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Par Manca alternativa le 19 Mars 2014 à 19:14
Hier 18 mars, pendant que des manifestations se sont déroulées contre le pacte de responsabilité et la politique d’austérité, le conseil de surveillance de la SNCM a autorisé le directoire à signer la lettre d'intention de commande pour deux ferries au gaz naturel liquéfié auprès de STX Saint-Nazaire. Deux autres navires sont en option car il s’agit in fine d’une commande annoncée de 4 navires« Le président du directoire, Marc Dufour, a reçu mandat pour signer la lettre d'intention qui ouvre la séquence de dialogue exclusif avec STX France », a indiqué un porte-parole de la SNCM à l'issue du conseil de surveillance, qui se déroulait à Paris, ce mardi.
Pour autant, la SNCM est-elle sauvée de la liquidation ? Non. Il ne s’agit que d’une lettre d’intention et non d’une commande ferme qui ne verra le jour que si un financement est arrêté en avril prochain, donc après les Municipales. Le diction dit: "En avril ne découvre pas d'un fil!" car, après le chaud, on pourrait souffler le froid. Même si nous souhaitons une issue favorable à la SNCM et son personnel, nous ne voulons pas jouer les oiseaux de mauvais augure mais il serait naïf de croire que la raison l’a emporté et s’en réjouir trop vite. Sans financement, pas de commande.
On a vu se dessiner une coalition contre la SNCM et, pour le moment, c’est le coût social très élevé de sa liquidation et la combattivité de certains syndicats dont la CGT en première ligne, qui a fait jour à une solution qui, faut-il le rappeler, s’accompagne déjà de licenciements.
D’aucuns œuvrent encore pour qu’il reste deux compagnies sur les lignes entre la Corse et le continent français. La Corsica Ferries France (CFF) et la Compagnie Méridionale de Navigation (CMN) pourraient se répartir les passagers et le fret. D’autres militent pour la création d’une Société d’Économie Mixe (SEM) régionale qui sert d’alibi pour justifier le naufrage de la SNCM car personne ne croit réellement à la viabilité d’une SEM régionale. Le projet de SEM est un appât électoral pour les uns et un projet idéologique pour les autres.
Un journaliste indépendant, Pierre Verdi, met en évidence dans une série d’articles « l’intérêt de certains armateurs conjugué aux calculs politiques (nationaux et régionaux), sans que l’on sache vraiment qui instrumentalise qui. Tout cela s’est inséré, écrit-il, dans une remise en question, au niveau de l’Union Européenne, des sociétés « à statut » et à participation publique ». Allez lire les articles sur son blog : pericoloso sporgersi. Il s’agit d’un dossier complexe car complet. Comme l’écrit le journaliste, si le monde actuel fuit la complexité, pourtant seul ce qui est complet s’approche de la vérité.
Dans le contexte économique actuel où prédomine l’idéologie néolibérale, la commission européenne pèse de tout son poids pour que ’époque des entreprises publiques soit révolue pour laisser la place à des sociétés Low Cost.
Nous verrons en avril prochain si François Hollande et son gouvernement ont gagné du temps pour finalement donner raison à la commission européenne. Seul l’Etat peut montrer une volonté politique dans ce dossier, sachant que l’actionnaire privé de la SNCM (Transdev, filiale de Véolia) veut se désengager. Si le financement des nouveaux navires et une restructuration du capital de la SNCM n’interviennent pas, François Hollande en portera l’entière responsabilité et un remaniement ministériel ne justifiera pas une décision prise de longue date. Cela ne pourra pas passé pour un revirement pragmatique mais apparaitra comme une complicité.
Plus que jamais, les personnels de la SNCM et leurs syndicats doivent rester vigilants et mobilisés ! Plus que jamais, ils ont besoin de tous les soutiens !
Matalone
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Par Manca alternativa le 16 Mars 2014 à 11:41
Thomas Coutrot, co-président d´Attac France, membre du Conseil scientifique d´Attac et des économistes atterrés, économiste et statisticien, a tenu une conférence suivie d’un débat organisé vendredi 14 mars en Corse par le FSU syndicat enseignant. C’est l’occasion de revenir sur une analyse critique de la politique néolibérale et d’avoir sa propre opinion plutôt que de gober les stratégies économiques des experts d’une oligarchie politico-médiatique. On connaît leur discours. Les mesures qui sont proposées s'appuieraient « sur la conviction que l'on peut concilier compétitivité, flexibilité et sécurité pour les salariés ».
Pas de « réduction du déficit à 3% du PIB » pour 2013. On se souvient de cet aveu d’échec fait par Jean-Marc Ayrault alors que Matignon s’était engagé à cet objectif absurde en voulant réduire à marche forcée le déficit public dans une période de récession. Thomas Coutrot l’avait prédit comme d’autres économistes atterrés mais François Hollande a continué à faire la politique de l’autruche en chantre de la politique d’austérité prônée dans les médias enfermés dans un autisme néolibéral. L’austérité n’est pas la solution car elle entraîne« dépression et récession ».
L’austérité n’inverse pas la courbe du chômage mais crée du chômage et précarise l’emploi lorsqu’elle est associée à des pactes de compétitivité dont le dernier en date, après l’accord ANI, est nommé « pacte de responsabilité », une fumisterie que la droite n’aurait pas osée. Le comble est que le Medef obtient plus de la gouvernance socialiste néolibérale que de la droite ultralibérale. Les patrons obtiennent des avantages énormes au détriment du financement de la solidarité et des services publics. Le chômage apparaît comme un moyen de chantage à long terme. Il ne s’agit donc pas de le réduire mais de le rendre endémique tout en contrôlant sa fourchette supportable. A 10%, le Medef ne recule devant aucune demande et le gouvernement s’ingénie simplement à faire passer les injustices comme des remèdes à une crise qui n’en finira jamais.
Si nous prenons un exemple dans l’actualité économique, Peugeot-PSA est significatif. Après avoir décidé de fermetures d’usines et de licenciement, le groupe lance une campagne de recrutements intérimaires avec travail de nuit pour assurer les commandes de la Peugeot 308, baptisée véhicule de l’année. On supprime des CDI pour faire appel à l’intérim. Les chaînes de montage ne s’arrêtent plus, jour et nuit. Voilà le modèle de patronat à qui le pacte de responsabilité octroie des milliards sans contreparties chiffrées et qui créera des emplois intérimaires. Le chômage est devenu l’alibi pour précariser les travailleurs. En avril prochain, le site Peugeot-PSA d’Aulnay va fermer et 400 intérimaires sur 880 seraient remerciés. Aujourd’hui on en embauche d’autres pour créer des équipes de nuit à Sochaux. A la place des CDI, on embauche des intérimaires de façon à pouvoir réduire les effectifs à volonté. La « flexibilité », c’est la précarité des travailleurs. Lors de la réunion du 25 septembre 2013, M. Varin PDG de PSA devait prendre des « engagements » sur l’emploi en contrepartie des reculs sociaux que les salariés devraient accepter dans le « nouveau contrat antisocial ». En fait de contreparties, les organisations syndicales n’en ont eu aucune, et au contraire c’est la poursuite de délocalisations qui a été annoncée. La direction de PSA Peugeot Citroën et quatre syndicats ont signé jeudi 24 octobre 2013 officiellement un accord de compétitivité qui garantirait la pérennité des sites en France d'ici à 2016, en échange d'efforts des salariés. Dans un communiqué, le constructeur a indiqué qu'"à l'issue d'un comité central d'entreprise (CCE) qui a donné un avis favorable". Le nouveau contrat social a été signé entre la direction et quatre organisations syndicales (CFE-CGC, CFTC, FO et GSEA). « Compétitivité, flexibilité et sécurité pour les salariés », quelle sécurité ? Ce soit disant bon accord serait le résultat de "la qualité du dialogue social". La CGT et la CFDT ont refusé de le signer. La stratégie patronale et gouvernementale est de diviser les syndicats.Les syndicalistes du site d’Aulnay détenaient un document secret de la direction qui prévoyait la fermeture d'Aulnay. Et la direction jurait main sur le cœur que ce n'était pas vrai. Les ouvriers avaient décidé de se jeter dans la bagarre et c’est leur combat qui a fait bouger les lignes même si le site d’Aulnay sera fermé. Un film a été réalisé sur leur lutte : « On se battra comme des lions” (cliquer ici)
Où en est-on en ce qui concerne le site d’Aulnay ? Nous avons trouvé le compte rendu d’un syndicaliste à une sortie d’audience devant un tribunal…
Un nouveau patron arrive à la tête du constructeur automobile avec l’appui du gouvernement et sa personnalité ne laisse aucun doute sur la politique menée. Il s’agirait de Louis Gallois. En 2008, il est le quatorzième patron le mieux payé de France avec 2,52 millions € de rémunérations annuelles. Après la SNCF et EADS, on parlait de lui comme ministre de l’industrie dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault qui l’a chargé de la rédaction d'un rapport sur la compétitivité française, qu'il remet le 5 novembre 2012 à son commanditaire. Ce rapport, qui fait la part belle aux patrons, est devenu la bible de la politique néolibérale menée par François Hollande et son gouvernement. On lui doit l’expression « sécurisation de l’emploi » pour justifier sa précarisation et le recours au chômage partiel. Voilà un nouveau PDG, partisan du « pacte social » qui s’inscrira dans la politique de Peugeot-PSA en matière d’emplois. Il préconisait un « choc de compétitivité » en « déchargeant le travail dans l’entreprise du poids du financement d’une partie des prestations sociales, notamment de celles de solidarité, en le reportant sur la fiscalité et la réduction de la dépense publique », de qui permettrait « d’apporter un « ballon d’oxygène » aux entreprises pour l’investissement et d’amorcer la montée en gamme. »
La diminution du coût du travail ne génère pas d’emploi mais crée du chômage. Cela ne diminue pas les prix des marchandises et des services. Il s’agit pour les grandes entreprises de distribuer toujours plus de dividendes. La politique d’austérité grève le pouvoir d’achat et donc contrarie la consommation. L’Etat finance des entreprises qui continuent à licencier et c’est le cas pour Peugeot-PSA.
