Ministre est présenté comme le grand vainqueur de l’opération.
Certes, le système médiatique peut se justifier du traitement des prétendues liaisons du Président de la République en mettant en avant la politique de communication abusive des politiques eux-mêmes.
Certes, l’ignoble « humoriste » ne mérite que mépris et les idées nauséabondes qu’il véhicule doivent être combattues sans concession; mais que le jugement du Conseil d’Etat n’ait pas été plus analysé en dit long sur les dérives de l’information.
Dans le même temps, le sort des milliers de salariés qui ont appris la suppression de leur emploi au cours de la semaine est traité à minima.
Pis encore, la folle semaine de Serge Dassault est quasiment passée sous silence. A quarante-huit heures d’intervalle l’avionneur voit son immunité parlementaire préservée par le bureau du Sénat par une conjonction d’élus de droite et d’un traître à l’éthique de gauche, puis se voit offrir un cadeau d’un milliard d’euros pour sauver son Rafale qui n’a jamais été vendu.
Et ce scandale d’Etat n’est même pas relevé par les éditocrates aux ordres des actionnaires, y compris ceux du service public.
Dans le même temps, on apprend que le Projet de Loi sur la protection des sources des journalistes n’est plus d’actualité et la discussion repoussée à des jours meilleurs, sur injonction de deux ministres et notamment du Ministre de l’intérieur.
Ce dernier doit jubiler, il peut se payer la tête des journalistes et se servir d’eux pour sa campagne de communication !
Les citoyens ont droit à une autre information, digne d’une vraie démocratie, digne du pays des Lumières.
Il est temps que les journalistes passent de l’indignation à la révolte et imposent une vision citoyenne de l’information, libérée du carcan de l’argent et des intérêts communicationnels des politiques et des milieux patronaux."
Paris le 13 janvier 2014
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Par Manca alternativa le 10 Janvier 2014 à 10:29
Nous publions une tribune parue dans la revue Regards, signée par Cédric Durand, maître de conférence en économie à l'Université Paris 13 et Razmig Keucheyan, maître de conférence en sociologie à l'Université de Paris 4. Cette tribune ouvre le débat sur l'Union européenne, ses objectifs, les conséquences sur les populations des différents pays membres et propose quelques pistes de réflexion aux forces de gauche pour tenter de sortir du carcan actuel, à la veille des élections européennes.
On a les rêves qu’on peut. Il n’y a pas si longtemps, les élites européennes ambitionnaient, dans le cadre de la stratégie de Lisbonne, de faire de l’Union européenne « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d’ici à 2010, capable d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale ».
« Les élites européennes ont désormais intégré qu’un taux de chômage à 10% ou 12% est une donnée irréductible de la situation »
La crise est passée par là, et avec elle un long cortège de convulsions financières et de psychodrames institutionnels. Des ambitions d’autrefois il ne reste aujourd’hui plus rien : l’agenda de la compétitivité et de l’innovation n’a généré ni croissance, ni progrès social, ni encore moins de solutions aux grands défis écologiques de notre temps. À quoi rêvent désormais les élites européennes ? De stabilité. Que la catastrophe ralentisse son cours et leur laisse un peu de répit, ne serait-ce que pour quelque temps. C’est ce qui ressort des récents propos de Mario Draghi, le patron de la Banque centrale européenne, l’un des hommes les plus puissants du continent.
Contre toute attente, la tonalité des entretiens accordés la semaine passée par Draghi à la presse est optimiste. Il n’est bien sûr plus question de faire de l’UE l’économie « la plus dynamique du monde », et pas davantage d’y promouvoir la« cohésion sociale ». Draghi se réjouit désormais de ce que le chômage semble se stabiliser en Europe à 12%. Le rythme de la croissance, ajoute-t-il, atteindra – peut-être – de 1,1% à 1,5%. Les mots « stabilité » et « stabiliser » sont prononcés pas moins de sept fois dans un entretien paru fin décembre dans le JDD. Les « incertitudes refluent », dit-il, invitant les gouvernements à« continuer sur le chemin des réformes ».
