• fraude_sociale

    La Cour de Luxembourg avait été saisie en 2013 par le tribunal social de Leipzig, en Allemagne, à propos d’un litige opposant à deux ressortissants roumains, Elisabeta Dano et son fils, Florin, à l’agence pour l’emploi de Leipzig. Celle-ci refusait de leur octroyer des prestations sociales. Dans un arrêt, publié mardi 11 novembre, la Cour de justice européenne établit un lien direct entre droit de séjour et droit à bénéficier des prestations sociales dans un pays. Elle énonce clairement le fait qu’un ressortissant d’un pays de l’Union ne respectant pas toutes les conditions ouvrant à un droit de séjour dans un autre pays européen peut s’y voir refuser des prestations sociales.

    L’Europe libérale mise en place par les lobbies financiers s’enlisent dans ses contradictions et des inégalités de traitements. Les États membres de l'Union ne sont pas tenus d'octroyer des prestations sociales à des citoyens d'autres États membres ne se rendant sur leur territoire que dans le but de bénéficier de l'aide sociale. Circulez, il n’y a rien à percevoir !

    L’abus du principe de libre circulation entre États membres de l'Union européenne  et son  détournement  en "tourisme social"  auraient favorisé une poussée des formations europhobes, qui font campagne pour une limitation de l'immigration. Devant cette poussée au Royaume-Uni,  le Premier ministre David Cameron a annoncé qu'il souhaitait limiter l'immigration en provenance des autres pays de l'UE, au mépris de ce principe de libre circulation des personnes. Dans la presse anglaise, il a même été question d’expulsions. La chancelière allemande Angela Merkel et des milieux d'affaires britanniques ont pris la mouche et David Cameron a rapidement salué mardi la décision de la Cour de Justice de l’UE, une décision de "bon sens" selon lui. Tout est rentré dans l’ordre. Il suffisait de redéfinir la libre circulation des Européens.  Le principe de libre circulation signifie le droit de se déplacer. Ce n'est pas le droit d'avoir accès librement aux prestations sociales d'un pays membre, et la décision de la Cour a confirmé cela. La Cour de justice européenne a jugé qu'un citoyen d'un État membre de l'UE qui migrerait dans un autre État membre ne pourrait bénéficier de prestations sociales que si son séjour était conforme à la directive européenne sur la libre circulation. Les États membres ne sont pas tenus d'octroyer des prestations sociales à des citoyens d'autres États membres venus pour bénéficier de l'aide sociale...

    A l’assemblée européenne un amendement prévoit de créer un fichier géant, qui en croisant les fichiers sociaux, détectera les fraudes. La création de ce fichier a été proposée par le député UMP Pierre Morange[1], président de la mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la Sécurité sociale.  La mesure a été votée récemment à l'unanimité par les 39 députés présents à l'Assemblée. Alors que le contrôle des chômeurs va être renforcé, il s'agit cette fois-ci de dénicher les fraudes aux prestations sociales grâce à la création d'un 'super' fichier qui entrera en vigueur en 2016. En croisant tous les fichiers sociaux des particuliers, il sera capable de détecter de possibles fraudes. Ce fichier Big Brother recevra de manière automatique les données sur les montants reçues par les particuliers dans le cadre des prestations sociales et sanitaires.

    Ce n’est plus l’immigration qui est montré du doigt. Les abus d’aide sociale seraient une fraude gigantesque, la plus grande plaie de nos démocraties. Est visé tout particulièrement le « tourisme social ».  Quelle hypocrisie ? Alors que l’UE a favorisé le dumping social et le dumping fiscal, elle cherche des boucs émissaires pour s’attaquer à l’aide sociale tout en donnant raison à l’extrême-droite européenne et aux nationalismes. Ils ont créé la libre circulation des capitaux, la libre circulation des consommateurs, la libre circulation des travailleurs déplacés, la libre concurrence des salaires, la libre concurrence de la fiscalité… mais il s’agit maintenant de supprimer la libre circulation des pauvres et des malades. L’Union européenne ne fait pas dans l’humanité, elle fait dans la finance, tout en tenant compte de la montée de l’extrême-droite. Au lieu de trouver des solutions solidaires au niveau européen tout en luttant contre toutes les fraudes, il est plus facile de désigner des boucs émissaires et de se servir de la fraude pour remettre en cause des acquis sociaux.