A côté des bagnes modernes, s’est créée une organisation "néolibérale" du travail : flux tendus, standardisation des procédures, autonomie contrôlée… On y ajoute la précarité et le recours à l’intérim. Certaines sociétés d’intérim offrent déjà des emplois à temps complets. Thomas Coutrot en tire la conclusion: les salariés "sont des sujets dans leur travail, des objets dans leur emploi". Les salariés doivent mobiliser leur intelligence et leur passion au service de l'entreprise, alors qu'en retour celle-ci les traite comme des marchandises, dont on se sert ou que l'on jette au gré des circonstances.
Rompre avec le fédéralisme austéritaire pour reconstruire une Europe démocratique et solidaire. Thomas Coutrot, n'a eu de cesse de démontrer la faillite des politiques d'austérité en Europe. Nous mettons en ligne son point de vue…
L’organisation du travail, le fédéralisme austéritaire, l’oligarchie européenne… sont responsables d’une crise qui n’en finit pas. En outre, au moment où la pollution pose des problèmes graves de santé publique, nos modèles de consommation aggravent la crise écologique.
"L'amélioration des services publics, la gratuité des transports, la diminution de la facture énergétique grâce notamment à l'isolation des logements... Il y a beaucoup de façons d'améliorer le confort de vie sans dépenser et sans consommer plus" explique Thomas Coutrot.
Refusant la fatalité de la crise imposée par le système politico-médiatique, Thomas Coutrot participe à la réflexion et la diffusion de propositions économiques et fiscales alternatives pour une plus grande justice sociale ainsi qu’un meilleur partage du travail et des richesses.
Il faut tirer les leçons de passé, sinon à quoi servirait l’expérience. Il faut proposer des alternatives crédibles qui s’appuient sur les mouvements sociaux pour changer les rapports de force. Des réponses humanistes peuvent être apportées aux questions actuelles : Comment maîtriser la finance et l’économie ? Doit-on redéfinir le rapport entre les hommes et la nature, redonner un sens social au travail ? Démocratiser l’État et l’économie, humaniser la mondialisation en tirant les progrès sociaux vers le haut et non pas vers le bas ? Peut-on construire et gouverner les biens communs de l’humanité par une démocratie active ? La fiscalité peut-elle être juste ?
François Hollande applique une politique néolibérale sans lendemain qui chante pour les travailleurs. Il pactise avec le patronat. Il néglige l’écologie. Il suffit de relever à quels postes de ministres il a place les deux écologistes du gouvernement. Le débat organisé par la FSU a permis d’aborder des thèmes sur lesquels nous devons réfléchir lors des campagnes électorales des Municipales et des Européennes. Alors que l’on invente des mots hypocrites pour revenir sur tous les acquis sociaux (flexibilité, compétitivité, pacte social, sécurisation de l’emploi…), les problèmes abordés touchent aux conditions de vie, au travail et à l’avenir des peuples européens.
Manca alternativa a ouvert le plus concrètement possible des débats sur la plupart des interrogations qui se posent aujourd’hui. Il faut choisir le modèle de société souhaitable pour le plus grand nombre. Au niveau local, les sujets ne manquent pas : gratuité des transports, maîtrise des services de l’eau, services publics, culture.... Mais on ne peut pas regarder uniquement le bout de son nez : chaque élection est un enjeu national et non pas un jeu de chaises orchestré par les barons locaux des grands partis en place. Le chômage reste un problème national, comme la défense des services publics, la santé, l’enseignement et la sécurité notamment.
A chacun d’apporter sa contribution en débattant dans son entourage et en participant aux actions programmées comme celle du 18 mars 2014 à laquelle le FSU, la CGT et FO ont unitairement appelé.
Barbutu
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Par Manca alternativa le 15 Mars 2014 à 11:53
Contre les attaques antisociales du patronat et du gouvernement,
Pour la satisfaction des revendications syndicales,
Agissons tous ensemble et rejetons l’austérité !
Avec le « pacte de responsabilité » F. Hollande donne de nouveaux gages au patronat.
2013 fut marquée par l’appui gouvernemental aux signataires de l’accord pour l’(in)sécurisation de l’emploi, le soutien de l’Etat aux directions d’entreprises qui jetaient à la rue des travailleurs-ses, et par la contre-réforme des retraites. 2014 démarre avec des reculs face aux forces réactionnaires et par un nouveau cadeau aux patrons : la promesse de l’exonération de plus de 35 milliards de cotisations sociales « patronales » correspondant aux prestations de la branche Famille de la Sécurité sociale.
Les « contreparties » évoquées sont une fumisterie.
Les multinationales et le système financier responsables du désastre économique et social continueront à sacrifier des millions de salarié-es des grands groupes comme des PME. Cela fait des dizaines d’années que les actionnaires obtiennent des gouvernements successifs des exonérations de cotisations sociales et un renforcement de la précarité, contre la promesse d’embauches : en réalité, le nombre de chômeurs-ses n’a cessé de croître et les profits confisqués par les patrons et les actionnaires ont explosé !
En 10 ans, le patronat a bénéficié de 250 milliards d’exonération de cotisations sociales pour « faciliter l’emploi » : résultat, les profits des actionnaires explosent mais le niveau de chômage bat des records avec environ 5 millions de chômeurs et chômeuses !
Il n’y a pas d’équilibre possible entre les intérêts des travailleurs-ses et ceux des patrons.
Ce que ces derniers gagnent, nous le perdons. Mais l’inverse est possible à condition de recréer un rapport de forces qui nous soit favorable.
L’unité syndicale est un élément déterminant et des syndicats se sont engagés à travailler à la construction d’un mouvement unitaire
- N’abandonnons pas la rue aux réactionnaires,
- Ne laissons pas nos entreprises aux actionnaires qui s’enrichissent sur notre dos et détruisent les emplois,
- Ne sacrifions pas nos services publics en les laissant aux mains de gouvernements qui les détruisent.
Les syndicats estiment qu'il s'agit d'un cadeau de 40 milliards d'euros fait aux entreprises.
Pour être efficace, l’action doit être
unitaire et largement soutenue.
