• ségolène1

    Les menaces de grève et de blocage des patrons d’entreprises de transport sont plus efficaces que les actions des salariés. Ils n’ont même plus besoin de sortir leurs bonnets rouges. La ministre de l'Ecologie, Ségolène royal, a d’abord reporter « sine die »  l'écotaxe, et ensuite proposer de compenser l’abandon de cette taxe en la compensant par une autre sur les sociétés d'autoroutes, créant un nouveau couac dans le gouvernement puisque son collègue des Finances, Michel Sapin, s’est montré sceptique, compte tenu des contrats avantageux dont bénéficient les sociétés autoroutières qui vont répercuter la nouvelle taxe sur les tarifs des péages. Ségolène Royal est renvoyée dans les cordes et la politique écologique du gouvernement recule encore.

    Toutefois la prolongation des concessions autoroutières n’est pas encore envisagée. Il faut dire que la rentabilité de ces sociétés concessionnaires a atteint en 2013 entre 20 et 24%, un profit sur lequel Ségolène Royal veut prélever une nouvelle taxe. Si on en croit Michel Sapin, ce ne sera possible qu’après la fin des contrats en cours qui autoriseraient les concessionnaires à répercuter toutes nouvelles charges, y compris fiscale, sur les usagers. Donc, rien à faire malgré une rentabilité exceptionnelle qui, selon l’Etat, serait « largement déconnectée de leurs coûts et disproportionnée par rapport au risque de leur activité, [et]assimilable à une rente"!

    Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a été chargé d’étudier le dossier « autoroute » et devrait prochainement  remettre des "propositions concrètes" au chef du gouvernement.

    On ne se fait aucune illusion sur les conséquences de l’abandon de l’écotaxe sur les transports routiers. Malgré le coût déjà élevé des autoroutes et les profits réalisés par les sociétés concessionnaires, on ne s’attend qu’à des solutions libérales, alors qu’une nationalisation du réseau autoroutier principal s’impose, même si les petits autoroutes restent au secteur privé. Aux Etats-Unis les grandes autoroutes sont construites et gérées par l’Administration. Pour une fois, on devrait s’inspirer du modèle américain que l’on nous ressert uniquement comme une soupe ultralibérale.  

    Finalement Ségolène Royal a enterré l’écotaxe devant une fronde patronale et droitière. L’application de la loi est reportée « sine die », cela veut dire « sans date » ou, si vous préférez, à la St Glinglin. La ministre de l’écologie a déplacé le problème vers les sociétés d’autoroutes dont les contrats en cours laissent envisager que, « in fine », l’usager et le contribuable paieront la taxe. Aux recettes abandonnées, il faut ajouter le dédommagement de la Société Ecomouv qui a investi dans la mise en place de l’écotaxe et devait récupérer 40% des entrées financières envisagées. L’écotaxe n’a rien rapporté et aura coûté très cher.

    La mise en œuvre de l’écotaxe a fait l’objet d’une enquête sénatoriale et un rapport a été publié qualifiant le contrat Ecomouv’ d’exceptionnel.  Dans la conclusion des sénateurs, on relève : « La décision prise en octobre 2013 de suspendre l'écotaxe, pour des raisons d'ordre public, a créé une situation juridiquement complexe, mais qu'Écomouv', aux prises avec des difficultés de stabilisation du système qu'elle avait intérêt à ne pas mettre en avant, a acceptée et mise à profit pour prolonger les tests de vérification et de mise au point en cours. Indéniablement, cette décision a joué sur l'engagement des entreprises de transport notamment, qui se sont positionnées en situation d'attente au regard des opérations d'enregistrement en cours. Mais ce point était loin d'être le seul à devoir faire l'objet de corrections et de tests. Même s'il est important aujourd'hui de retrouver de la transparence et des certitudes sur l'avenir de l'écotaxe et du dispositif mis au point par Écomouv', tant pour la société elle-même et ses financeurs que pour les redevables et les SHT, on ne saurait affirmer que le dispositif était totalement opérationnel le 1er janvier 2014. En tout état de cause, la suspension de l'écotaxe est une décision politique sans aucun fondement juridique. Dès lors que l'écotaxe a été votée par le Parlement, elle ne saurait être modifiée ou, a fortiori, supprimée sans qu'il soit à nouveau saisi… » ( le rapport en cliquant ICI)

    Si nous nous plaçons sur le plan du fonctionnement démocratique de nos institutions, l’écotaxe a été initiée par Sarkozy, Fillon and Co. Après un Grenelle de l'enivronnement ( d'aucuns parlent d'un "gros nul" de l'environement), elle a été votée avec une large majorité par la Droite et  les socialistes. Curieusement les patrons des transports routiers auront donc empêché l’application d’une loi dite républicaine, sous la présidence de François Hollande. Les manifestations des bonnets rouges ont éclaté, comme une bombe à retardement dont la mèche a été allumée par Sarkozy et l’UMP.

    Si le recours à une société privée pour encaisser une taxe douanière apparaît scandaleux et coûteux, on peut se poser la question de la compétence des gouvernements successifs qui ont voulu mettre en place cette taxe. On peut aussi s’interroger sur le large vote  d’une loi écologique qui a fait consensus et qui est « reportée sine die » par le Ministre de l’écologie.

    ségolène2

    Sur l’écotaxe, Ségolène Royal oublie qu’en 2007, une mesure similaire était dans son programme présidentiel et qu’en 2010, elle a reproché à Fillon de reporter l’écotaxe qui devait rapporter 1,2 milliards de recettes fiscales. Fin 2013, une vidéo « désintox », production ARTE / 2P2L / Libération,  rappelait les échos contradictoires passés de notre actuelle ministre de l'écologie.

    On ne peut que remarquer les reculades du gouvernement devant le patronat alors que Manuel Valls veut imposer des réformes antisociales aux salariés et aux chômeurs. Les seuils sociaux sont remis en cause. C’est une revendication du patronat. Le système d’indemnisation des chômeurs est dans le collimateur du Ministre du travail… etc. On ne va pas faire l’inventaire car le liste de cette politique antisociale  ne cesse de s’allonger   On savait qu’il vaut mieux être patron que salarié mais, dans le cas où on voudrait un peu changer la donne, on nous rappelle qu’il ne faut pas se faire d’illusion même avec des socio-libéraux qui s’affirment chaque jour plus libéraux que sociaux.

    Ecotaxe ? Ite missa est !  La messe est dite par Ségolène Royal : l’écotaxe est renvoyée aux calendes grecques. Ceux qui ignorent les formules latines (ou en perdent leur latin)  auront appris la signification de « sine die » en sachant que cette formule en cachait une autre « in fine ». Et dire que jadis, il fallait parler latin pour être médecin… ou plutôt un charlatan qui vend de faux antidotes. La médecine a évolué mais la politique non : pour arriver à de hautes responsabilités, il doit falloir prêter le serment d’hypocrite[1].  

    Fucone



    [1] Sachez que  le latin hypocrita, est issu du grec hypokritès,  comme le serment d’hypocrate. vient des Grecs.

     

     

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  • ledp

    Jean-Luc Mélenchon s’est mis momentanément en marge des bruits et de la fureur. Il revient dans le champ médiatique ( qu’il n’avait pas totalement quitté, il est vrai) au moment où la Droite a fait sa manifestation pour rien, alors que les frondeurs divisés du parti socialiste ont organisé  trois réunions concurrentes pour, disent-ils, rassembler la Gauche. Il revient alors que sa pétition pour une 6ème république a déjà récolté plus de 40.000 signatures.  Dans ce temps de réflexion qu’il s’est donné, il a écrit un nouvel opus politique. « La financiarisation de l’économie a créé une nouvelle polarité qui n’est pas réductible à la gauche et à la droite. Désormais, il y a l'oligarchie d’un côté et le peuple de l’autre. Cette redistribution du champ politique m’a fait conclure que le système n’a pas peur de la gauche, car il la digère toujours. Le système a peur du peuple ! »  a déclaré le candidat du Front de gauche aux élections présidentielles de 2012 dans une interview donnée au Nouvel Obs.

    C’est à partir de ce constat que se comprend le titre L'ère du peuple, le nouveau livre de Jean-Luc Mélenchon, sorti en librairie.

    U barbutu

    Présentation sur le blog de Jean-Luc Mélenchon 

    « Que François Hollande soit menteur, fourbe, servile et que son projet soit glauque, est-ce une raison pour nous condamner à ne penser qu'à lui et au risque de la disparition de l'idée de gauche qu'il a usurpée ?

    Je propose de voir plus loin que l'horizon désespérant du présent. Regardons le monde fascinant qui s'est constitué sous nos yeux, en quelques décennies.

    Un monde plein d'êtres humains, couvert de villes, où l'occupation de la mer elle-même a débuté. Mais un monde engagé dans un changement climatique irréversible et un bouleversement de la hiérarchie des puissances qui menacent l'existence même de la civilisation humaine.

    Un monde où surgit un acteur nouveau : le peuple.

    Les puissants se moquent de lui, le méprisent, lui bourrent le crâne et insultent tous ceux qui lui donnent la priorité.