À la lecture des propos de Mario Draghi, une conclusion s’impose : les élites européennes – la frange de ces élites la moins encline à se raconter des histoires – ont désormais intégré qu’un taux de chômage à 10% ou 12% est une donnée irréductible de la situation. Elles ont intégré, par la même occasion, que la croissance restera déprimée, s’élevant au mieux à 1,5%, plus probablement autour de 0,5%. À supposer même que les « nouveaux modèles de croissance » que Draghi appelle de ses vœux voient le jour, leurs effets sur l’emploi ne se feraient sentir que dans des années, voire des décennies. Adieu la stratégie de Lisbonne. Gouverner la stagnation, tel est le nouvel horizon des dirigeants de l’UE.
« L’ "euro-keynésianisme" dont il était encore question au début de la crise n’est plus qu’un lointain souvenir »
Depuis le 19e siècle, les avancées démocratiques sont indissociables du développement économique et social. Les périodes de crise, quant à elles, génèrent souvent des raidissements autoritaires. Conformément à cette règle, la stagnation qui s’installe donne lieu à des processus de régression démocratique. En réponse à la crise, les États européens ont accepté un "grand bond en avant" dans l’intégration européenne. Ils ont pour cela abdiqué l’essentiel de leur capacité d’initiative en matière économique, au profit d’institutions de l’UE – comme la Banque centrale – dont les fondements démocratiques sont dans le meilleur des cas très faibles, mais le plus souvent inexistants.
Si la fabrique du politique est désormais européenne, cela n’implique pas pour autant que la vie politique elle-même le soit devenue. Le fossé ne cesse de se creuser entre l’échelon continental et national : au premier l’initiative de la politique économique, au second le débat démocratique. En l’absence de mouvement social à l’échelle du continent, ce fossé va continuer à se creuser, et la dé-démocratisation s’accentuer. Dans ce contexte, l’émergence d’une majorité de gauche en rupture avec le néolibéralisme, en capacité de gouverner l’UE, est tout simplement inconcevable. L’ "euro-keynésianisme" dont il était encore question au début de la crise n’est plus qu’un lointain souvenir.
Pourtant, les partis de la gauche européenne (PGE), réunis récemment en congrès à Madrid, semblent encore attachés à cette option. Un budget européen substantiel et une banque centrale soutenant les finances publiques, des investissements dans les infrastructures écologiques et une assurance chômage continentale, parmi d’autres mesures, permettraient à leurs yeux l’émergence d’une autre Europe. Hélas, les obstacles à la mise en œuvre d’un tel programme sont infranchissables. Ces mesures sont contraires au code génétique des traités européens en vigueur. La construction de l’Europe s’est effectuée autour du projet "ordo-libéral" d’économie sociale de marché. Comme l’a montré Michel Foucault, dans cette perspective, « la forme fondamentale de la politique sociale, ça ne doit pas être quelque chose qui viendrait contrebattre la politique économique et la compenser ».
« Ce n’est qu’une fois la rupture avec l’UE consommée que la vraie politique pourra commencer »
Il s’agit au contraire de permettre la prise en charge par le marché de l’ensemble des besoins sociaux. Le principe contraignant de concurrence libre et non-faussée, l’indépendance de la banque centrale, les limites à la politique budgétaire, la libre circulation des capitaux, l’absence de politique sociale unifiée, découlent mécaniquement de ces prémisses. Prétendre réorienter l’Europe suppose donc au préalable de briser cette machine infernale.
Au cas où elle connaîtrait des succès électoraux dans un ou plusieurs pays, ce qui est tout à fait possible, une gauche en rupture avec le néolibéralisme sera donc placée devant une alternative implacable : ravaler ses ambitions de transformation écologique et sociale afin de devenir euro-compatible, ou désobéir et in fine rompre avec l’UE. Il n’y a pas de troisième possibilité. Ce n’est qu’une fois la rupture avec l’UE consommée que la vraie politique pourra commencer : politique de plein emploi, réorientation de l’économie en fonction des besoins sociaux, intégration internationale solidaire, planification de la transition écologique…
Laisser imaginer, comme le font des secteurs majoritaires de la "gauche de la gauche", qu’une « autre Europe est possible » à partir de celle qui existe, comporte un risque : celui de susciter le pessimisme et la désespérance parmi les militants et les électeurs. D’ici aux élections européennes de juin prochain, clarifier cette question est donc une nécessité. Un seul mot d’ordre s’impose pour cette campagne : désobéissance à l’Union européenne !
Cédric Durand (maître de conférences en économie à Paris 13) et Razmig Keucheyan (maître de conférences en sociologie à Paris 4). Tribune publié sur le site de Regards.