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Par Manca alternativa le 13 Mars 2014 à 10:26
Ils ont l’air malin maintenant, les avocats qui ont signé une pétition contre la mise sur écoute de Maître Herzog et son client Sarkozy, puisque Maître Herzog n’a jamais été mis sur écoute. Seul son client l’était. Pire, l’avocat aurait ouvert une ligne de téléphone utilisée par Nicolas Sarkozy en usurpant l’identité d’un ami, Paul Bismuth qui existe bel et bien. Il s'agit d'une connaissance de Thierry Herzog, rencontrée sur les bancs du lycée Jacques-Decour, dans le IXème arrondissement de Paris, au début des années soixante-dix. Bien que la victime ait annoncé son intention de déposer plainte, nous ne nous faisons aucune illusion car, entre amis, on arrive toujours à s’arranger et l’usurpation d’identité sera finalement considérée comme un péché véniel. Bien sûr, les avocats vont transformer leur soutien à Sarkozy et Maître Herzog par un débat sur leur secret professionnel qui doit, selon eux, être davantage protégé. Il l’est pourtant déjà et, jusqu’à cette affaire Sarkozy, ils se satisfaisaient de l’encadrement prévu par la loi. Certains rêvent peut-être de plaider en ces termes : « mon client ayant voté pour Sarkozy, il a la légitimité suprême et il vous ordonne de le relaxer ».
Ils ont l’air malin les Copé et consorts de l’UMP mais aussi tous ces journalistes (en particulier du Figaro) qui ont crié au scandale et demandé la démission de la Ministre de la Justice Christiane Taubira accusée d’avoir menti en disant qu’elle n’était pas informée de la mise sur écoute de Nicolas Sarkozy depuis un an. En premier lieu, l’écoute remonte à septembre 2013 et cela ne fait que sept mois et non pas un an. En second lieu, tous ces gens qui défendent la présomption d’innocence de Nicolas Sarkozy, condamnent sans information et sans procès la Garde des sceaux. S’il s’agit de préserver l’indépendance de la justice, ils ne sont pas les mieux placés avec Sarkozy qui voulait museler les seuls juges indépendants, les juges d’Instructions et entretenait des relations des plus amicales avec des juges du Parquet. Que veulent-ils ? Créer un contre-feu pour faire oublier le fond des affaires dans lesquelles Nicolas Sarkosy et ses affiliés sont mis en cause. Il faut croire que le danger est grand si on le met en rapport avec l’artillerie qui a été sortie contre Christiane Taubira pour atteindre Hollande. On a assisté à ce dont sont capables les amis politiques et médiatiques de Sarkozy pour déstabiliser les juges d’instructions en charge des dossiers dans lesquels il apparaît. Malgré les dernières révélations sur la réalité du dossier Sarkozy/Herzog/Azibert, l’intox médiatique continue sur des chaînes télévisées. Lorsque la presse est malade, lorsque la justice est malade, c’est la démocratie qui est en danger et ce sont les politiciens qui en sont responsables.
Les lieutenants de Sarkosy seraient-ils en train de perdre les pédales ? Je ne parlerai pas d’Henri Guaino qui, à chacune de ses interventions, est lamentable. Jean-François Copé essaie de faire oublier ses propres ennuis et ne sait que faire fonctionner sa fabrique de brouillard. Lorsqu’il ouvrira enfin ses fenêtres sur la réalité, il risque de trouver le beau temps judiciaire car le brouillard est toujours éphémère et, un jour ou l’autre, la vérité apparaît en plein soleil. Brice Hortefeux a refusé de rencontrer sur un plateau télévisé Edwy Plenel, le rédacteur en chef de Médiapart qui a révélé le contenu des écoutes le concernant. L’ami et ex-ministre de l’Intérieur de Sarkozy se serait fait expliquer comment il devrait répondre à un enquêteur dans l'affaire Kadhafi pour bien s’en sortir, en connaissant même les questions qui lui seraient posées. A l'époque le patron complaisant de la PJ était celui nommé par Sarkozy au début de son quinquennat. Pour un ministre de l’Intérieur qui demandait des résultats à la police, ça fait désordre. On peut mettre en parallèle ce comportement avec celui de son successeur Claude Guéant qui, selon Patrick Buisson, savait « un peu se mouiller avec le Parquet ». Cela ne rend-il pas plausible l’affaire Azibert, avec un précédent en la personne du juge Courroye ?
Tous ces gens-là parlent d’acharnement des juges et de complot politique. Ils font comme si tous les dossiers judiciaires qui rattrapent Sarkozy, après cinq années d’immunité présidentielle, étaient des affaires montées par ses adversaires politiques. Ils foulent au pied l’indépendance et le travail des juges d’instruction. Nous, ce que nous voulons savoir c’est la vérité sur toutes ses affaires et, pour cela, il faut laisser les juges faire leur travail sereinement. Dans un Etat de droit, ce ne sont ni les politiciens, ni les avocats, ni les journalistes qui instruisent les dossiers judiciaires. Fort heureusement ! Les politiciens proposent et votent des lois. Les avocats défendent leurs clients et ne devraient pas dénigrer les institutions judiciaires. Les journalistes devraient informer sur des faits vérifiés, en toute indépendance et en toute objectivité. Malheureusement certains ne font que servir des politiciens en désinformant ceux qui les écoutent. Lorsqu’un politicien qui n’a plus d’immunité commet des délits, lorsqu’un avocat viole le droit, lorsqu’un journaliste diffame… Ce sont les juges d’instructions qui instruisent les dossiers judiciaires avec tous les moyens que leur donne la loi. Ils le font selon le principe de l’égalité de traitements de tous les justiciables. C’est simple. C’est clair. C’est démocratique. Tout le reste n’est que divagations et manigances !
Dans l’actualité, il y a un couple sarkoziste dont on ne parlait plus : les Balkany. Ils sont suspectés de fraude fiscale et de blanchiment d’argent. Eux aussi parlent d’acharnement. Alors ils organisent leur propre soutien. Leurs fans ont même réalisé un clip… avec l’adaptation d’une chanson de Goldman. Ils n’ont demandé aucune autorisation et le chanteur-compositeur n’a pas apprécié l’usage d’une chanson qu’il avait offert aux restaurants du cœur. Pire ! Ces fans se seraient aussi inspirés du logo des restaurants du Cœur à la gloire d’un politicard qui avait déclaré à un journaliste étranger qu’en France il n’y avait pas de misère. Et dire que ce couple était chargé un temps de l’éducation politique du fils Sarkozy. Jean Sarkozy ? Il y aurait encore tant à dire mais la presse indépendante a déjà parlé du poste raté à l’Epad et de celui octroyé d’assistant en faculté malgré des études poussives et son échec au diplôme d’avocat. Là encore, il s’agit sans doute d’acharnement contre le fils brillant d’un père prestigieux, tous deux d’une grande moralité. J’entends le mot « népotisme » qui rime avec despotisme. Jamais de la vie ! Ne faisons pas du mauvais esprit !
Nicolas Sarkozy est au-dessus de tous soupçons. Il fut un président exemplaire et efficace. Il suffit de faire la liste de toutes les casseroles qu’il traîne et le bilan de son quinquennat pour s’en convaincre. Sur le site Agoravox, certains sont revenus sur son œuvre.
Le bilan économique du quinquennat de Nicolas Sarkozy est édifiant. Selon l’Agence France Trésor, de 2007 à 2012, la dette publique de l’Etat est passée de 921 milliards d’euros à 1 386 milliards d’euros, soit une explosion de 50,4% en l’espace de cinq ans équivalent à 465 milliards. Quant à la dette globale publique de la France, c’est-à-dire la dette de l’Etat, des organismes sociaux et des collectivités territoriales, selon l’Institut national de la statistique et de l’étude économique (INSEE), elle est passée de 1 221,1 milliards d’euros à 1 818,1 milliards d’euros, soit une hausse de 48,9%, d’un montant de 597 milliards.
Pour ce qui est de la croissance économique, selon Eurostat, elle est passée de 2,3% en 2007 à 0% en 2012, plongeant la France dans la récession. Quant à la balance commerciale, toujours selon Eurostat, elle a explosé de moins 52 milliards en 2007 à moins 81,5 milliards en 2012, soit une détérioration de 56,7%, représentant la somme de 29,5 milliards d’euros.