    Mais si les puissants n'ont plus peur de la gauche édentée par Hollande, ils ont plus peur que jamais du peuple. Sa révolution citoyenne peut tout changer, en commençant par faire entrer la France dans la 6e République. »

    Fayard - 160 pages - 10 euros

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  • Récit d’un génocide répété

    Par Ziad Medoukh

     

    C’est difficile pour moi, Palestinien de Gaza, de parler, de témoigner et de retracer cette nouvelle offensive militaire israélienne  qui a duré plus de 50 jours en juillet-août 2014. C’était terrible! J’aurais besoin de pages et de pages pour décrire ce carnage, ces crimes et ces massacres israéliens contre les civils de Gaza. Mais je vais essayer le plus succinctement possible de narrer une partie de mon vécu pendant les événements horribles qu'a subi  toute la population de la bande de Gaza.

    Je ne vous cache pas que, bien que les bombardements soient arrêtés depuis plus d’un mois,  je suis  toujours, comme tout mon peuple, sous le choc, et que je ne réalise pas que je suis encore  vivant, car c’était vraiment un  génocide,  personne n’était à l’abri, et  tout le monde attendait son tour d’être tué  par le missile d’un avion militaire israélien ou l’obus d’un char ou d'un tank.

    Personnellement, je n’attendais pas le début de cette agression  commencée le 8 juillet, car on était en plein mois de Ramadan, un mois sacré avec des rituels spéciaux. Mais,  avec ce gouvernement d’extrême droite et cette occupation israélienne illégale, rien n’est sacré. Ils attaquent  à n’importe quel moment.

    Je me souviens du début de cette agression, le mardi 8 juillet 2014, vers 11h. J'étais au département de français de l'université avec  mes étudiants et une solidaire française. Ils échangeaient avec elle, quand, soudain, les bombardements ont commencé, on a décidé de continuer bien que l’université ait évacué ses étudiants. On est resté jusqu’à 12h, puis on a quitté à cause de  l’intensification des tirs. Je suis retourné à mon domicile. Sur le chemin, des ambulances et le bruit des missiles qui tombaient partout. En arrivant chez moi, j’ai demandé des nouvelles de tout le monde. En fait, les écoles avaient déjà été évacuées et chacun était rentré chez soi.

    Dans l’après-midi,  premier appel téléphonique d’un journaliste français qui voulait des témoignages directs, puis j'ai commencé à envoyer le premier bilan du début de cette nouvelle agression israélienne aux amis et aux solidaires, sur internet et sur Facebook, une première nuit terrible suivie de 49 jours encore plus difficiles: le début de la troisième offensive militaire israélienne contre la bande de Gaza en 5 ans!...

    Cette offensive militaire contre notre peuple était différente de celles de 2008 et de 2012, bien que la guerre c’est la guerre, mais la particularité de cette attaque se résume en 7 points :

     - Sa longue durée, plus de 50 jours de bombardements et d’attaques sanglantes, l’armée d'occupation a mené plus de 7000 raids.

       - Le nombre de victimes, 2200 morts palestiniens, parmi eux plus de 500 enfants, et 11000 blessés.

       - La destruction massive,  notamment  des quartiers entiers effacés de la carte, partout des tours et des centres commerciaux détruits  

    - Les attaques sanglantes qui ont visé des écoles abritant les réfugiés, le centre de la ville de Gaza soit disant sécurisée,  où  personne dans  aucun lieu n'était à l’abri.

    - La résistance militaire palestinienne acharnée, les factions ont lancé des roquettes jusqu’à la dernière minute avant le cessez le feu

    - La résistance exemplaire de notre population civile, solidarité familiale et unité nationale.

    - La forte mobilisation internationale et les manifestations de soutien à la population de Gaza et contre les crimes israéliens, partout dans le monde.

    Pendant cette guerre, l’armée de l’occupation a semé la terreur  et l’horreur dans une région qui subit déjà un blocus inhumain et illégal, depuis plus de sept ans.

    Le véritable objectif israélien est de casser la volonté remarquable de cette population civile résistante qui, malgré ce  blocus et deux guerres passées, continue de résister et d’exister.

    Pour moi, j’ai vécu cet événement  comme toute ma population avec un quotidien particulier : bombardements- missiles qui tombent toutes les trois quatre minutes-attaques-peur-inquiétude- pénurie d’électricité et d’eau-isolement-manque de médicaments et de produits alimentaires.

    Mais avec cette particularité que  j’ai été sous pression et débordé.  Primait  mon devoir de rédiger un compte rendu quotidien et un bilan de l’agression israélienne et de l’envoyer via internet et les réseaux sociaux à tous les amis solidaires, aux associations de soutien à la Palestine et aux médias francophones, une tâche difficile, notamment à cause des coupures d’électricité permanentes et de la situation de guerre. Il faut ajouter à cela mes témoignages de tous les jours, voire de toutes les heures à plusieurs chaînes de radio, de télévision  et aux journaux francophones qui me sollicitaient sans cesse. Sans exagération, je devais répondre par jour à 30 à 40 appels téléphoniques qui venaient de tous les pays francophones.

    Je peux dire que durant cette guerre, ma seule joie était le retour du courant électrique, ne serait-ce que deux ou trois heures par jour, pour envoyer les nouvelles et charger mon portable. C’était très important pour moi ce bilan quotidien, car je tiens beaucoup à la solidarité populaire avec notre cause de justice, notamment devant  le silence complice de la communauté internationale officielle et la brutalité  de l’agression israélienne.

    Quand le courant électrique revenait  à n’importe quel moment de la journée, le matin, le soir, à l’aube, même à 2h ou 3h du matin, un état d’urgence était  décrété chez moi, personne dans la maison n’avait le droit de me parler ou de me demander quoi que ce soit, la priorité était d’envoyer mon compte rendu, et j’ai laissé tomber beaucoup d’obligations familiales, car je suis convaincu de l’importance de cette solidarité internationale. Je voulais informer sur notre quotidien et le bilan de l’agression. Je profitais au maximum du courant électrique Je  regroupais les photos et les informations de plusieurs sites  et sources médicales pour les envoyer, je n’avais pas le temps de m’occuper de mes enfants et de ma famille, et même quand on a reçu chez nous des familles et des proches qui venaient d’autres régions menacées, ils n'osaient  me parler quand l'électricité revenait

    Pendant les premiers 24 jours du carnage israélien, j’ai réussi à envoyer mon bilan quotidien à des milliers de personnes, et même si je n’avais pas le temps de lire et de répondre à tous les messages qu'ils m’adressaient, combien  j’ai été conforté de savoir le soutien sans relâche de ces gens de bonne volonté. Et maintes fois,  malgré le risque et les bombes qui tombaient, je suis allé chez des voisins et chez des amis qui avaient de l’électricité pour envoyer mon bilan journalier, car je voulais que tout le monde connaisse  notre souffrance et notre douleur suite à ce  nouveau génocide israélien.

    Vous ne pouvez  imaginer ma tristesse et ma frustration quand la centrale électrique de Gaza a été totalement  détruite par l’aviation  israélienne fin juillet 2014. Pendant 8 jours, aucun foyer de Gaza n'a eu d’électricité, j’étais isolé, je ne pouvais pas sortir de chez moi, car c’était la ville de Gaza qui était visée. Heureusement qu’il y avait le portable , les amis m’appelaient, je ne voulais pas répondre afin de  ne pas décharger  ma batterie   mais les dizaines d’appels de ceux qui s’inquiétaient pour moi, eux et des centaines de personnes qui demandaient de mes nouvelles, m’ont rassuré. Cinq amis de France, Belgique, Algérie et Maroc  ont décidé de m’appeler tous les jours pour avoir des informations sur moi  et sur la situation à Gaza, afin de rassurer sur internet les autres amis  qui étaient très inquiets de mon silence.

    Le moment le plus difficile durant cette agression fut quand je ne pus  sortir de chez moi pendant une semaine, quand le centre de la ville de Gaza soit disant sécurisé fut bombardé- même mon quartier a été visé ,  3 maisons ont été détruites, et 4 voisins tués- Le seul endroit où je pouvais aller était la maison de mon voisin qui a un générateur, pour charger mon portable,  trente minutes seulement tous les deux jours. Mon voisin comme beaucoup de mes amis me parlait souvent de cette mobilisation pour Gaza, notamment en France, et de la volonté des gens de manifester dans les rues, malgré l’interdiction officielle.

    Pendant les 50 jours, je n’ai pas dormi, même pas deux heures par jour,  j’ai  quelquefois passé deux ou trois jours sans dormir, pas seulement par inquiétude de ces bombardements aveugles, mais pour répondre aux appels téléphoniques qui venaient de beaucoup de pays, en particulier du Québec, avec le décalage horaire.

    Pendant cette agression israélienne, j’avais comme tout mon peuple plusieurs sentiments : fierté, confiance, force, courage, peur, inquiétude et soulagement.

    Mon quotidien durant cette guerre a été très difficile et très particulier : aller au marché tous les deux, trois jours avec beaucoup de risques,  acheter de quoi nourrir ma famille,  demander des nouvelles aux voisins, appeler les amis et les proches quand il y avait des bombardements dans leurs quartiers, puis rester tout le temps chez moi pour suivre les informations,  notamment à partir des radios qui fonctionnent à l'aide de  batterie, et quand le courant électrique revenait, l’installation devant mon ordinateur pour écrire mon bilan et  garder le contact avec le monde. Cette situation m'était particulière car je n’ai pas l’habitude de rester chez moi, je restais souvent  tard au département de français.  J’ai profité des jours de trêve pour aller à mon travail  préparer la rentrée prochaine.