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Par Manca alternativa le 9 Janvier 2014 à 15:58
Un communiqué d'Ensemble
"Ex-humoriste, Dieudonné évolue désormais au cœur de toute une nébuleuse d'extrême-droite.Tous les spectacles de Dieudonné sont des attaques violentes contre les Juifs, sous couvert d’un antisionisme qui n’est pour lui qu’un prétexte à ses délires. Il a donné la parole à Robert Faurisson, révisionniste patenté et on a vu tout récemment qu’il regrettait le temps des chambres à gaz pour le journaliste Patrick Cohen. Il fait une promotion systématique du geste antisémite de la « quenelle », inspiré du salut nazi.
Dans ses vœux, il va jusqu'à dire : « Je n'ai pas à choisir entre les juifs et les nazis. Je suis neutre dans cette affaire. Je suis né en 1966. C'est passé ! Qui a provoqué qui ? Qui a volé qui ? J'ai ma petite idée ..."
Il a clairement un projet politique d'extrême-droite, comme le montrent ses liens avec le Front national et toute une mouvance d'extrême-droite, qui imprègne ses expressions et ses écrits.
L’audience de ses propos s’inscrit dans un contexte de progression des idées réactionnaires et d’extrême droite, entre les insultes racistes envers Christiane Taubira la banalisation de l’antisémitisme, les agressions contre les musulmans.
De ce point de vue, la méthode initiée par Manuel Valls, qui mène une politique ouvertement xénophobe notamment envers les Roms, est hypocrite, dangereuse et ne peut que renforcer Dieudonné en accentuant sa victimisation. Plus même, l’interdiction des pseudo spectacles de Dieudonné est peu fondé juridiquement car, à juste titre, le droit protège la liberté d’expression et on ne peut condamner des propos qu’après qu’ils soient tenus et non a priori. Une annulation des interdictions par les tribunaux aurait pour effet de le conforter
Des recours sans faille à la justice, dans le cadre des sanctions prévues contre les initiatives racistes et antisémites existent. Cela suppose que les décisions de justice soient appliquées, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui !
Au-delà de ces combats juridiques menés par les associations antiracistes, il convient que toutes les forces de gauche, syndicales et associatives se mobilisent contre tous ceux qui propagent les discours racistes, antisémites et xénophobes. Puisque Dieudonné veut faire oublier ces crimes, rappelons-les, partout, pour montrer qu’il est inhumain de s’en moquer !
Ensemble, Mouvement pour une alternative de gauche écologiste et solidaire, membre du Front de gauche, appelle à l’action unitaire pour faire reculer cette nouvelle peste brune."
Le 9 janvier 2014.
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Par Manca alternativa le 6 Janvier 2014 à 12:48
La grève vient d’être reconduite. On ne peut pas parler des difficultés actuelles de la SNCM sans revenir à la désastreuse privatisation menée à la hussarde en 2005 sous le haut patronage de Dominique de VILLEPIN. Un gigantesque gâchis aujourd’hui et à l’origine un scandale d’Etat. L’offre de la COMEX, une entrée progressive au capital accompagnée d’un apport de 75 millions d’euros, a été écartée au profit de celle de M. Butler, cet énarque de la même promotion que l’ex-premier ministre de Chirac. Ce Franco-brésilien dirigeait un fonds de pensions qui apportait 40 millions de moins en exigeant 10 millions de plus de l’Etat. Il a fait faire à son fonds de placement une affaire rentable à court terme grâce à l’entrée de Veolia sous la houlette de son PDG de l’époque à qui on aurait forcé la main. Une responsabilité que l’Etat a du mal à assumer pendant que Dominique de Villepin joue maintenant l’avocat d’affaires avec, pour clients, des fonds de placement comme son ami Buttler. Il ne lui reste qu’à demander la nationalité brésilienne et apprendre à danser la bossa nova en se bouchant les portugaises pour ne plus rien entendre sur la SNCM.
Et la compagnie Corsica ferries ? Il aura fallu du temps pour que notre ministre des transports s’aperçoive que les subventions ne sont pas clairement perçues chez les concurrents de la SNCM. L’Etat ne fait cependant rien. C’est la CGT qui a déposé plainte et la direction de la SNCM vient de le faire. Comment interpréter l’inaction de l’Etat et des ministres de l’économie est des finances successifs ? Quels lobbies sont derrière l'acharnement de la Commission européenne contre la SNCM et sa bienveillance pour la Corsica ferries ? On connaît l’ultralibéralisme de son président atlantiste.