Au niveau du chômage, selon l’INSEE, le taux est passé de 8,4% en 2007 à 10,2% en 2012, soit une augmentation de 1,8% équivalant à une perte de 436 700 emplois.
On peut reparler des cadeaux fiscaux faits aux grandes fortunes et aux grosses entreprises du CAC 40. Il a contribué ainsi à une grave diminution des recettes tributaires et à un sérieux appauvrissement de l’Etat compensé par la suppression de milliers d’emplois de fonctionnaires. Par exemple, les plus hauts revenus ont vu leur taux d’imposition passer de 49% à 41% et les sociétés de 50% à 34,6%. Ainsi, entre 2007 et 2012, les recettes fiscales ont baissé de 196 milliards d’euros. Avec une telle somme, Sarkozy aurait pu construire 2 millions de logements sociaux, ou créer 6 millions d’emplois dans la fonction publique (éducation, santé, culture, loisir) avec un salaire mensuel net de 1 500€. N’oublions pas la construction de son avion présidentiel qui a coûté 250 millions d’euros et ses augmentations de rémunération, alors que la dette se creusait.
Par ailleurs, en 2004, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Economie, a décidé de vendre 600 tonnes d’or de la Banque de France sur une période de 5 ans, pour la somme de 9 milliards d’euros. Cette opération s’est révélée catastrophique. En effet, l’once d’or était à l’époque à son cours le plus bas : 409,72 dollars. Il est passé en l’espace de 5 ans à plus de 1 384 dollars. Si Sarkozy avait vendu l’or à la fin de son mandat, la France aurait empoché plus de 18 milliards de dollars.
La présidence de Nicolas Sarkozy est le symbole de l’échec des politiques néolibérales qui sont politiquement dangereuses, économiquement inefficaces et socialement désastreuses. L’argent public a été dilapidé et l’Etat-providence démantelé, occasionnant une crise économique sans précédent et une grande fracture sociale, dans le seul but de protéger les intérêts des puissances d’argent.
Si on dresse son bilan judiciaire, on comprend pourquoi il voulait mettre au pas les juges d’instruction. Ces dernières années, les affaires ont succédé aux affaires (scandale Woerth-Bettencourt, affaire Karachi, affaire Takkiedine, affaire des "fadettes" des journalistes du "Monde", affaire Tapie, affaire Buisson… etc). Son gouvernement a refusé tout discours préconisant une réforme du statut du parquet lui garantissant une véritable indépendance. Le sujet en était même devenu tabou, paraît-il. Si l’on revient aux propos de Patrick Buisson sur Claude Guéant, on comprend là encore pourquoi.
Au sein de l’UMP, Jean-François Copé semble avoir renoncé à faire le bilan politique du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Il en avait parlé mais c’était à l’époque au le candidat putatif à la succession se croyait fort car il détenait les clés de son parti. Depuis lors, de l’eau est passée sous les ponts. Il n’est plus qu’un président de l’UMP contesté et suspecté d’avoir fait gagner de l’argent à des amis sur le dos des militants.
Alors arrêtez messieurs les journalistes de certaines chaînes de télévision de vous rendre complices des manigances d’une droite aux aboies ! Et puis faites votre travail avec autant d’indépendance et de sérieux que les juges d’instruction. Au lieu de vous mobiliser pour sauver le soldat Sarkozy, nous aimerions davantage vous entendre au sujet des enfants qui meurent dans des guerres auxquelles les civils paient le plus lourd tribut. Dans les conflits qui secouent le Monde, nous aimerions que vous fassiez plus objectivement votre travail au lieu de diviser de façon manichéenne les belligérants en gentils et méchants en conformité avec ce que les puissants attendent de vous. Dans nos affaires intérieures, il serait salutaire que vous ne privilégiez plus les faits divers et l’enfumage politique.
Ce qui est révoltant pour nous chez les membres du gouvernement et François Hollande, ce n’est pas que Christiane Taubira ait ou n’ait pas menti, ce n’est pas que François Hollande ait ou n’ait pas été informé de la mise sous écoute de Nicolas Sarkozy… Ce qui est révoltant, c’est que François Hollande suive la trace de son prédécesseur, symbole de l’échec des politiques néolibérales qui sont politiquement dangereuses, économiquement inefficaces et socialement désastreuses. Et de cela, aucun de ces chroniqueurs qui attendent le retour de Sarkozy, ne s’en plaignent vraiment. Contre Hollande, ils défendent Sarkozy. Contre Mélenchon, ils défendent Hollande. Pour que Sarkozy ou Hollande soit réélu, ils font monter le Front national. Ce sont les mêmes et c’est pour cela qu’ils ont pu coller leurs ventouses au sein des chaînes de télévision et de certains journaux. C’était bien Nicolas Sarkozy qui revendiquait la nomination des présidents des chaînes audio et vidéo publiques par le pouvoir ? Il l’a fait. On a envie à dire à tous ces animateurs de télé, ne vous comportez pas comme Antoine de Caunes sur Canal+ qui a chassé un vrai journaliste Edwy Plenel de son « grand journal » pour faire plaisir à un politicien, Brice Hortefeux. On voit toute l’ambiguïté d’une telle attitude qui humilie le journaliste et baisse le pantalon devant un politique. C’est symbolique de ce qu’est devenue la télévision privée mais aussi publique.
Maintenant, il va bien le mot fin à cet article un peu trop long sans doute mais il y aurait encore tant de choses à dire… Le mot fin va bien aussi à la pseudo-affaire Christiane Taubira. Le mot « commencement » devrait arriver aux ennuis judiciaires de tous ceux qui se croient au-dessus des lois.
U barbutu
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Par Manca alternativa le 11 Mars 2014 à 18:12
Communiqué de Ensemble
Les organisations patronales et trois organisations syndicales se sont mises d'accord, le 5 mars, sur un document mettant en oeuvre le pacte de responsabilité annoncé par F. Hollande le 14 janvier dernier.
Cet accord est un véritable marché de dupes.
Comme le Medef n'a cessé de l'exiger, il ne prévoit aucune contrepartie chiffrée en terme de création d'emplois en échange des 30 milliards de cadeaux fiscaux.
Tout est renvoyé aux négociations dans les 750 branches. Il suffira d'un relevé de conclusions mais sans obligation de résultats.
Et rien ne sera fait par le patronat concernant l'emploi tant que la baisse des charges ne sera pas effective.
Plus question du million d'emplois annoncé par P. Gattaz à la fin de l'année 2013 : en le Medef s'est félicité à l'issue de la réunion du 5 mars.
Le pacte de responsabilité c'est la mise en musique du chantage patronal et du renoncement gouvernemental.
Dans le même temps, le gouvernement s'est engagé à supprimer 50 milliards de dépenses publiques au détriment des services publics, de la protection sociale et des collectivités locales dont le financement serait amputé de 10 Milliards d'ici 2017.
Loin de créer des emplois, cette politique va avoir un effet dépressif sur l'activité économique et risque fort d'en détruire.
La journée de grève et de manifestations du 18 mars, à l'appel de plusieurs organisations syndicales n'en prend que plus d'importance pour construire une riposte la plus massive possible à la politique d'austérité dont le pacte de responsabilité est le dernier avatar.
Faire échec aux licenciements, défendre les services publics, les droits des salariéEs, réduire le temps de travail pour créer des emplois, défendre les droits des chômeurs et des intermittents du spectacle, partager les richesses pour redonner aux salariéEs ce qui leur a été volé par les actionnaires, les chantiers sont nombreux pour ouvrir le chemin vers une politique alternative à l'austérité.
"Ensemble ! Mouvement pour une alternatice de gauche, écologiste et solidaire", membre du Front de gauche, sera présent dans la rue le 18 mars, au côté des salariéEs et de leurs organisations.
Cette mobilisation, nous la poursuivrons le 12 avril contre F. Hollande qui veut faire avaliser le pacte de responsabilité.
Le 6 mars 2014.