    Lors de l’écriture de mes témoignages quotidiens et de leur envoi à mon réseau, trois éléments m’ont marqué :

    - J’étais   gêné quand les amis et les solidaires me remerciaient,  je n’avais pas besoin de remerciements, je faisais mon devoir d’informer, et ce n'est rien par rapport aux sacrifices de nos martyrs et de nos blessés qui ont donné de leur sang pour que vive la Palestine et pour que Gaza reste digne, l’information fait partie de la résistance.

    - Le soutien de ces amis et solidaires à Ziad Medoukh, c’était un soutien à Gaza, ce sentiment me rendait fier, mais responsable devant ces milliers de personnes  que je devais  informer au jour le  jour sur la situation

    - Le regret de ne  pas avoir le temps de répondre à tous les messages: j’ai découvert plus de 20000 messages sur ma boite email et sur Facebook venant de centaines d’amis et de solidaires.

    Un aspect très positif, j’ai gagné beaucoup de nouveaux amis- plus de 3000 nouveaux  qui m’ont ajouté sur Facebook-, j’ai découvert des personnes extraordinaires, de vrais solidaires, des gens de bonne volonté, qui veulent soutenir Gaza et la Palestine. Ces personnes de beaucoup de pays étaient très inquiètes quand je ne pouvais pas envoyer mon bilan, leurs messages si sincères et si proches me rendent plus déterminé que jamais, ces gens ont gardé le contact avec moi et on continue d'échanger.

    J’ai parlé en direct  à 15 manifestations en France et en Suisse, les cris des solidaires du slogan «  Palestine vivra, Palestine vaincra !»  Me rendent fort et m’encouragent  à résister, car derrière nous il y a des millions de personnes dans le monde qui expriment leur colère contre les crimes israéliens et pour soutenir les Palestiniens de Gaza.

    Un aspect qui m'a  frappé  dans les appels et les messages de beaucoup de personnes de différentes nationalités et de différentes confessions est que tout le monde prie pour moi : les amis musulmans, les chrétiens, les juifs, même les non croyants et les athées, j’ai été très ému par le nombre de messages mais surtout par leur contenu. Parmi ceux  qui m’ont vraiment touché   :

    « Et j'écrirai votre nom Ziad Medoukh et celui de Gaza dans une prière spéciale pour  vous, que les sources d'eau pure jaillissent en grand nombre à Gaza. »

     « Je l'ai écouté hier, en pleine circulation... j'ai failli emboutir la voiture qui était devant moi. Entendre le témoignage de Ziad Medoukh, alors que j'ai plutôt l'habitude de le lire... Entendre sa voix triste énoncer l'horreur absolue... »

    « Je ne souffle que quand tu nous écris Ziad Medoukh, mais à mon grand malheur dès que je te  lis je suis encore plus anéantie. »

    «  Avec toi, Ziad  j'ai eu peur, avec toi, j'ai pleuré, avec toi, j'ai espéré ! »

    « Nous sommes tous des Palestiniens,  nous sommes tous des Gazaouis. »

    Parmi les moments douloureux de cette guerre, celui où  j’ai composé mon poème : « Ne pleure pas maman si je tombe en martyr. » J’attendais mon tour comme tous les civils de Gaza, avec les bombardements intensifs et aveugles. Ce poème a suscité beaucoup de réactions chez mes amis  malgré sa tristesse, mais il montre l’état d’esprit de ce danger qui touche tout le  monde à Gaza.

    J’ai profité de la trêve pour aller au département  préparer la rentrée prochaine et  établir un programme de soutien pour  mes étudiants. A  propos de ceux-ci, j’ai été fier d’eux : ils ont écrit et informé leurs amis sur les réseaux sociaux de  ce que se passe à Gaza, ces  jeunes étudiants de 19-20 ans qui témoignaient tous les jours, écrivaient  des articles et répondaient aux questions des journalistes malgré une situation de guerre, et malgré leurs deux ou trois ans de français, quel courage !

    J’ai pleuré plusieurs fois, je me suis  senti impuissant devant les corps des enfants massacrés, mais je n’ai jamais montré mes larmes ni à ma famille, ni aux amis quand ils m’appelaient pour avoir de mes nouvelles, eux qui pleuraient au téléphone.

    En dépit de notre vécu tragique pendant ces 50 jours de terreur où  Gaza a supporté l’insupportable,  les deux éléments qui m’ont rassuré sont :

    - la volonté remarquable et la patience exemplaire de notre population civile malgré l’ampleur de cette guerre.

    - la mobilisation internationale et le soutien populaire partout dans le monde, toute la population a apprécié cette solidarité qui a participé à faire pression contre les gouvernements.

    On peut dire qu’aucun objectif israélien de cette nouvelle offensive n’a été réalisé, notre population digne est toujours débout.

    Un mois après l’arrêt de cette nouvelle agression, de ce nouveau génocide contre notre peuple, rien n’a changé à Gaza, le blocus est toujours là. Tant que les crimes israéliens ne sont pas jugés et tant que dure l’impunité d’Israël, un nouveau génocide se prépare.

    La forte mobilisation pour Gaza partout dans le monde pendant l’agression israélienne, très appréciée par notre population civile, devrait être poursuivie, car, avant et après cette agression, la situation est toujours marquée par le blocus israélien, la fermeture des frontières et l’interdiction d’acheminer beaucoup de produits et de matériel.

    Après tout,  malgré toutes les pertes humaines et la destruction massive,   malgré ces 50 jours de terreur, je suis plus que jamais déterminé  à continuer ma résistance quotidienne dans la bande de Gaza à travers l’éducation et le travail avec mes jeunes pour une ouverture sur le monde, avec le soutien des solidaires de notre cause juste pour une Palestine de liberté et de paix durable, une paix qui passera avant tout par la justice.

     

     

     

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  • sarko_2012_2014_modifié-1

    Hier, la 2ème chaîne a offert à Sarkozy une édition spéciale au moment du 20 heures, un privilège médiatique déjà de trop, dès le retour de celui qui a confirmé vouloir prendre l’UMP en otage pour une revanche politique avec François Hollande. Il n’a pourtant plus aucun mandat électif. Il suffit donc qu’il claque des doigts pour s’offrir le 20 heures. Toute la presse se mobilise autour de lui. Il suffit qu’il claque des doigts pour que l’UMP s’autodétruise et que ses barons se mettent au garde à vous. Quelques uns doivent mal vivre ce retour tonitruant, même parmi ceux qui se sont rapidement ralliés par intérêt. D’aucuns y voient une lueur d’espoir dans leur avenir politique compromis. Quelques jeunes loups aux dents longues jouent la carte Sarkozy pour leur propre avenir car des places se libèrent.

    Comment peut-on encore penser que l’ancien Président de la république ait pu changer, murir, se bonifier ? Hier, il a même raté son numéro de modestie. Nous ne lui refusons pas les deux neurones qu’il réclame chaque fois qu’il veut éluder une question. Toutefois, deux neurones, il s’imagine lui-même que tous les lecteurs en sont dépourvus. Il a imposé sur une chaîne nationale son exercice narcissique et revanchard en comptant sur l’amnésie générale. Il n’échappe pas à sa nature profonde qui l’empêche toute véritable autocritique. Il reconnaît simplement n’avoir pas assez délégué en voulant tout bien faire lui-même. Il délèguera davantage. Lorsque l’on connaît son équipe pas de quoi rassurer ! Il n’a pas changé et ne changera pas à 59 ans. Il faudrait à nouveau revenir sur tout le mal que l’on pense de lui et sur son bilan catastrophique en 2012. Sa causerie nombriliste était indécente. Il n’a apporté aucune réponse claire devant un Laurent Delahousse qui, par maladresse, ne s’est jamais montré incisif et précis. Quelques exemples des passes d’armes entre le journaliste et Sarkozy… 


    Laurent Delahousse chahuté par Nicolas Sarkozy par puremedias

    Sarkozy a refusé de commenter ses échecs mais s’est étendu sur le sujet qui l’intéresse : lui-même. Il a dit et redit son amour pour la France, son attachement à la famille, tout ce qui ne mange pas de pain. Il a traité François Hollande de menteur et mis ses concurrents Juppé et Fillon au rang de collaborateurs : il aura besoin d’eux, a-t-il dit. Sur Juppé, il a dit : «Alain Juppé, je l'ai connu quand j'avais 20 ans. C'est un partenaire, c'est un ami, c'est un compagnon, c'est quelqu'un pour qui j'ai même de l'admiration et j'aurai besoin de lui». Gilles Boyer, l’un des proches conseillers du maire de Bordeaux, a aussitôt ironisé sur Twitter : «Alain Juppé aura besoin de Nicolas Sarkozy, un partenaire, un ami, un compagnon».

    Nous ne voyons pas ce qu’un Nicolas Sarkozy a apporté hier au débat politique car son intervention, sur ce point, s’est bornée à refuser le clivage gauche-droite et donc à prôner une forme d’apolitisme qui tue tout débat idéologique au nom d’un pragmatisme qui arrange toujours les mêmes. Le pragmatisme apolitique est une posture anti-idéologique de façade et de droite, c’est bien connu. Il fait partie de la rhétorique ultralibérale dans laquelle Sarkozy pèche ses arguties.