Que veulent tous ceux qui œuvrent pour couler la SNCM ? Ils lui convoitent sa délégation de service qui lui assure près de 65% de son chiffre d’affaires pendant 10 ans ! Dans son rapport, la commission d’enquête parlementaire a identifié les charognards et leurs appuis politiques. Comment l’Etat peut-il abandonner une compagnie dont l’avenir est assuré à 65%, sans se rendre responsable d’un désastre social et économique ? Sera-t-il complice d’une machination financière ?
Pour tuer un chien, on l’accuse de la rage. C’est ce que d’aucuns font avec la CGT accusée d’abuser du droit de grève. Les salariés de la SNCM se voient donc (toujours par les mêmes) reprocher leurs grèves, mais c’est grâce à leurs actions et à leurs syndicats (en premier lieu la CGT) que la SNCM n’est pas encore liquidée. C’est aussi par leurs actions que seront évitées toutes les conséquences économiques et sociales d'un dépôt de bilan pour la Corse et Marseille. Les salariés ne font pas grève pour perdre leur travail mais pour conserver leur compagnie pendant que d’autres s’acharnent à la saborder. Comment ne pas comprendre le désastre financier, économique et humain qu’entraînerait une liquidation judiciaire de la SNCM livrée aux vautours ? L’Etat a plus à y perdre qu’à y gagner. Malheureusement, aucune solution pérenne n’a été apportée à ce jour en dehors d’un accord passé en octobre dernier et auquel la Commission européenne a répondu par un doublement des subventions à rembourser soit au total plus de 440 Millions d’euros, décision suivie d’une nouvelle plainte de la Corsica ferries. Pourquoi s’en priver puisque ça marche ! La ficelle est grosse qui veut pendre haut et court la SNCM, il faut maintenant qu’elle lui serve de cordage d’amarrage. Il est temps que les manigances se retournent contre leurs auteurs.
Pour cela la CGT et la direction de la SNCM réclament l’obligation du pavillon français premier registre pour tous les opérateurs établis en France, donc pour la Corsica ferries dont les navires battent pavillon panaméen et embarquent des équipages multinationaux non soumis aux règles sociales française. Cet état de fait entraîne une distorsion de concurrence. Le ministre des transports a promis un décret qui «permettra de rétablir la situation», en «obligeant les compagnies étrangères qui interviennent dans les eaux intérieures à s'aligner sur les règles sociales françaises». Aujourd’hui, les syndicats ne se contentent plus de promesses et de déclarations floutés. L’apport en trésorerie de 30 millions d’euros annoncés n’a fait qu’attiser les inquiétudes. La maladresse de l’annonce faite par le truchement de Patrick Menucci, candidat aux Municipales de Marseille a été très ma perçue.
Enfin, face au souhait de Veolia de se désengager de l'actionnariat de la SNCM, les syndicats réclament une table ronde pour plancher sur un «actionnariat public d'intérêt général» avec la Caisse des dépôts et consignations (CDC) et les collectivités, aux côtés de l'Etat (25%) et des salariés (9%). Sans réponse concrète pour l'instant. A Marseille, on évoque un repreneur qui ne s’est pas encore déclaré. Selon le JDD, l'ancien président du port autonome de Marseille, Christian Garin, serait intéressé pour reprendre la SNCM. A la mairie de la Cité phocéenne, on confirme qu'il est un candidat «crédible» même si rien n'est encore fait. Encore une information périmée: l'offre remonte à huit mois, n'a pas été retenue et a donc été abandonnée par le candidat.
Pour le moment, en Corse, la pénurie n’est pas à craindre même si tous les produits consommés viennent du continent. A l’export, la principal marchandise victime de ce blocage pourrait être la clémentine, dont la saison bat son plein. Des transporteurs refusent d’être tributaires de la Corsica ferries, malgré l'annonce par la compagnie privée de bateaux supplémentaires, "S'ils s'engagent à mettre des bateaux supplémentaires, il faut qu'ils s'en tiennent à l'engagement qu'ils ont pris", souligne-t-on du côté des transporteurs corses. "La décision de l'arrêt du fret pour tout le monde a donc été prise "pour mettre tout le monde sur un pied d'égalité", explique Jean-Marie Maurizi, le président du syndicat professionnel des transporteurs corses. Ce dernier envisageait un blocage des ports insulaires et a demandé à la Corsica ferries de ne pas transporter le fret. La direction de cette compagnie maritime se conformera à cette demande, faisait savoir un responsable. La presse titra rapidement le blocage de la Corse... et presque l’embargo. Les producteurs de clémentines ont fait les gros yeux et tout est rentré dans l’ordre: le fret ne sera pas bloqué et la Corsica ferries transportera les clémentines sur le Continent.