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Par Manca alternativa le 10 Mars 2014 à 18:05
D'aucuns ont reproché à Jean-Luc Mélenchon sa prise de position sur les événements en Ukraine. Ils y voyaient un soutien à Vladimir Poutine et aux oligarques russes. Le vice-président du Parti de gauche a tenu à lever toute ambiguité en précisant sa position dans le texte ci-joint.
"Je crois donc utile de préciser noir sur blanc ma position. Je le fait à gros traits pour que les esprits avancés des salles de rédaction puissent comprendre. Je le fais donc dans leur langue. Je dis ce que « je soutiens » et ce que « je condamne ». Comprenez-moi bien : mes lignes ici seront un panneau de signalisation pour les Mickey de la sphère médiatique. Allons-y : je ne soutiens pas Poutine. Ni les autorités de fait de l’Ukraine actuelles, ni les kleptocrates du gouvernement constitutionnel précédent. Mais, au contraire de Daniel Cohn-Bendit, je ne suis pas partisan de la guerre avec la Russie ! Et si je crois que les Russes n’ont rien à faire hors de leurs bases en Crimée, je condamne la tentative d’encerclement de la Russie par l’Otan qui en est la cause. Je condamne l’antisémitisme néonazi des ministres de fait au pouvoir en Ukraine, et je souhaite qu’ils soient rapidement expulsés de ce gouvernement.
Je le fais conformément aux recommandations de la résolution adoptée par le Parlement européen le 13 décembre dernier. J’en profite pour signaler que cette résolution « à propos de l’Ukraine » émane des sociaux libéraux, de la droite et des Verts, dont Daniel Cohn-Bendit. Elle dit sans aucune ambiguïté : « le Parlement s’inquiète de la montée du sentiment nationaliste en Ukraine, qui s’est traduit par le soutien apporté au Parti « Svoboda », lequel se trouve ainsi être l’un des deux nouveaux partis à faire son entrée à la Verkhovnaz Rada ; rappelle que les opinions racistes, antisémites et xénophobes sont contraires aux valeurs et principes fondamentaux de l’Union européenne et, par conséquent, invite les partis démocratiques siégeant à la Verkhovna Rada à ne pas s’associer avec ce parti, ni à approuver ou former de coalition avec ce dernier ». Ainsi, voilà ce que Cohn-Bendit en personne a signé et voté. Soutenait-il Poutine à cette occasion parce qu’il condamnait les néo nazis Ukrainiens ? Non, évidemment ! C’est pourtant ce qu’il me reproche d’avoir fait.
Ce n’est pas fini. Je condamne aussi les provocations du gouvernement de fait de l’Ukraine que sont sa demande d’adhésion à l’OTAN ou le retrait du russe comme une des langues officielles de l’Ukraine, d’ailleurs parlée majoritairement dans le Donetz et la Crimée. Je pense que les Etats-Unis n’ont rien à faire dans cette zone, et je condamne leur activisme belliqueux.
Bref, mon camp est celui de la paix contre la guerre. Car la guerre sur le vieux continent entraînant tout le monde comme par un enchaînement est redevenue possible. L’une des manières de l’éviter est de refuser de jouer avec des allumettes dans cette poudrière. C’est pourtant ce que font les va-t-en-guerre traditionnels de ce type de situation. Loin de faire le bilan des guerres qu’ils ont provoqué ou réclamé depuis 20 ans, ils en redemandent. L’Irak, la Lybie, l’Afghanistan, le Kosovo : ils n’ont rien appris, et ne veulent rien apprendre. Leur intérêt ce n’est pas la paix ou la guerre. C’est leur tropisme atlantiste fanatique. En attendant, les faits ne sont pas ceux que vendent les marchands de papier va-t-en-guerre. Ainsi concernant la présence militaire des russes. Elle ne comporte aucune illégalité selon le Général français Vincent Desportes qui le déclare sur BFM TV, le 2 mars 2014. Il dit : "La Russie ne viole aucune loi, qu’elle soit internationale ou autre. Selon les accords signés avec l’Ukraine, la Fédération est autorisée à disposer d’une force de 25 000 hommes sur le territoire ukrainien. Actuellement, même avec les derniers mouvements de troupes, les forces russes ne s’élèvent pas à plus de 15 000 hommes en Crimée, nous sommes encore loin du compte. Et l’Ukraine ne fait ni partie de l’UE, ni de l’OTAN ; de ce fait, ni l’UE ni l’Otan ne sont disposées ou autorisées à intervenir en Ukraine. "
Se mettre à distance du gouvernement de fait de l’Ukraine ce n’est pas en faire autant avec le mouvement insurrectionnel qui a renversé le pouvoir kleptocratique précédent. Au contraire. Pour moi, ce mouvement est riche de rebondissements, qui seront autant d’opportunités pour les forces qui pourront constituer une alternative. J’approuve les manifestations et l’insurrection de masse qui s’est dressé contre le pouvoir en place. Que les éléments les plus discutables aient pris la tête du processus contre les pouvoirs en place est tout simplement un fait de lutte commun à toutes les périodes révolutionnaires. Ce n’est peut-être qu’un mauvais moment à passer. Car il semble bien que les Ukrainiens de toutes les couleurs politiques conservent une grande énergie révolutionnaire intacte. Déjà plusieurs séquences révolutionnaires se sont enchainées sans que cette énergie se disperse. Or, que se doivent de faire les nouvelles autorités ? Une politique impopulaire au plus haut point pour rembourser la dette et faire face aux obligations du pays ?
Ne croyez pas que la situation va se détendre. Les intérêts engagés sont trop importants. Anglais, Français, Autrichiens, Allemands : les premières économies de l’Europe sont lourdement engagées en Ukraine et, en Russie, de toutes les façons possibles, les principales. Et j’ai bien noté qu’il est dorénavant accepté en Europe de chasser à coup de bâton un président élu et son gouvernement quand il est impopulaire, qu’il y a des ministres corrompus et que le peuple subi des sacrifices indignes tandis qu’une petite minorité s’enrichi indécemment. Je peux attester du fait que le message a été bien reçu sur le terrain ! En effet, dans la manifestation des cheminots européens à laquelle j’ai participé à Strasbourg, je ne compte plus ceux qui m’ont lancé : « alors il faut faire comme en Ukrainien pour être entendu ? ». C’est la première fois de ma vie politique depuis trente ans que j’ai entendu des travailleurs se référer à une insurrection populaire en cours hors de nos frontières. Que les révoltés ukrainiens en soient remerciés du fond du cœur !
Retour aux Mickeys des médias. Voici ma position en résumé. La révolte populaire Ukrainienne était légitime. Elle a été confisquée par un gouvernement illégitime et illégal dans lequel l’extrême droite a quatre ministres. L’énergie révolutionnaire des Ukrainiens n’est pas épuisée. La prochaine vague sera anti-européenne, c’est-à-dire hostile aux politiques que l’Union Européenne veut imposer là-bas pour récupérer sa mise bancaire et financière.
A l’heure actuelle l’enjeu numéro un est d’éviter la guerre. Cela signifie empêcher par-dessus tout la partition du pays : on ne touche pas aux frontières en Europe ! Ni ici, ni nulle part. La France devrait être un médiateur. Au lieu de cela, elle est enchainée derrière Merkel et les Etats-Unis. Elle s’est discréditée en s’alignant contre ses propres intérêts sur la position atlantiste. Le régime actuel est très provisoire. Il va discréditer la politique de l’union européenne sur place et provoquer de nouvelles vagues révolutionnaires. Mieux vaut être atteint par l’onde de choc d’une révolution populaire que par celle de la guerre."