    Nous avons vu un Sarkozy dont le thème principal est de fonder un nouveau mouvement de rassemblement mais qui a taclé tout le monde. Il ne croit pas l’homme providentiel, dit-il et affirme qu’il est le seul à pouvoir mettre de l’ordre dans sa famille politique. Il a assuré qu’il était capable de redresser les finances de l’UMP mais une question ne lui a pas été posée : comment finance-t-il son come back ? La campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy a bel et bien commencé avec affichages, teeshirt, tracts, location de locaux, personnels… etc. Qui finance ? C’est pourtant une interrogation légitime lorsque l’on connaît les soupçons de financements illicites sur ses précédentes campagnes.

    La 2ème chaîne a offert une tribune gratuite à Nicolas Sarkozy et cette interview s’inscrit déjà dans la campagne des prochaines Présidentielles, trente-deux mois avant le scrutin. Est-ce normal que cette tribune ait été ouverte au journal de 20 Heures sur une chaîne nationale ? Est-ce normal que la véritable actualité ait été délaissée pour l’annonce d’une candidature si lointaine ? Le CSA devrait être interrogé sur ce point. Hier, nous avons vu le Sarkozy de trop et, comme on le dit en Corse, le trop estropie.

    Les Français ont élu Hollande pour rejeter Sarkozy et le Front national. Le monarque républicain déchu pense nous jouer en 2017 le même scénario car les rôles apparaissent inversés. C’est l’affligeante perspective qui ressort de cette interview grotesque qui montre surtout la nécessité d’une reforme constitutionnelle concernant le statut du président de la république. Vivement une sixième république et un renouvellement de la gente politique car ce n’est pas avec du vieux que l’on fait du neuf et ce n’est pas sans idéologie que l’on construit une politique dans le souci de l’intérêt général.

     

    Fucone

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  • sarokzy-le-retour1_modifié-1

    Nicolas Sarkozy, dès qu’il a été éjecté de l’Elysée, n’a pensé qu’à y revenir. Il a donc constitué une nouvelle équipe de conseillers et s’est assuré de la fidélité de la plupart des personnalités de l’UMP de façon à marginaliser ses éventuels concurrents. Il est même allé chercher Dominique de Villepin qu’il voulait jadis pendre à un croc de boucher. Ce dernier ne s’est sans doute pas fait prier longtemps si lui a été offerte l’occasion de revenir sur la scène politique. Donc après deux ans de faux suspense, l’ancien président de la république a annoncé sa candidature à la présidence de l’UMP. Il a longuement médité. Il a annoncé sa « candidature à la présidence de sa famille politique » sur sa page Facebook en ces termes : J'aime trop la France, je suis trop passionné par le débat public et l'avenir de mes compatriotes… C’est au terme d’une réflexion approfondie que j’ai décidé de proposer aux Français un nouveau choix politique » Il propose de transformer l’UMP «  de fond en comble, de façon à créer, dans un délai de trois mois, les conditions d’un nouveau et vaste rassemblement qui s’adressera à tous les Français, sans aucun esprit partisan, dépassant les clivages traditionnels qui ne correspondent plus aujourd’hui à la moindre réalité". Il ajoute :"Ce vaste rassemblement se dotera d’un nouveau projet, d’un nouveau mode de fonctionnement adapté au siècle qui est le nôtre et d’une nouvelle équipe qui portera l’ambition d’un renouveau si nécessaire à notre vie politique". Il promet ni plus ni moins que de "bâtir la formation politique du XXIème siècle."  L’UMP est mort, vive le néoUMP pas encore baptisé ! On prend les mêmes et on recommence : Claude Guéant, Jean-François Copé, la candidate malheureuse à la mairie de Paris NKM, Laurent Wauquier, François Barouin, Christian Estrosi, Brice Hortefeux, Jean-Pierre Raffarin … Spécialiste du grand écart politique, Sarkozy veut aussi l’ouverture mais, pour l’heure, il n’a pas encore débauché de socialistes. Il avait déjà sollicité Emmanuel Macron qui a décliné l’offre. Il lui reste à récupérer  Besson qui est sorti du bois pour le soutenir. Ne doutons pas que, si cela s’avère nécessaire, il proposera son renouveau à Marine Le Pen.  Avec du vieux, Sarkozy veut faire du neuf. Il ne veut plus de l’UMP alors que l’UMP c’est lui.  Il veut élargir sa majorité dans une stratégie électorale et non pas dans un esprit de rassemblement républicain. Presonne ne s’y trompe et ce ne sera pas quelques ralliements individuels qui feront illusion.

    L’avenir politique que propose Sarkozy est devant vous mais si vous faites un pas en avant vers lui vous tomberez dans le piège qu’il vous tendra avec toute la rouerie dont il est capable. Souvenez-vous du slogan « Travaillez plus pour gagner plus ». Souvenez-vous de l’encouragement qu’il prodiguait à user des prêts immobiliers hypothécaires à risques (Surprimes) en 2006. Souvenez-vous de l’aggravation du déficit de la France dont il est responsable et des cadeaux fiscaux faits aux plus riches dés le début de son quinquennat. Ses amis chantent à qui veut l’entendre que Sarkozy a changé… Lui-même prétend qu’il a pu prendre le recul indispensable pour analyser le déroulement de son mandat, en tirer les leçons. La vraie leçon morale à tirer était de ne plus se représenter, mais, pour lui, tirer les leçons c’est simplement changer de rhétorique et affiner son argumentaire en fonction des sondages et de la conjoncture politique. Il n’a jamais quitté sa fonction présidentielle.  Il s’est encore enrichi en donnant des conférences à des banquiers et des affairistes jusque dans les émirats. Le statut d’ancien chef d’Etat et son carnet d’adresses sont rentables. L’enfant gâté de 59 ans aurait muri !  

    La cinquième république est messianique. A chaque élection présidentielle, les partis politiques proposent un nouveau messie ou un ancien qui fait acte de rédemption. Contre toutes les critiques qui lui sont faites et les suspicions dont il fait l’objet, Nicolas de Nazareth se victimise pendant que ses avocats cherchent des vices de formes dans les procédures judiciaires dont il fait l’objet. L’affaire Bigmalion n’a, pour l’instant, inquiété que des lampistes et si Jean-François Copé a perdu la présidence de l’UMP et dû renoncer à ses ambitions présidentielles, ce dernier s’est rallié au panache prétendu blanc d’un Sarkozy qui a été bénéficiaire de la fraude constatée… Tout cela s’est-il commis à l’insu de son plein gré et de celui de Copé ? Comment celui qui est soupçonné de financement illégal  financera-t-il sa prochaine campagne ? Fera-t-il organiser une nouveau Sarkothon ?  

    Evoquant les difficultés politiques, économiques et sociales auxquelles fait face l'exécutif socialiste, l'ancien président écrit avoir "senti chez beaucoup de Français la tentation de ne plus croire en rien ni en personne, comme si tout se valait, ou plutôt comme si plus rien ne valait quoi que ce soit… Cette absence de tout espoir si spécifique à la France d’aujourd’hui nous oblige à nous réinventer profondément". Sarkozy porteur d’espoir ? Pour qui ? Seuls ses amis pensent qu’il peut se réinventer lui-même sans rien changer. Il explique ne pouvoir rester simple spectateur lorsque la France va mal et modestement sous-entendu a besoin de lui, alors que seule sa garde prétorienne le réclamait. Pense-t-il échappé à son bilan catastrophique comme il a échappé à son inventaire au sein d’un parti aujourd’hui moribond et qu’il ambitionne de faire revivre de ses cendres, alors qu’il en est l’incendiaire ? Peut-il à la fois être Jésus christ superstar et jouer le Ponce Pilate ?

    En 2012, nous sommes passés de Charybde en Scylla. Charybde est de retour. Scylla veut la mort d’une partie de la Gauche et Charybde, perpétuellement affamée, nous propose le tout ou rien. La France est entrée dans le détroit des prochaines élections présidentielles pour une nouvelle odyssée politique. Tels des Argonautes nous faudra-t-il une aide divine pour le franchir sans que trop d’électeurs ne succombent aux appels de la sirène Marine? Cette tragédie grecque est de la comédia del arte. C’est pour cela que nous plaisantons d’un retour annoncé sans surprise et de ce qu’il présage. Il vaut mieux en rire avant que d’en pleurer de rage si l’un des pires présidents de la république que la France ait connus remettait les pieds à l’Elysée et bénéficiait d’une nouvelle immunité  mettant fin à tout espoir de connaître les fins judiciaires de ses ennuis avec la justice.

    L'ex-chef de l'État a installé son QG, 13 rue du Docteur Lancereaux, selon les informations de France Bleu Ile-de-France, dans un immeuble abritant également des bureaux d'Yves Saint Laurent, de la banque d'Irlande et des cabinets d'avocat. Tout un symbole au mari d’un ancien mannequin, soupçonné de financements illicites ! Pour information, le docteur Lancereaux fit des travaux de recherche sur le diabète et c’est lui qui a a transformé le diabète de « morbus in sede incerta locus » en « morbus in sede certa locus ». Du diabète dont on ignorait le siège, ce chercheur mort en 1910 a fait une maladie localisée dans le pancréas. On peut dire que Sarkozy hier « in sede incerta locus » est aujourd’hui localisé  à 800 mètres de l’Elysée.