De son côté, le président de l'Office des Transports de la Corse (OTC) estime que c’est "la grève de trop" et aurait mis en demeure la SNCM et la CMN, d’assurer un "service social et solidaire", prévu par la Convention de délégation de service public maritime. Drôle d’appellation pour réclamer un « service minimum obligatoire », une vieille idée de la droite pour limiter le droit de grève qui est un dernier recours et l’unique action efficace des salariés pour se faire entendre. Ce service maritime minimum a été intégré à la dernière Convention de délégation de service public, afin d’assurer une continuité du service en cas de conflit. Ce dispositif est prévu pour s'appliquer dès le cinquième jour de grève. Il est accompagné de conditions restrictives mais reste une limitation de la grève, comme un coin enfoncé pour ouvrir la porte à d’autres atteintes à ce droit.
La grève a été reconduite pour 48 heures, Samedi dernier. Elle est à nouveau reconduite aujourd’hui. A la SNCM, de nouvelles assemblées générales étaient prévues en début de matinée pour décider des suites du mouvement. C’est fait. Nous espérions que l’Etat et la CTC favoriseraient des avancées au lieu de mettre de l’huile sur le feu, comme l’a fait le Président de l’Office corse des transports en déclarant aux journalistes : "Il faut que cette grève cesse rapidement sinon les choses peuvent dégénérer en Corse." Il ne faut pas écouter le chant des sirènes qui déclenchent des tempêtes dans des verres d’eau. Même si d’aucuns disent que la tension monte en Corse pour la faire monter, il n’y a pas de pénurie à craindre et la Corse n’est pas au bord de l’implosion à cause de la grève en cours à la SNCM, malgré le « pas de deux » médiatique dansé par le patron du syndicat professionnel des transports corses et la Corsica ferries, aux quels s’est joint le Président de l’Office corse des Transports.
Au lieu de danser avec les loups, nous aimerions voir la CTC et l’Etat plus combatifs face au lobbying de la concurrence et à la Commission européenne, au lieu de laisser les salariés de la SNCM et de la CNM dans la souffrance tout en condamnant leur grève.
Des journalistes indépendants suivent le dossier SNCM. Aujourd’hui, sur son site Bakchich, Enrico Porsia interroge sur la Compagnie low cost italo-suisse Corsica ferries« qui a pourtant perçu près de 180 Millions d'euros de subventions payées par nos impôts et de façon indue. Et toujours aucune réponse sur la demande d'ouverture d’une enquête fiscale auprès du Ministre des Finances. Pourquoi le gouvernement ne s’intéresse pas à la fraude sur la taxe des transports en Corse qui a fait pourtant l'objet d'une motion adoptée à l'unanimité par l'Assemblée de l’île ? Qu’attendent donc les services de M. Pierre Moscovici pour aller contrôler les comptes des sociétés du groupe Corsica ferries ? ». Alain Verdi a constitué un dossier complet sur l’affaire « SNCM » sur son site « Pericoloso sporgersi ». Ce chroniqueur revient sur la plainte déposée par la CGT qui s’appuie, notamment, sur le rapport public annuel 2009 de la Cour des Comptes (Page 561) dénonçant l’absence totale de contrôle pour l’attribution de l’aide sociale dont 85 % auraient bénéficié à la Corsica Ferries sur simple déclaration du nombre des passagers transportés.
Pour quelles raisons, les articles de ces deux journalistes et les communiqués des syndicats ne trouvent que peu d’échos auprès de la grande presse qui préfère commenter les tracas occasionnés par la grève plutôt que le fond de l’affaire et les causes du conflit ? On peut se poser la question et prendre le temps de s’intéresser davantage à la réalité d’un scandale politique et financier. Les responsabilités d’une grève ne sont pas à chercher chez les grévistes mais chez ceux qui ne leur laissent pas d’autre choix.
Matalone
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