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Par Manca alternativa le 10 Mars 2014 à 17:51
Tous avocats! On ne sait jamais? La pétition signée par les avocats qui viennent à la rescousse de Nicolas Sarkozy illustre les liens entre cette corporation et la politique. Il suffit de faire la liste des avocats entrés en politique et des politiques qui se sont inscrits au Barreau. Ce sont ces deux catégories qui ont établi la république des avocats et qui voudraient être des intouchables là où le citoyen Lambda n’a aucune autres protections que la loi. Non seulement leur profession d’avocat, le plus souvent d’affaires, leur permet de faire fructifier leurs relations politiques mais elle devrait les mettre à l’abri de toute instruction judiciaire. Ils ont en la matière déjà des garanties particulières puisqu’aucune perquisition et aucune écoute téléphonique ne peuvent être effectuées en ce qui les concerne sans en avoir averti leur Bâtonnier. C’est ce qui a été fait dans le cas de Sarkozy et de son avocat. Cela n’a pas empêché les plus impliqués dans le soutien à Sarkozy de déclarer que les écoutes pratiquées étaient illégales. Maintenant le Bâtonnier de Paris, élu par ses pairs, a fait une démarche auprès du Président de la république avec un nouvel argument : le détournement de procédure. Les juges « sont sortis de leur saisine, et c'est cela qui nous révolte », déplore Pierre-Olivier Sur, le Bâtonnier de Paris « A partir du dossier [libyen], ils sont allés sentir comme des chiens de chasse, à droite, à gauche, jusqu'à tomber des mois plus tard sur autre chose. (…) On ne peut plus travailler dès lors que nos clients imaginent qu'ils pourraient être entendus lorsqu'ils viennent chez nous. (…) Il y a un émoi de nos clients, c'est-à-dire des justiciables », a conclu cet avocat élu par ses pairs. Il ne manque que les effets de manche et on note au passage que ce grand Maître représente tous les clients des avocats et tous les justiciables. Du moins, il le parle en leur nom. Il va même plus loin : « Il s'agit de la défense de nos libertés publiques et les libertés publiques, c'est le secret professionnel chez l'avocat, le secret professionnel chez le médecin, le secret professionnel chez le curé … » Amen ! Ite missa est !
Pourtant, il s’agit simplement d’une affaire incidente et donc d’une enquête prévue par la Code de procédure pénale. Lorsqu’un Juge ou un enquêteur découvre de nouveaux faits sans lien avec leur enquête initiale, une procédure incidente est ouverte. Quoi de plus naturel ? Ce n’est pas l’avis du Bâtonnier de Paris qui a pourtant écrit un ouvrage : Nul n'est censé ignorer la loi, Éditions J.-C. Lattès, 2004.
Nous avons trouvé un portrait de Maître Pierre-Olivier Sur : Cliquer ICI. Il a expliqué son passage d’avocat pénaliste au monde des affaires : « Mais comme j'étais passé par Sciences-Po, j'avais beaucoup d'amis dans le monde des affaires », avance-t-il pour expliquer son évolution vers ce milieu des avocats d’affaires où l’on retrouve bon nombre d’hommes politiques dont Nicolas Sarkozy. On comprend toute la roublardise d’un Bâtonnier qui, ceci dit en passant, est celui de Maître Sarkozy et Maître Herzog au Barreau de Paris. Peut-être, l’ont-ils élu à la tête de leur Ordre en 2009? Il a été remplacé, en 2011 et jusqu’à décembre 2013, par une Dame, Me Christiane Féral-Schuhl qui avait été avisée des écoutes conformément à la loi. Il a donc dû être lui-même informé car, depuis janvier 2014, le Dauphin Pierre-Olivier Sur a pris à nouveau ses fonctions jusqu’en 2016. Toutefois les prochaines élections sont prévues en décembre 2014 pour lui succéder et siéger comme Dauphin en 2015, puis comme Bâtonnier en 2016 et 2017. On comprend dès lors l’enjeu du soutien de Nicolas Sarkozy et de son avocat. Le bâtonnier Pierre-Olivier Sur a son candidat aux élections de l’Ordre : Me Benoit Chabert qui a fait sa campagne. Un passage de relai courant au Barreau de Paris. La campagne est ouverte.
Aujourd’hui, la ministre de la Justice a apporté la réponse à cette fronde hypocrite … Les interventions judiciaires sont encadrées par le droit, pas la loi (…) Le droit protège tous de la même façon », a-t-elle rappelé sur France Info avant de s'interroger : « Vous êtes en train de me demander d'assurer l'impunité à un avocat, éventuellement impliqué dans une effraction ? » avant d’évoquer l'indépendance de la justice.« On a changé d'époque depuis vingt mois », a-t-elle estimé.
Alors que des personnes mises en cause ont des avocats commis d’office, Maître Sarkozy et Maître Herzog ont l’Ordre des avocats pour les défendre gratuitement. Plusieurs dizaine d’avocats contre deux juges d’instruction alors que l’on ne parle pas encore d’un procès ni d’une mise en examen. Ils bénéficient aussi du soutien de tout le clan Sarkozy parmi lequel quelques confrères et une partie de la presse.
Celui qui voulait supprimer l’indépendance de la Justice en s’attaquant aux juges d’instruction devient le symbole des droits de la défense et de la présomption d’innocence. On se souvient que, Ministre de l’Intérieur, il avait violé ces deux principes dans l’affaire d’Yvan Colonna. Ses partisans crient au complot. De quoi s’agit-il ? D’un complot de François Hollande ou de ses adversaires au sein même de l’UMP ? Le seul complot envisageable réside dans l’enregistrement de ses conversations par son conseiller Patrick Buisson et la publication d’extraits mais cela ne peut venir que de son propre camp. En ce qui concerne les écoutes judiciaires, il s’agit d’investigations courantes et d’une procédure légale. Si les avocats de Nicolas Sarkozy sont aussi actifs sur la recherche de vices de procédure, c’est peut-être parce que, au-delà de la forme, il a peur du fond. Tous ces effets de manches autour de Sarkozy ne déplacent que de l’air malsain dans les couloirs du Palais de Justice.
Pidone
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Par Manca alternativa le 9 Mars 2014 à 09:50
Comme on pouvait s’y attendre, le clan Sarkozy a lancé l’offensive contre les juges d’Instructions qui ont délivré les commissions rogatoires des surveillances techniques des téléphones utilisés par Nicolas Sarkozy et son avocat Maître Herzog. D’abord deux roquets de l’UMP sont venus denoncer haut et fort le scandale sur des chaînes télévisées, prétendant que les écoutes étaient illégales. Mais cela n’a pas suffi.
Des avocats ont lancé une pétition d’autant plus que Sarkozy est lui-même inscrit au Barreau de Paris. A la tête de la fronde, on trouve Maitre Eric Dupont-Moretti, surnommé acquittator en hommage à tous les acquittements qu’il a obtenus. Depuis juin 2013, il assure la défense de Bernard Tapie et plus précisément « juridiquement et médiatiquement » les sociétés de son groupe des « attaques et mensonges » dans le cadre de l'enquête sur l'arbitrage dans son conflit avec le Crédit lyonnais.
Maître Francis Szpiner est monté aussi au créneau. Aux élections législatives de 2002, il se présenta sans succès contre Arnaud Montebourg en Saonne et Loire. Dans le livre Les frères invisibles, les journalistes Renaud Lecadre et Ghislaine Ottenheimer affirment que Szpiner fut l'un des principaux associés maçonniques de Jacques Chirac, dont il fut un proche conseiller depuis 1994 et qui l'a promu en 2005 officier de la Légion d'honneur. Pour les législatives de 2012, Francis Szpiner est choisi, à la demande de Jacques Chirac, comme suppléant d'Éric Raoult en Seine Saint Denis Ce dernier fut défait. Francis Szpiner revendique son appartenance à la loge République du Grand Orient de France
On trouve aussi Maître Henri Leclerc qui a présidé la ligue des droits de l’homme et du citoyen, proche du parti socialiste… Il sert de caution morale et clame son objectivité prouvée selon lui par ses amitiés dans le parti socialiste et le fait qu’il a défendu de Villepin contre Sarkozy. Tous les autres citent son soutien et cela doit enfler l’égo du grand maître.
Les grands noms du Barreau se serrent les coudes. Parmi eux, on relève la présence de francs-maçons. Ils sont alors doublement frères. Pourtant les écoutes auraient été réalisées selon les règles de droit et le bâtonnier - Me Christiane Féral-Schuhl (que Le Figaro n'a pas pu joindre vendredi), a d'ailleurs dû être informée à l'époque des surveillances dont l'ancien chef de l'État allait faire l'objet, ainsi que de celles visant Claude Guéant, qui a rejoint le barreau à son départ du gouvernement. Par ailleurs, les écoutes peuvent se poursuivre si l’avocat est mêlé à un éventuel délit. «Le secret professionnel n'est pas un pavillon de complaisance destiné à abriter je ne sais quelle turpitude » et c’est un ancien bâtonnier que le dit en la personne de Me Christian Charrière-Bournazel.