    Il va falloir s’y faire : la presse a retrouvé officiellement son favori. Nous allons avoir du Sarkozy matin, midi et soir. Il va faire un grand Sarkotour en commençant par le Nord de la France. En ce qui concerne les débats d’idées, ce ne seront que des idées libérales et ultralibérales avec des arrière-pensées pas que politiciennes. Sarkozy va essayer de convaincre qu’il a changé et va dire « Je vous ai compris » en nous jouant une nouvelle palinodie. Hollande va se sentir moins seul car, à tous les deux, ils font la paire. Le Front national est satisfait en pensant tirer profit de l’UMPS et de la montée de la xénophobie. Septembre 2014 et nous voilà déjà entrés dans la campagne présidentielle de 2017, si tant est que nous soyons sortis de celle de 2012. Un président de la république dont le statut fausse le débat politique en devenant un frein au développement de la démocratie et au progrès social.

    Battone

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  • hollande_conf

    Qui a oublié l’anaphore du candidat aux Présidentielles de 2012 « Moi, président je… » Lors de sa conférence de presse, le Président François Hollande de marteler aujourd’hui qu'être président, "C'est pas facile". "Pas facile de faire la réforme pour la dépense publique", "pas facile de supprimer la détaxation des heures supplémentaires", "pas facile d'aller demander des impôts supplémentaires", "pas facile de faire des réformes du marché du travail", "pas facile de dire que nous allions faire le choix de l'innovation de la recherche, "pas facile de faire la réforme territoriale"… il nous remet quelques couches métaphorique. "C'est dur d'imposer à ses proches la vie ici, c'est dur d'être avec des collaborateurs, même avec un gouvernement, c'était dur pour moi aussi de me séparer de Jean-Marc Ayrault qui avait été un Premier ministre dévoué, c'est dur de faire un changement de gouvernement…"

    Ne serait-ce pas facile, est-ce dur de ne pas tenir ses promesses après les élections ? Quoi retenir de cette conférence de presse donnée hier par François Hollande ? Il préside, répète-t-il. Le gouvernement fait ce qu’il peut et lui ce qu’il doit en ne changeant pas de cap. Il espère que ça ira mieux en 2017. Il ne promet plus rien. A ceux qui demandent sa démission, il donne une leçon constitutionnelle sur la Cinquième république. Il est élu pour cinq ans et il ira jusqu’au bout de son mandat. C’est son statut de Chef de l’Etat qui lui permet de faire entrer la France dans des conflits armés. Il décide seul pour le Mali, pour l’Irak… et le parlement n’est qu’informé. Voilà une prérogative qui devrait faire réfléchir sur une réforme constitutionnelle mettant fin aux pouvoirs exorbitants d’un monarque républicain qui s’est d’ailleurs un peu mélangé les pinceaux en lisant son texte sur la politique étrangère de la France. Quelques lapsus ont été notés. Au sujet de l'utilisation des armes chimiques en Syrie, François Hollande a évoqué le pays en parlant du «régime de Sa… Bachar Al-Assad». Il est probable que le chef de l'État ait fait un lapsus en ayant failli évoquer l'ancien président irakien Sadam Hussein, qui avait utilisé également des armes chimiques contre les Kurdes. S'étalant longuement sur la situation internationale, François Hollande a également parlé de l'Iran au lieu de l'Irak. «Je reviens d'Iran… euh d'Irak.» Le président de la République s'est aussi trompé en faisant une annonce pour les malades d'Ebola. «La France va agir en installant un hôpital en Guinée équatoriale… Euh Guinée forestière». La Guinée forestière est une région du Sud de la République de Guinée, foyer principal de l'épidémie. De quoi s’interroger sur le suivi de tous ces dossiers et la pertinence des décisions prises ou à venir.

    Donc pas de changement en vue sur le plan national. Même cap libéral. Même débat politique entre libéraux et ultralibéraux. Même négation d’une autre alternative à gauche que cette politique droitière. Hollande fait ce qu’il juge devoir faire et advienne que pourra. Dès lors, à quoi bon commenter davantage ce qu’il a dit et qui n’est qu’un exercice de rhétorique devant un parterre de journalistes qui se sont montrés peu ou pas préoccupés par la politique sociale du gouvernement voulue par François Hollande. Le libéralisme et l’ultralibéralisme animent ceux qui ont posé des questions ou qui ont commenté la prestation. Les sujets les plus abordés ont été l’impopularité du Chef de l’Etat, les prochaines élections présidentielles, le retour de Sarkozy… Une pseudo-journaliste (soit disant indépendante) a fait des pieds et des mains pour obtenir le micro et poser la question la plus idiote sur la parution du livre de Valérie Trierweiler. La non-réponse de Hollande était prévisible : « Je comprends votre acharnement à prendre le micro, votre sens de l'éthique mais je me suis déjà exprimé sur cette question, sur mes sentiments [...] et j'ai évoqué le respect de la fonction présidentielle et je ne donnerai pas d'autre réponse ».

    François Hollande a abordé le sujet de ses relations avec la presse. Il l’a fait à rebours de l’action de son prédécesseur dont on connaît l’interventionnisme et les relations avec les grands patrons de cette presse. A ce propos, une journaliste du journal Les Echos relève que « les réponses de Hollande aux journalistes ont souvent plusieurs clés dont l’une destinée à Sarkozy », dans un article intitulé « François Hollande : son adversaire a un visage », donc celui de Sarkozy. Nous vous livrons un extrait de cet article :

    En puisant dans la rhétorique et le vocabulaire sarkozyens, lorsqu’il se présente comme un homme qui sacrifie sa popularité à l’autel de l’intérêt national. « Ce qui compte dans la vie, c’est de faire son devoir », martèle-t-il, en faisant sien ce mot cher à Nicolas Sarkozy…  Il peut parler d’autre chose, mais ses réponses ont souvent plusieurs clefs, dont l’une destinée à son adversaire. « Mon seul devoir, c’est de servir la France, pas de m’abriter», dit-il, comme pour sous-entendre que Nicolas Sarkozy reviendrait pour se protéger de la justice. « Je m’honore de ne pas être entré dans je ne sais quel Mécano pour savoir qui allait diriger un journal », glisse-t-il à un autre moment. Et c’est ainsi que François Hollande a tout fait pour montrer que la bataille avec Nicolas Sarkozy n’était pas de son niveau. Tout en ouvrant les hostilités. [Cécile Cornudet / Editorialiste]

    Sur la politique internationale un journaliste a tout de même interrogé le Chef de l’Etat sur ses premières prises de position dans le conflit israélo-palestinien. Hollande a reconnu que la riposte d’Israël est disproportionnée par rapport aux quelques roquettes tirées de Gaza, tout en se réjouissant que la France s’efforce de pouvoir parler avec tous les belligérants grâce à son action diplomatique. Il l’a fait en gardant une tonalité neutre pour ne pas contrarier la gouvernance israélienne. Le journaliste lui a reproché de ne pas avoir dénoncé suffisamment les enfants tués par Israël et soutenu Israël. «Mais j'ai dénoncé», lui a répondu le président. «La cause palestinienne n'est pas une cause religieuse. Le conflit israélo-palestinien ne doit pas être un conflit entre des religions.» Par ailleurs, il a confirmé que si des frappes aériennes françaises étaient imminentes en Irak, il n’y aurait aucune intervention en Syrie. Sur ce point, il a déclaré : « J'ai accordé la protection aérienne. Des vols de reconnaissance ont déjà eu lieu. A partir de notre base des Emirat. Dès que nous aurons identifié des cibles, nous agirons.» «La Syrie? Nous condamnons le régime de Bachar Al-Assad.» «Mais nous n'avons pas été appelés pour aider la Syrie.» Interrogé sur la situation dramatique de la Lybie, il a déclaré : «La France ne peut pas être partout», tout en regrettant qu'après le bombardement de la Libye, il n'y ait pas eu de suivi. «Il ne suffit pas de bombarder», lâche-t-il, taclant encore au passage, sans le nommer, Nicolas Sarkozy.

    Sur l’affaire Thévenoud et la Haute Autorité sur la transparence, nous avons relevé son commentaire. « Quand on ne paie pas ses impôts, quand on a un compte à l’étranger, quand d’autres parlementaires ont des ennuis avec la justice, ce sont des blessures qui sont faites à la démocratie...  Le président de la République ne connaît pas les feuilles d’impôts des députés, ni des Français. La Haute autorité a fait parfaitement son travail. Je ne veux pas qu’on puisse penser qu’au terme de mon quinquennat, qu’il n’y ait pas un ministre, un député, qui ne soit pas en ordre. Je ne veux pas qu’il y ait le moindre soupçon. Il y aura de moins en moins de cas, parce qu’ils seront tous connus. » Pour lui, c’est ensuite à la justice qu’il faut s’en remettre et il a affirmé que lui et le gouvernement respectaient son indépendance.

    Le discours n’a rien apporté de nouveau sur la vie quotidienne des Français. François Hollande n’a fait que reprendre l’argumentaire de son premier ministre, déjà entendu lors de la question de confiance au Parlement. En ce qui concerne leurs rapports personnels, il n’y aurait aucune concurrence dans la course déjà lancée par les journalistes pour les prochaines présidentielles. Du moins c’est François Hollande qui l’affirme.