    La directive cherche à empêcher que les citoyens de l'Union inactifs utilisent le système de protection sociale de l'État d'accueil pour financer leurs moyens d'existence, selon la Cour européenne. Cette nouvelle directive xénophobe concerne les Européens. Il nous semblait que la fraude vise autant les nationaux que les expatriés. Et bien non ! Alors imaginez pour les autres venus de la misère et de la guerre ! La question ne se pose pas au niveau de l’Europe. Les Italiens doivent continuer à repêcher des corps sur leurs plages et à jeter des bouées de sauvetage aux survivants. A Calais, les immigrés doivent continuer à s’entasser pour traverser illégalement la Manche. Heureusement que des associations et des gens charitables  apportent leurs aides humanitaires. Au Royaume-Uni, on ne veut pas trop d’Européens et de moins en moins des clandestins, sauf s’ils travaillent sans prestations sociales et sans aucune garantie d’emploi et de salaire. Cette idée s’est largement exportée alors que la solidarité est facilement oubliée.

    La meilleure façon de saper la légitimité de la protection sociale, c’est de laisser entendre qu’elle ressemble à une passoire. Face à la petite armée des « parasites » s’en dresse ainsi une autre, plus massive et pas coûteuse: celle des personnes qui n’accèdent pas aux prestations auxquelles elles ont droit. 5,7 milliards d’euros de revenu de solidarité active (RSA), 700 millions d’euros de couverture-maladie universelle complémentaire (CMU-C), 378 millions d’euros d’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé, etc., ne sont pas versés à ceux qui devraient les toucher. Une étude de 2004 de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a estimé que le taux moyen de non recours aux aides ou aux programmes sociaux oscillait entre 20 et 40 % selon les pays. Le non recours massif a permis à Margaret Thatcher et à ses héritiers de justifier des coupes franches dans les budgets sociaux, en arguant de l’inutilité des dispositifs proposés à la population.

    La fraude sociale est surmédiatisée. Au Royaume-Uni où elle est le plus décriée,  le ministère du travail et des retraites a consacré contre cette fraude un budget de 425 millions de livres (environ 500 millions d’euros) sur quatre ans (2011-2014), pour un gain escompté de 1,4 milliard de livres sur la période.

    Enregistré le 29 juin 2011, le rapport Tian, du nom du député de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) Dominique Tian, rapporteur de la mission d’évaluation des comptes de la Sécurité sociale (3), évoquait  4 milliards d’euros de fraude aux prestations, contre 16 milliards d’euros aux prélèvements et 25 milliards d’euros d’impôts non perçus par le Trésor — ces deux formes de truanderie étant l’apanage des entreprises et des contribuables fortunés. La fraude des pauvres est une pauvre fraude au regard de la fraude fiscale qui représente en France 50 milliards d’euros par an. Aujourd’hui, les fraudes sociales des particuliers seraient évaluées à 5 milliards d'euros sur les 80 milliards de prestations versés chaque année en France, ce qui correspond au déficit de l'Assurance maladie, certes, mais aussi au tiers des fraudes aux prélèvements et au 1/5ème d’impôts non perçus par le Trésor. Si on compare les fraudes des particuliers et des entreprises : 5 milliards pour les particuliers et 20 milliards pour les entreprises qui frauderaient 4 fois plus.