Alors que le clan Sarkozy dénonce un complot politique, comment peut-on appeler cette attaque concertée contre des juges d’instructions par des politiques et des avocats dont certains apparaissent comme des meneurs pas si objectifs qu’ils le clament? Des avocats osent même tous les amalgames en disant que les journalistes sont plus protégés que les avocats. Pour eux, il n’y a pas de droit de la défense sans secret absolu et ils dénoncent un abus de pouvoir absolu. Deux absolus qui s’affronteraient ? "La seule chose absolue dans un monde comme le nôtre, c'est l'humour", disait Albert Einstein. Cette fronde des avocats a quelque chose de risible lorsque l’on imagine qu’ils font des effets de manches en voulant démontrer qu’ils ont le bras long dans cette république où l’on ne compte plus les politiciens inscrits au Barreau.
Sarkozy voulait la peau des juges d’Instruction à l’époque où le magistrat Gilbert Azibert (aujourd’hui soupçonné de trafic d’influence) secondait Rachida Dati au Ministère de la Justice. L’ex-Président a trouvé chez ses amis et confrères avocats des alliés contre les magistrats assis. Il a aussi trouvé des amis chez les magistrats debout du Parquet. Ce ne sont certainement pas les avocats soucieux d’une justice indépendante qui signent la pétition lancée contre des juges car ces juges incarnent cette indépendance qu’on veut leur faire perdre.
Les droits de la défense ont-ils été bafoués ? En ce qui concerne les écoutes, elles ont été faites sur des lignes téléphoniques ouvertes à des noms d’emprunt, nous explique-t-on. Les règles procédurales ont été respectées et le bâtonnier du barreau de Paris le confirme. Qui complote ? Les utilisateurs de ces téléphones à des noms d’emprunt où les policiers chargés de les écouter dans le cadre d’une instruction judiciaire ? Où s’arrête le rôle d’un avocat ? Peut-il impunément être l’intermédiaire d’un trafic d’influence, un corrupteur, celui qui va éventuellement faire des menaces à des témoins ou qui détruit des preuves et fait entrave à la justice ? Son travail était-il de traquer les vices de procédure pour offrir à son client l’impunité ? Doit-il user de toutes les procédures dilatoires pour que les victimes aient le temps de se lasser ou de mourir ? Jusqu’où peuvent aller les droits de la défense prétendument violés ?
Cette pétition des avocats intervient dans des dossiers dont l’instruction judiciaire est déjà complexe. Elle constitue une fois encore une attaque intolérable contre des juges d’instruction. Cela devient une habitude. C’est une ingérence dans le travail des juges d’instruction que l’on veut déstabiliser. Nicolas Sarkozy et Maître Herzog ont les moyens de se défendre et de réclamer l’annulation des écoutes s’il le souhaite. Le battage fait par quelques avocats amis ou corporatistes apparaît comme une manœuvre médiatique hypocrite plutôt qu’une indignation spontanée.
Suivant que l’on soit puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendent blanc ou noir. Les grands noms du barreau ne défendent plus le misérable et se considèrent puissants. Nicolas Sarkozy a déjà joui d’une immunité présidentielle. Il est avocat. Lui faut-il maintenant le secours d’une centaine d’avocats pénalistes pour faire annuler des écoutes qui le compromettraient gravement ? Jusqu’où poussera-t-il le bouchon avec ses amis ? Si on en croit la Une du Journal Marianne, ils osent tout et c’est même à ça qu’on les reconnaît. Lorsque l’on écoute les extraits des enregistrements de Patrick Buisson, on ne peut que penser à une scène culte du film de Georges Lautner Les tontons flingueurs même si seuls les dialogues de Michel Audiard nous font rire.
Fucone
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Par Manca alternativa le 8 Mars 2014 à 16:59
La mobilisation doit s’amplifier
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http://thomassankara.net/Communiqué de presse du "Réseau international pour Sankara, Justice pour, Justice pour l'Afrique".Ce 5 mars 2014, la justice a encore repoussé au 2 avril sa décision sur l’identification des corps enterrés à Dagnoen. Jusqu'à quand les juges burkinabè, saisis de cette affaire, vont-ils tergiverser ? Il s’agit pourtant d’une demande du comité des droits de l’homme de l’ONU datant de 2006, faisant suite aux actions de la CIJS (Campagne internationale justice pour Sankara). Après avoir plusieurs fois débouté la famille sur d’autres procédures concernant l’assassinat de Thomas Sankara, la justice burkinabè cherche-t-elle à gagner du temps, et à persister dans son déni de justice? Mais ces blocages ne seront pas éternels, car le peuple burkinabè a cette fois décidé de se lever pour mettre fin au régime décadent de Blaise Compaoré.<o:p></o:p>
Forts des 13500 signatures déjà obtenues, du soutien des dizaines d’associations et de partis politiques de par le monde, nous continuons plus que jamais à exiger que justice soit rendue. <o:p></o:p>
Présents à Ouagadougou ce triste jour du 15 octobre 1987, des compagnons de Charles Taylor, qui vient d’être condamné à 50 ans de prison par le tribunal spécial sur la Sierra Leone, ont clairement désigné la CIA et la France comme parties prenantes d’un complot à l’origine de l’assassinat du président Thomas Sankara.<o:p></o:p>
C’est pourquoi, nous demandons :<o:p></o:p>
- aux membres du Congrès américain d’exiger que soient ouvertes, dans leurs pays, les archives de l’époque et qu’une investigation soit menée sur une éventuelle implication de la CIA.<o:p></o:p>
- aux parlementaires français d’accepter la demande d’enquête parlementaire sur l’assassinat de Thomas Sankara, déjà déposée deux fois à l’Assemblée nationale de la République française, le 20 juin 2011 et le 5 octobre 2012. <o:p></o:p>
Plusieurs courriers ont été envoyés à François Hollande, Christiane Taubira et Harlem Désir. Ils sont restés sans réponse. C’est indigne d’une démocratie !<o:p></o:p>
Au Burkina Faso, plusieurs anciens proches de Blaise Compaoré, viennent de rejoindre l’opposition, se répandant en excuses pour leurs erreurs du passé et se déclarant disponibles pour répondre aux convocations de la justice.<o:p></o:p>
Ces anciens ministres et dirigeants du CDP, le parti du pouvoir, ont soutenu ce régime pendant 27 ans. S’ils veulent regagner la confiance du peuple du Burkina, ces excuses ne pourront suffire. Nous les appelons donc à participer à la recherche de la vérité, en livrant tout ce qu’ils savent sur les martyrs du 15 octobre et plus généralement, sur toutes les victimes du régime du Front Populaire, eux qui ont été proches parmi les proches du président Blaise Compaoré.<o:p></o:p>
Nous ne voulons plus attendre plus longtemps !<o:p></o:p>
Nous appelons donc de nouveau les citoyens, les partis politiques et les organisations de la société civile à amplifier la campagne par de nouvelles initiatives publiques.<o:p></o:p>
Pour qu’enfin la vérité éclate sur l’assassinat de Thomas Sankara, nous appelons de nouveau :<o:p></o:p>
- les journalistes à se lancer dans des investigations ;<o:p></o:p>
- les historiens à engager de nouvelles recherches ;<o:p></o:p>
- les documentaristes à produire de nouveaux films ;<o:p></o:p>
- l’opinion publique à faire monter la pression d’un cran.<o:p></o:p>
L’heure de la vérité et de la justice approche. Hâtons là tous ensemble !<o:p></o:p>
Le 5 mars 2014, à Ouagadougou, Abidjan, Dakar, Paris, New York, Washington, Bamako, Lomé, Nairobi, Berlin, Madrid, Bruxelles, Turin, Ajaccio, Toulouse.