    Finalement, ce que nous retiendrons de cette conférence, c’est la récidive de l’abus d’anaphores qui exaspère plus qu’il ne convainc. Ces abus langagiers nous confinent à la phobie d’une figure de style qui convient pourtant aux poètes. François Hollande n’est pas un poète comme Victor Hugo et c’est sans doute pour cela qu’il aurait pu être soldat, tant il aime son rôle de chef de guerre. Lorsqu’il a évoqué le service militaire, nous avons perçu chez lui comme une nostalgie mais il a tenu à rassurer l’auditoire, il ne sera pas rétabli.

    Pidone

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  • Alors que la perspective d’un dépôt de bilan et de l’ouverture d’une procédure collective se rapproche, l’intersyndicale (à laquelle seul le STC ne participe pas) « refuse catégoriquement de s’en remettre au tribunal de commerce de Marseille » pour régler son avenir qui pourrait être, après une période de redressement judiciaire, la liquidation. Selon Frédéric Alpozzo, au nom de la CGT Marins d’autres solutions existent et un plan de redressement avait déjà été signé par toutes les parties, avant que Transdev et l’Etat ne fassent marche arrière. 

    Depuis lors,  un "relevé de position", signé par l'Etat, les actionnaires et les syndicats, prévoit que "toutes les pistes et les moyens de parvenir à un projet industriel d'avenir" soient étudiés durant ce processus de conciliation "sans en exclure aucun". Lors de la dernière grève, l'accord de sortie de crise a prévu plusieurs points : la définition d'"un plan industriel d'affaires de restructuration", un "travail visant à clarifier les enjeux et le traitement des contentieux européens", un "travail sur la recherche de repreneurs", et un autre sur "les mesures sociales d'accompagnement".

    La direction "a travaillé depuis trois mois" sur un projet d'entreprise avec pour objectif de "définir un futur périmètre", a expliqué récemment le représentant syndical de la CGT Marins, en ajoutant : "Nous ferons acter les positions et les éléments de nature favorables à poursuivre l'activité de la SNCM avec le maximum d'emplois et d'activité… L'option du redressement judiciaire, qui a la faveur de l'actionnaire majoritaire Transdev et de l'Etat, n'est en tout cas "pas concevable, pas acceptable", a-t-il annoncé. Le recours devant le tribunal de commerce a été suspendu jusqu’à fin octobre, le temps de la conciliation.

    L'Etat et Transdev estiment cependant toujours que la seule solution est le Tribunal de commerce pour s'affranchir des centaines millions d’euros que la commission et la juridiction européennes ont jugé indument perçues par la SNCM condamnée à les rembourser. C’est donc la commission européenne qui a mis le SNCM en cessation de paiement en décourageant tout nouvel investissement. La compagnie Corsica ferries est à l’origine des recours européens intentés."L'Etat ne défend pas la SNCM et ses salariés, et en plus ils défendent Corsica Ferries", s'insurge Fréderic Alpozzo qui, lors d’une table ronde à la fête de l'Humanité 2014, a interpellé les députés "socialistes frondeurs"…


    Un marin de la SNCM interpelle les députés... par Journal_La_Marseillaise

    Une réunion s’est tenue mardi dernier à la préfecture des bouches du Rhône. Tous les responsables d'organisations syndicales ont vertement critiqué les propos du pdg de Véolia (holding de Transdev), qui réclame encore la mise en redressement judiciaire. Le remboursement des aides à la privatisation a été confirmé comme une nouvelle pression de la commission européenne. L’Etat discuterait avec Bruxelles sans que l’on sache qui discute, ce qui est demandé et les véritables intentions de l’Etat dont l’attitude dans ce dossier n’a jamais été franche et claire. Toutefois les participants se reverront les 7 et 28 octobre.

    L’intersyndicale devra ferrailler dur pour éviter un dépôt de bilan préconisé par les dirigeants de Veolia/Transdev, par Paul Giacobbi, président du conseil exécutif, et, on le sait maintenant, l’Etat. « Pour nous ce n'est pas sérieux, plaide à la sortie de la réunion, vers 20 h 15, Maurice Perrin, responsable CGC. On ne peut pas appeler ça une solution ! Choisir l'option de redressement judiciaire dans ces conditions, revient à prendre un risque considérable d'envoyer une des plus grosses compagnies de navigation française au tapis ».

    Frédéric Alpozzo ne décolère pas: une colère froide et déterminée, une saine colère. "Il n'y a rien qui légitime le redressement judiciaire", a déclaré le représentant de la CGT marins affirmant qu'il était "erroné" de dire que la compagnie était condamnée à payer immédiatement les 440 millions réclamés par Bruxelles. "L'Etat n'est pas sérieux sur ce dossier et cherche auprès de la Commission européenne à sortir du capital (de la SNCM) et à légitimer le modèle de Corsica Ferries", a-t-il déclaré. "Nous allons mettre en œuvre tous les moyens à notre disposition, juridiques, politiques et, si nécessaire, le rapport de force pour que le gouvernement revienne à la raison", a-t-il prévenu.  

    Matelone

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  • main_gauche

    Que s’est-il passé hier à l’assemblée nationale ? Rien ou presque rien. Le gouvernement a obtenu, comme prévu, une majorité relative :  269 voix pour et 244 voix contre (dont le Front de gauche).  

    Dans les 53 abstentions, on trouve trente deux frondeurs du PS. Les abstentions s’étaient élevées au total à 26 -dont onze socialistes et six écologistes- lors du précédent vote de confiance du 8 avril dernier. Certains frondeurs ont voté pour et à peu près tous ont expliqué qu’ils étaient en désaccord mais pas opposants. En ce qui concerne donc la fronde au sein du PS, il s’agit plus d’une posture que d’une position politique courageuse. Parmi ceux qui ont voté la confiance, certains se seraient laissé convaincre par le discours de Manuel Valls. Les frondeurs ne sont donc pas allés au bout de leur logique, comme les Verts qui ont choisi aussi l’abstention, alors qu’ils ne sont plus au gouvernement et que Valls n’a consacré qu’un très court instant à la transition écologique qu’il a simplement citée. Les Verts ont pourtant quitté le gouvernement (où ils n’avaient pas obtenu le portefeuille de l’écologie) sous le prétexte que Manuel Valls ne prenait en compte aucune de leurs revendications. Eux aussi ont trouvé une raison à leur simple abstention : ils ne veulent pas ajouter de la crise à la crise. Les anti-nucléaires apprécieront-ils cette opposition molle ?  Qu’en penseront ceux qui se battent contre la construction d’un barrage à Sivens dans le Tarn, ou contre le projet d’aéroport du Grand Ouest ? Manuel Valls ne vient-il pas de demander une remise à plat de réglementation européenne sur l’emploi du nitrate par les agriculteurs alors que, dans nos campagnes, les gens n’ont plus d’eau potable au robinet ? La France a été condamnée par la justice européenne pour son manquement à la lutte contre la pollution aux nitrates. Comme les frondeurs, les Verts sont en désaccord avec Manuel Valls mais pas opposants. Nous verrons ce qu'ils feront pour le vote du budget et des comptes de la sécurité sociale.

    Aujourd’hui à midi sur les ondes d’Europe n°1, la journaleuse Wendy Bouchard recevait le député Leroux, président d’un groupe socialiste qui a voté la confiance. Elle lui a posé la question de savoir si la progression de la fronde au sein de la majorité ( l’hémorragie dit-elle)  allait « contaminer » le travail du gouvernement. Contaminer ! Les valeurs de gauche seraient-elles comparables au virus Ebola ? La presse libérale ne recule devant aucun abus de vocabulaire volontairement choisi pour sa connotation péjorative ; c’est là que l’on reconnaît son travail propagandiste.

    Que dire du discours de politique générale ? Le Premier ministre a enfilé les perles et les anaphores pour faire oublier son image de libéral, sans rien changer de ce qu’il appelle sa mission pour la France. Bien sûr, il a commencé par les grands dossiers de la politique étrangère et la lutte contre le terrorisme international, donc sur ce qui fait consensus avec la droite. Dans ces moments, l’unité nationale s’impose, a-t-il clamé. Qui est responsable de tous les malaises de notre société ? La crise économique en Europe et en France. Drôle de manière de se dire responsable et d’accuser une fatalité qui n’en est pas une. Manuel Valls comprend les impatiences, les doutes et les colères légitimes mais il ne cédera pas à la fébrilité, ne fera pas de zig zag et ne prendra pas de virage car gouverner, c’est résister, gouverner, c’est tenir… et patati et patata. Il s’est dit inspiré par les valeurs de la république et de la gauche. La gauche gouverne, assure-t-il en voulant gommer son discours devant les patrons à l’université d’été du Medef. Sans doute a-t-il en tête les échéances électorales de 2015 ( Cantonales et Régionales). Il a eu cette formule qu’il ne fallait pas moins d’Etat mais mieux d’Etat et qu’il était partisan de la « main visible de l’Etat », faisant écho au père du libéralisme économique, Adam Smith, à l'origine de la théorie de la main invisible des marchés. Partisan de l’interventionnisme de l’Etat ! Valls a même fait du Montebourg.  Puis il a dénoncé un euro «trop cher», se félicitant des décisions de la Banque centrale européenne pour baisser de dix centimes le prix de la monnaie européenne, en précisant: «Appliquée à toutes nos entreprises exportatrices, cette baisse représente des dizaines de milliers d'emplois préservés. Il faut aller plus loin encore car il y a urgence. La zone euro décroche par rapport au reste du monde.» «L'investissement, c'est le mot qu'il faut retenir, c'est la clé de la reprise», a-t-il lancé, ajoutant : «C'est par l'investissement que l'Europe retrouvera une croissance solide et durable »

    Nous avons eu droit à quelques chiffres. L’inflation est insuffisante à 0,5% comme l’est la croissance à 0,4%. En 2015, le déficit devrait être de 4,3%. Cinquante milliards d’économie seront réalisés en trois ans, dont vingt et un en 2015. Le choix est de réduire les dépenses pour ne plus augmenter les impôts, mais il ne faut pas parler d’austérité. Manuel Valls, pour nier sa politique d’austérité, met en avant les emplois attendus dans l’éducation nationale, la justice et la police. Il annonce que le minimum vieillesse est porté de 792€ par mois à 800, soit une augmentation de 8€ par mois. En ce qui concerne les petites pensions de retraites inférieures à 1200 € par mois, il n’y aura pas de revalorisation (comme promis) mais une prime exceptionnelle non chiffrée. Aujourd’hui, Manuel Valls a même annoncé son intention de supprimer la première tranche des impôts. A se demander si ces annonces ne sont pas l’antidote médiatique au poison « sans-dent » diffusé par Valérie Trierweiler.