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    Deux poids, deux mesures ! Malgré le scandale des accords secrets passés par l’administration fiscale du Luxembourg et des multinationales et l’existence de paradis fiscaux, membres de l’Union Européenne, c’est un ancien premier ministre et ministre des finances du paradis luxembourgeois qui a été élu Président de la commission européenne. Malgré des enquêtes ouvertes sur les pratiques fiscales déloyales du Luxembourg, de l’Irlande, des Pays-Bas, de Chypre, leurs pratiques fiscales sont légales grâce à ce que l’on nomme le « tax ruling »,  possibilité légale de demander des devis fiscaux et de choisir ainsi le pays le moins disant en matière de fiscalité. Si ces paradis fiscaux sont montrés du doigt, leurs pratiques fiscales ont été encouragées par l’Union européenne dont ils sont des membres influents.

    La Cour européenne vient de démontrer une fois encore l’adage tiré des « Animaux malades de la peste, écrit par Jean de la fontaine : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ».

    Il ne s’agit pas d’admettre les fraudes sociales mais faut-il encore les mettre toutes en lumière et évaluer la réalité financière de celles contre lesquelles on focalise l’opinion publique pour justifier des décisions inutiles ou hypocrites, tout en masquant des fraudes grandement plus importantes et ayant pour raison le seul profit financier.

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    [1] Pierre Morange est le porteur de la loi dite « Morange » qui fera obligation aux propriétaires et locataires d’avoir au moins un détecteur de fumée dans les habitations en 2015. Les industriels des  détecteurs avertisseurs autonomes de fumée (DAAF) vont s’en mettre plein les poches pour une mesure préventive qui ne concerne que peu de foyers dont les logements présentent des risques d’incendie. C’est aussi cela le libéralisme économique qui contraint à consommer. C’est pourtant Pierre Morange le pyromane qui a allumé le feu de la fraude sociale pour faire de la fumée médiatique d’une campagne contre la pauvreté en proposant un « big fichier » dont on peut craindre les utilisations.

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  • Réflexions autour de l'initiative du 15 novembre

    A la suite de la cropped-bando-collectif-aaa_02manifestation unitaire du 12 avril dernier, qui associait les organisations du Front de Gauche, le NPA, et de nombreuses organisations syndicales et associatives du mouvement social, s’est constitué le collectif 3A, « Alternative à l’Austérité », qui appelle à une nouvelle manifestation, le 15 novembre prochain. Indépendamment de ce qu’une telle initiative a d’utile et de nécessaire dans la construction d’une alternative, l’une de ses caractéristiques est la tentative de désenclaver ce qui relèverait du domaine de « la politique » et ce qui relèverait de celui du « mouvement social ». Vieille question, toujours lancinante dans les traditions françaises où le républicanisme a imposé une conception dans laquelle trop souvent, trop longtemps, et trop profondément, ces domaines sont considérés comme radicalement distincts et tendent à se regarder en chiens de faïence.

    Si donc un collectif comme 3A tend à ce désenclavement, il importe d’en considérer les limites afin de chercher à les dépasser. De ce point de vue, le fait que les directions de la CGT, de Solidaires et d’ATTAC aient choisi de ne pas s’associer en tant que telles à l’initiative du 15 novembre, alors même que de nombreux membres de ces organisations et certaines de leurs structures de base y participent, constitue un problème significatif et révélateur de l’état du débat.

    Dans la mesure où le bureau d’ATTAC a explicité sa position, une rapide analyse de ce texte peut être intéressante. ATTAC joue en effet un rôle de premier plan dans l’organisation des résistances à l’ordre dominant. L’association produit de nombreuses contributions critiques à la réflexion collective nécessaires à la gauche d’alternative. Elle a joué avec brio sa partition dans diverses mobilisations, qu’il s’agisse des collectifs pour le non en 2005 ou de la campagne contre le TAFTA aujourd’hui. Elle est en outre organisée en de très nombreux comités locaux, qui accomplissent un indispensable travail de terrain. Le communiqué de son bureau n’en est que plus intéressant à examiner. Il énonce :