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Par Manca alternativa le 8 Mars 2014 à 10:17
Nous publions une contribution de Pierre Kalfa, économiste, sur le pacte de responsabilité signé par le Medef et trois organisations syndicales (Cfdt, Cftc et Cgc). La Ggt et Fo l'ont rejeté et organiseront une journée de grèves et de manifestations le 18 mars 2014 pour protester contre la nocivité d'un tel pacte dont l'application aurait de graves conséquences au niveau social et économique, y compris sur l'emploi. Cette contribution est parue sur Médiapart.
"Trois organisations syndicales (la CFDT, la CFTC et la CGC) ont donc signé avec le Medef « un relevé de conclusions » sur la mise en œuvre du pacte de responsabilité qui vise à baisser le coût du travail en supprimant les cotisations familiales versées par les employeurs. Selon un scénario maintenant bien rôdé, la CFDT a d’abord monté le ton, jugeant la proposition initiale du Medef inacceptable, pour finalement parapher un texte quasiment identique. En comparer les deux versions est d’ailleurs éclairant. Si le texte final prévoit effectivement que « des objectifs quantitatifs et qualitatifs en terme d’emplois » soient discutés dans les branches professionnelles, ces discussions pourront être conclues par un « relevé de conclusions » n’impliquant aucune contrainte juridique. Surtout, le Medef a obtenu l’essentiel, à savoir que les baisses de cotisations sociales seront acquises quelle que soit la situation dans l’avenir. Enfin, cerise sur le gâteau, le texte prévoit que des discussions seront ouvertes afin « de franchir une nouvelle étape dans l’amélioration du marché du travail », formule indiquant, dans la novlangue patronale, l’exigence d’un nouvel accroissement de la flexibilité et de la précarité du travail. Il est enfin prévu d’engager une concertation sur le financement de la protection sociale. Après la suppression des cotisations familiales employeurs, quelle sera la prochaine étape ?
Au-delà de cette parodie de négociation, il faut revenir sur la stratégie économique qui est mise en œuvre : le coût du travail trop élevé pénaliserait la compétitivité des entreprises et les dissuaderaient d’embaucher. La baisse du coût du travail devient donc, dans ce cadre, le passage obligé de la politique économique. C’est l’objectif de la suppression des cotisations familiales employeurs. Remarquons d’abord que cette suppression se traduira par une baisse minime des coûts de production [1], de l’ordre de 1,2 %. En supposant même que cette baisse des coûts soit entièrement transférée sur les prix, comment croire que cela pourra réellement améliorer la compétitivité des entreprises ? Qui peut penser qu’une baisse de prix de cet ordre permettra aux entreprises de gagner des parts de marché ?
Mais surtout, la volonté de baisser le coût du travail repose sur une erreur de diagnostic. L’économie française ne souffre pas d’un problème de compétitivité-prix, mais d’un problème de compétitivité hors-prix [2] : manque criant d’innovation, inadéquation à la demande, niveau de gamme insuffisant de l’industrie, tissu industriel désarticulé dominé par de grands groupes pressurant leurs sous-traitants et difficulté des PME à avoir accès au crédit bancaire. On ne voit pas comment une baisse du coût du travail pourrait être la réponse adéquate à ces problèmes.
Il faut y ajouter la « préférence française » pour les dividendes. La baisse des cotisations sociales a eu comme principale contrepartie l’augmentation de la part des dividendes nets versés dans la valeur ajoutée [3]. Les seules entreprises du CAC 40 ont versé 43 milliards d’euros à leurs actionnaires en 2013, en dividendes et en rachat d’actions, montant en hausse de 4 % par rapport à 2012 et les revenus distribués par les sociétés non financières sont à leur niveau le plus haut depuis la seconde guerre mondiale. Dans le même temps, l’investissement des entreprises a stagné. Ce coût du capital n’est évidemment jamais pris en compte quand le patronat évoque la compétitivité des entreprises.
Cette baisse de cotisations sociales permettra-t-elle de créer des emplois supplémentaires ? Le bilan des exonérations passées [4]laisse sceptique. Il diffère suivant les hypothèses retenues, les méthodes employées… et le parti-pris idéologique des auteurs. Voici ce qu’en disait la Cour des comptes en 2009 : « La Cour avait relevé que les nombreux dispositifs d’allègements des charges sociales étaient insuffisamment évalués en dépit de la charge financière croissante qu’ils représentaient pour les finances publiques (27,8 milliards d’euros en 2007, soit 1,5 % du PIB). S’agissant des allègements généraux sur les bas salaires, leur efficacité sur l’emploi était trop incertaine pour ne pas amener à reconsidérer leur ampleur, voire leur pérennité. » Si l’on prend comme hypothèse un chiffre de 300 000 emplois créés avec le dispositif Fillon de 2003, chiffre déjà très élevé, le coût annuel de chacun de ces emplois pour les finances publiques s’élève à près de 75 000 euros [5]. Il s’agit d’un coût exorbitant, alors même que les emplois créés sont des emplois à bas salaire et à faible qualification. Les subventions au patronat atteignent là des sommets.
Mais surtout, comme le faisait remarquer à juste titre le président de la CGPME, pour créer des emplois « encore faut-il que les carnets de commande se remplissent ». Car ce qui incite les employeurs à embaucher, c’est d’avoir une demande assurée pour leurs produits. Et c’est là que la baisse massive des dépenses publiques prévue pour financer ce pacte aura un effet délétère. Alors que l’investissement des entreprises est au plus bas et que les revenus des ménages stagnent ou régressent, ces mesures auront un effet récessif qui aggravera davantage la situation économique, rendant par ailleurs encore plus difficile la réduction des déficits publics. Non seulement ce pacte ne créera pas d’emplois, mais il risque d’en détruire.
Pire, tous les pays européens sont aujourd’hui en train de mettre en œuvre des orientations similaires. Il s’agit en théorie de favoriser les exportations. Mais cette logique est prise dans des contradictions dont elle ne peut sortir. En effet, l’essentiel des relations commerciales des pays de l’Union européenne a lieu à l’intérieur de l’Union. Les clients des uns sont les fournisseurs des autres et les déficits des uns font les excédents commerciaux des autres. Vouloir, dans cette situation, que tous les pays copient le modèle allemand et se transforment en exportateurs est impossible. La contraction de la demande interne dans tous les pays, produite par la réduction des coûts salariaux et les coupes dans les dépenses publiques, pèse sur le commerce extérieur de tous. Où exporter lorsque tous les pays réduisent leur demande ? La baisse de la demande interne dans la zone euro est en train d’ouvrir la porte à la déflation.
Les exportations hors zone euro permettront-elles de se substituer à une demande interne défaillante et relancer ainsi l’activité économique et l’emploi ? On peut en douter. Outre que, au vu de ses caractéristiques, l’industrie française est particulièrement sensible aux évolutions du taux de change de l’euro, la demande dans les pays émergents tend à stagner et n’est de toute façon pas assez forte pour entraîner par elle-même une croissance dynamique en Europe. Au-delà même de savoir si l’objectif de toujours plus de croissance est souhaitable alors que nous connaissons une crise écologique majeure, une telle stratégie s’avère totalement illusoire.
Économiquement absurde, ce pacte sera socialement destructeur. Avec les coupes massives dans les dépenses publiques prévues pour le financer, le démantèlement des services publics et de la protection sociale va se poursuivre. Le financement des collectivités locales, qui jouent un rôle prépondérant en matière d’investissements publics et d’aides sociales, en sera impacté. Ces coupes aggraveront ainsi le délitement des liens sociaux et la paupérisation en cours. La course à la compétitivité est une course sans fin où il n’y a pas de gagnants et où les seules perdantes sont les populations."
Pierre Kalfa
[1] Voir le calcul fait par Christian Chavagneux d’Alternatives économiques.
[2] Voir Attac/Fondation Copernic, En finir avec la compétitivité, Éditions Syllepse.
[3] Voir Michel Husson, Les cotisations sont une « charge », mais pas les dividendes ?, note hussonet n°72, 3 mars 2014Â.
[4] Antoine Math, Le financement de la politique familiale : faut-il supprimer les cotisations sociales de la branche famille ?, Revue de droit sanitaire et social n°6, novembre-décembre 2013.
[5] Ibid.
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