    Manuel Valls affectionne le mot « responsabilité » et l’expression « prendre de la hauteur ». Ce sont des mots qui lui permettent de laisser penser que, à contrario, ses opposants sont irresponsables et au raz des pâquerettes. Il a désigné comme menaces les méfiances et les populismes.  Malgré le vernis de gauche de son discours, il en revient à la flexibilité, au travail le dimanche, au pacte de responsabilité, à la simplification des normes… Il en revient aux accords entre partenaires sociaux  suivis de lois, comme l’accord ANI. Il veut réformer, dit-il, et se lance dans une envolée anaphorique : Reformer ce n'est pas casser. Il n'y aura pas de remise en cause des 35 heures… Réformer ce n'est pas casser notre modèle social… et patati et patata. Le Medef est allé trop loin dans la provocation, il dénonce hypocritement cette provocation, la surenchère du patronat. Il faut que nos entreprises retrouvent de la compétitivité et il cite le rapport Galois. Il relève que, depuis 2001, il n’y a eu aucune création d’emploi dans l’industrie. Et le remède pour sortir du décrochage économique de la France, c’est la réduction du coût du travail, la remise en cause des seuils sociaux, les crédits d’impôts aux entreprises… etc.

    L’investissement reste la clé de la reprise et l’épargne devra être orientée vers l’économie réelle, dit-il. La France prendra sa place dans la mondialisation par une économie sociale et solidaire… et patati et patata. Pourtant, si le montant des dividendes distribués aux actionnaires a augmenté de 30%, le chômage progresse, pas les investissements. Rappelons que, depuis 2012, nous comptons 500.000 chômeurs en plus.  

    Pas de quoi récréer une union à gauche, même si Manuel Valls a gauchisé son discours. Lors du précédent discours de politique générale en avril dernier, il avait dit que le langage politique est une langue morte. C’est pourtant un discours politique qu’il vient de faire, un langage de tacticien de la politique. Il a même évoqué le retour de Nicolas Sarkozy pour animer le débat d’idées. On a bien compris que, pour dire qu’il fait une politique de gauche et rejeter le mot « austérité », il a besoin de l’ultralibéralisme de la droite qui propose des économies plus importantes et donc une austérité plus sévère. Cela le met à la gauche de la droite mais ne fait pas de son action gouvernementale une politique de gauche. Il offre un débat d’idée à la droite et le refuse au sein de la gauche, réfutant toute alternative à son néolibéralisme prétendument de gauche.

    Hier, nous n’avons trouvé en la faveur de Manuel Valls que l’attitude de la droite sur les bancs de l’assemblée. Malgré les affaires et les divisions, les barons de l’UMP sont toujours aussi agressifs et  arrogants. Malgré les casseroles judiciaires, les Copé, Balkany, Woertz… prennent des airs goguenards qui sont indécents. Le président du groupe UMP ne sait qu’afficher sa hargne et sa mauvaise foi. Dans les interventions des députés de la majorité, nous retiendrons que des intervenants ont apportés un soutien mitigé au gouvernement.

    Dans l’opposition de gauche, seul le chef de file des députés Front de gauche, André Chassaigne, s'est livré à un réquisitoire argumenté de la politique gouvernementale. "Vous avez fait le choix de rompre unilatéralement et sans appel le contrat qu'avait signé François Hollande avec les Français en 2012" et "précipitez la crise morale et politique que nous traversons", a-t-il dit au Premier ministre, guidé, selon lui, par "une maladie ancienne : le réalisme gestionnaire" et d’ajouter : "Il existe une alternative à la complaisance à l'égard du Medef… Pour cela, la gauche doit s'engager dans une dynamique de rassemblement… » Pour lui, en Europe, la France devrait aujourd'hui constituer un large front afin de promouvoir une nouvelle stratégie fondée sur des investissements massifs pour la transition écologique, une lutte résolue contre l'évasion et l'optimisation fiscale… Il a cité Jean Jaurés. En veilleur des valeurs de la gauche, Jean Jaurès alertait sur les risques de dérive. Il le disait avec des mots forts: « Les hommes pratiques […] sont ceux qui emploient quelques mots humanitaires pour amorcer les suffrages du peuple et qui, sous ces mots, ne mettent aucun sentiment ardent, aucune idée précise qui puisse inquiéter les privilégiés. » En cette année d’hommage à sa pensée et à son action, un gouvernement qui se dit de gauche se doit d’y être attentif et de s’inspirer de son esprit de justice et de solidarité. André Chassaigne a conclu que "cette déclaration de politique générale sonne comme une déclaration de défiance à l'endroit du peuple".  Il appelle à une réforme constitutionnelle pour une Sixième république. 

    Pidone

    L'intervention d'André Chassaigne


    Discours de politique générale : intervention d... par andrechassaigne

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    A l’université d’été du Medef, Pierre Gattaz n’a pas sorti un document d’une cinquantaine de pages répondant à la question : «Comment relancer la dynamique de création d'emplois en France ?». A un jour de la question de confiance posée par Manuel Valls à l’Assemblée nationale, le patron des patrons vient de révéler, dans le journal Les Echos,  cette liste de mesures parmi lesquelles la suppression de jours fériés et de la durée légale des 35 heures. Il va jusqu’à demander aussi celle du salaire minimum.

    Selon le Medef, la suppression de deux jours fériés sur les onze donnerait 1% de croissance et 100.000 emplois. Sur cinq ans, la dérogation a Smic en créerait 50 à 100.000 qui pourraient l’être en 3 ans en remontant les seuils sociaux.

    S’ajoute l’autoriser d’ouverture le dimanche pour les commerces : 50.000 et 200.000 emplois nouveaux dans le tourisme, et entre 40.000 et 100.000 dans le commerce et la distribution, estime le Medef. Autre vieille idée patronale : l'extension du contrat de chantier, utilisé seulement dans le bâtiment, à tous les secteurs d'activités. Ce «contrat de projet» viendrait remplacer le CDI par «un contrat à durée indéterminée qui prendrait fin automatiquement une fois le projet réalisé».

    Et le CICE ?  Le Medef demande la transformation du crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) en baisse de charges, pour le pérenniser et le simplifier, la suppression de diverses taxes sectorielles et de la taxe sur les transactions financières, la «taxe Tobin».

    Nous nous posons d’autres questions que celle de ce document socialement agressif, réactionnaire et polémique : Manuel Valls en connaissait-il la teneur lorsqu’il a fait sa déclaration d’amour devant les patrons du Medef qui l’ont ovationné ? Dans la négative, pourquoi diffuser ce document la veille du vote de confiance ? Dans l’affirmative, qui peut encore faire confiance à Manuel Valls et François Hollande ?

    Avec ce document  provocateur, le pacte de responsabilité pourrait avoir du plomb dans l’aile. Un contrat de travail n’est ni une entrée dans les ordres ni une soumission à l’esclavage. On comprend que Pierre Gattaz, avec son éternel sourire de Judas, en demande toujours davantage dans le but de faire revenir le gouvernement sur tous les acquis sociaux. Manuel Valls lui a ouvert la porte en déclarant qu’il fallait simplifier le code du travail :

    « … Je souhaite que cette action de simplification soit systématique, dans tous les domaines. Cela inclut le code du travail, mais suppose une méthode sur laquelle je serai extrêmement vigilant : la négociation et la recherche d’un accord. Vos représentants participeront à des négociations qui vont s’ouvrir sur la représentation des salariés et le dialogue social. Ces négociations poseront aussi la question des seuils. Cette réforme ne peut réussir que si la négociation réussit. Et la négociation doit réussir, comme les partenaires sociaux ont su réussir des réformes importantes depuis deux ans. Je pense notamment à la sécurisation de l’emploi ou la formation professionnelle. Et pour réussir une négociation – tous ceux qui négocient dans leur entreprise le savent – il faut trouver un équilibre entre les engagements des uns et des autres. La protection des salariés est globalement élevée dans notre pays. Les salariés y sont attachés, c’est bien normal. Mais certaines adaptations sont possibles. Sur ces questions, il y a un chemin pour un accord profitable à tous, j’en suis persuadé. A vous maintenant de faire le nécessaire pour le trouver, avec les partenaires qui y sont prêts. Et – je m’y engage – le Gouvernement en tirera toutes les conséquences législatives dès lors qu’un accord aura été trouvé ».

    Force est de constater que François Hollande et Manuel Valls semblent pieds et poings liés au Medef, en s’obstinant à poursuivre une politique libérale. Le Medef les soumet au chantage à l’emploi lorsqu’ils espèrent sortir de l’impopularité en inversant la courbe du chômage. Leur politique d’austérité est un échec. Leur libéralisme est au service des 1% de Français arcboutés sur leurs privilèges. Pour ces derniers, c’est une réussite avec, comme points d’orgue, la prestation de Manuel Valls à l’université d’été du Medef et la nomination d’Emmanuel Macron au gouvernement.

    Quant à la concertation, on sait quelle vision Manuel Valls et François Hollande en ont. Il suffit de constater comment ils traitent l’opposition de gauche et les frondeurs du parti socialiste.

    Le Medef n’aime pas l’expression « donnant-donnant » et préfère lâcher des promesses que les patrons ne tiendront pas comme : créer des emplois en France. Il ne fait aucun doute que les propositions de Medef ont un objectif politique, celui d’inciter le gouvernement à déréglementer et les Français à travailler plus pour gagner moins.

    « Si d'ici trois à six mois, la situation ne s'est pas inversée, ce sera foutu» vient de déclarer Manuel Valls à la presse (quotidien Le Monde) avant d’affronter un nouveau vote de confiance. « Je ne resterai pas pour rester, mais pour agir» a-t-il ajouté. Il joue sur la peur d’une aggravation de la crise économique et sur celle de la montée de Front national. Et il annonce : « Pour l'instant, je fais le pari de l'intelligence collective, je ne pars pas avec en tête l'idée du 49.3, mais l'outil existe». Le premier ministre est dans la manipulation, dans la tactique politicienne, pour imposer la politique d’austérité et des mesures libérales voulues par le Medef.

    Après le vote de confiance qui, selon la presse, ne sera sans surprise, François Hollande donnera une conférence de presse. On sait déjà ce qu’il va redire et qu'il va nous sortir quelques anaphores. Il terminera sur la lutte contre le terrorisme islamiste. En ce qui concerne sa côte de popularité au plus bas (13%) et les révélations de Valérie Trierweiler, le travail de victimisation est déjà en marche et il n’a plus qu’à lui emboîter le pas, ce qu’il a déjà fait dans la presse. Il a parlé de ses grands-parents qui vivaient modestement. Ce n’est pas son cas. Son père était médecin ORL. François Hollande était donc fils de médecin et non de prolétaire. Si sa mère était au parti socialiste, son père fut candidat sur une liste d'extrême droite aux élections municipales de Rouen en 1959 et 1965, sympathisant de Jean-Louis Tixier-Vignacour, de l'OAS et de l’Algérie française. Ses racines proches sont là, chez ses géniteurs, et il a grandi dans la bourgeoisie de province. Son évocation de ses grands-parents est pathétique et hypocrite. Il se dit à l’écoute des plus humbles, ce qui n’est pas évident dans la politique qu’il mène. En faisant abstraction de son expression « Sans-dent » pour désigner un nécessiteux, nous aimerions savoir quels actes personnels ou politiques il a accomplis en faveur des pauvres.

    François Hollande excelle dans les discours commémoratifs, les discours de campagne électorale, les discours d’engagement de la France dans des conflits extérieurs… Sans doute pense-t-il que les mots suffisent et qu’une bonne dialectique fait avaler toutes les couleuvres. C’est dommages que son rôle ne se soit pas limité à des inaugurations et des commémorations.

    Le changement passe par une nouvelle république,  car la cinquième et ses scandales tuent la démocratie à petit feu… Certes la  flamme est le symbole du Front national mais ce sont l’UMP et le PS qui l’entretiennent et l’attisent à chaque élection dans un système majoritaire favorable au bipartisme, c’est-à-dire à une alternance sans changement avec un retour de flamme toujours possible. Les vrais bénéficiaires du Système sont les riches et le patronat. L’arrogance d’un Pierre Gattaz mesure la soumission du politique et l’erreur de certains syndicats à accepter des régressions sociales programmées dans des pactes qui excluent tout engagement du patronat.

    Vivement une 6ème république qui redonne le pouvoir, confisqué par la Finance et ses lobbies, au peuple !

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    Déclaration du Front de gauche

     

    La politique suivie par le Président et le Premier ministre entraîne notre pays dans une grave crise économique, sociale, démocratique et politique. Crise économique que traduisent tous les indicateurs; crise sociale avec un chômage qui s’enracine, la précarité et la pauvreté qui s’accroissent et les protections sociales qui sont constamment rognées; crise démocratique avec un parlement, des élu-e-s territoriaux, des syndicalistes jamais écoutés et souvent pas consultés; crise politique du fait de la fuite en avant néolibérale de ce pouvoir contestée au sein même de sa majorité politique. Ces crises alimentent un repli identitaire et nationaliste qui favorise la désignation de boucs émissaires et fait progresser la xénophobie et tous les racismes.

    L’ensemble de celles et ceux qui avaient permis la défaite de Nicolas Sarkozy se retrouvent désemparé par cette politique loin, très loin, des valeurs traditionnelles de la gauche. Ce gouvernement se retrouve ainsi de plus en plus illégitime. Les orientations internationales de François Hollande concourent à cette perte de repère. Il rompt avec la politique traditionnelle de la France à l’égard de la Palestine, s’engage dans des guerres sans qu’apparaisse une stratégie d’ensemble conduisant à des paix durables, se retrouve impuissant avec l’Union européenne à solutionner des conflits internes à l’Europe. Pire, son attitude à l’égard des manifestations de soutien au peuple palestinien cet été, permet de croire qu’il souscrit désormais au « choc des civilisations » cher à Mr Bush en transformant un conflit entre États en guerre de religion et en mettant à l’index les jeunes des quartiers populaires suspectés d’être antisémites.

    La constitution du gouvernement Valls 2 n’a fait qu’aggraver les choses en soulignant la pratique autoritaire de ce gouvernement et la multiplication d’interventions inspirées par les exigences du MEDEF. Il expulse des ministres qui expriment leur doute sur la politique suivie, il se fait acclamer par les grands patrons, remet en cause les avancées de la loi sur le logement, poursuit la multiplication des menaces sur le code du travail et sur les 35 heures, reprend des thèmes de la droite visant à culpabiliser les citoyens comme le contrôle des chômeurs etc… etc… Cette ligne suicidaire pour le pays et pour la gauche est clairement assumée par François Hollande et Manuel Valls, mais aussi par le premier secrétaire du parti socialiste.

    Ce n’est pas de coupes drastiques dans les dépenses publiques dont la France a besoin mais au contraire de plus de services publics, de protection sociale et d’investissements publics. Cette politique ne peut que mener notre pays qu’à la catastrophe. Elle ne fait qu’un gagnant : les actionnaires dont les dividendes ont augmenté de 30 % au second trimestre 2014 comparés au même trimestre de l’année précédente. Des alternatives existent à condition de répartir autrement les richesses, de partir des besoins sociaux et de la nécessité de répondre à la crise écologique.

    Pour imposer sa politique, le président de la République s’appuie sur les institutions de la Ve République. Or celles-ci sont de plus en plus contestées au fur et à mesure que se révèle leur caractère antidémocratique. Une refondation démocratique avec comme perspective la VIe République s’avère comme un moyen essentiel de sortie de la crise. Il est temps de redonner la parole au peuple par un véritable partage des pouvoirs et des responsabilités du local au national. Ce sursaut démocratique doit s’enraciner dans une mobilisation sociale et politique sans précédent.

    Le débat sur la politique économique et sociale du gouvernement provoque des fractures au sein même de la majorité gouvernementale. Cette situation ne peut se trancher par un coup de force gouvernemental condamnant la représentation nationale au silence à coup de 49-3 ou d’ordonnances. Tous les parlementaires de gauche qui doutent de cette orientation doivent  voter contre la confiance au gouvernement de Manuel Valls.

    Dans cette situation, les mobilisations sociales, les réactions citoyennes sont indispensables pour casser l’offensive du gouvernement et du Medef. Le Front de gauche est favorable à la constitution d’un très large front de résistance pour mettre en échec la politique du gouvernement. C’est dans cet état d’esprit qu’il participe au Collectif, créé lors de la manifestation unitaire du 12 avril 2014, qui regroupe nombre d’organisations syndicales, d’associations et de partis politiques et qui constitue un premier pas vers une dynamique plus large.

    Au plan politique le Front de gauche souhaite prendre les initiatives nécessaires à la convergence de celles et ceux qui veulent contribuer à un rassemblement majoritaire permettant de porter une alternative aux choix du pouvoir actuel. Un grand débat national doit avoir lieu sur cette question dans lequel les citoyennes et les citoyens doivent être présents à égalité de responsabilité. Dans cet esprit, le Front de gauche vous appelle d’ores et déjà à participer aux nombreuses initiatives qui auront lieu à la fête de l’Humanité.

    Montreuil, le 6septembre 2014

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