    « Le collectif appelle à une manifestation le 15  novembre contre le budget d’austérité. Cette initiative part du constat  partagé de la dérive droitière du gouvernement Hollande-Valls et du refus de  laisser à la droite le monopole des mobilisations de rue, et on ne peut que  souhaiter son succès. Cependant le Bureau d’Attac a décidé de ne pas  s’impliquer dans l’organisation de cette manifestation car si une mobilisation  forte est nécessaire contre les politiques d’austérité et les choix désastreux  du gouvernement il nous semble que les moyens politiques pour construire un  mouvement social d’ampleur ne sont pas réunis. L’initiative est pensée d’en haut et ne s’appuie guère sur les mobilisations sociales existantes, qu’il  conviendrait d’abord de renforcer et de faire dialoguer. Construire dans la  durée un véritable mouvement social suppose de partir des revendications et  des aspirations des mouvements réels de la société. Attac et ses partenaires  continueront de s’employer dans les mois qui viennent à cette difficile  tâche. »

    On trouve ici parfaitement exposées les bonnes raisons qu’aurait eu ATTAC de s’associer à cette initiative : « Cette initiative part du constat  partagé de la dérive droitière du gouvernement Hollande-Valls et du refus de  laisser à la droite le monopole des mobilisations de rue, et on ne peut que  souhaiter son succès [...] Une mobilisation  forte est nécessaire contre les politiques d’austérité et les choix désastreux  du gouvernement. » Les arguments pour ne pas s’y associer n’en sont que plus problématiques.

    Le premier de ces arguments est que « l’initiative est pensée d’en haut ». Or, ATTAC a suffisamment souvent pris l’initiative de mobilisations diverses pour bien savoir que tel est le rôle des organisations. S’il ne doit pas être déconnecté de la base militante, un mouvement organisé ne peut sauf exceptions guère naitre sans que l’initiative en ait à un moment ou à un autre été prise par des organisations. Dans le cas de la manifestation du 15 novembre l’initiative appartient à un collectif unitaire très large, où l’on trouve les forces les plus diverses, politiques, associatives et syndicales. Même si on peut le juger insuffisant, le périmètre de ce collectif est assez large pour qu’ATTAC ai pu y prendre toute sa place. Et l’initiative du 15 novembre ne vient pas plus « d’en haut » que celle du 11 octobre dernier contre le TAFTA, pour laquelle ATTAC était précisément en première ligne.

    Le bureau d’ATTAC reproche aussi à cette initiative le fait qu’elle « ne s’appuie guère sur les mobilisations sociales existantes, qu’il  conviendrait d’abord de renforcer et de faire dialoguer ». Mais outre que bon nombre des forces investies dans cette initiative sont parties prenantes de mobilisations sociales, le besoin réel de renforcer ces dernières, de les faire dialoguer et de les faire converger n’est pas incompatible, bien au contraire, avec le développement de mobilisations générales contre les politiques d’austérité.

    Enfin, le bureau d’ATTAC note que « construire dans la durée un véritable mouvement social suppose de partir des revendications et  des aspirations des mouvements réels de la société ». Si cela n’est pas inexact, il est d’une part difficilement soutenable que ce principe soit incompatible avec celui de sa participation au 15 novembre, et d’autre part, il serait inexact de dire que le refus de l’austérité ne serait ni une aspiration ni une revendication du mouvement de la société. Au demeurant, ce sont là des aspirations et revendications qu’ATTAC, avec d’autres, a toujours considéré de sa responsabilité de faire grandir.

    On voit bien qu’au cœur de cette argumentation se trouve une prise de position sur les rapports du « haut » et du « bas », de la « base » et du « sommet » dans les mouvements politiques et sociaux. En filigrane se trouve sans doute quelque chose qui relève de la méfiance encore traditionnelle à l’égard des organisations en général, et des organisations se définissant comme « politiques » en particulier. Cette méfiance connait d’autres expressions que l’on a pu voir à l’œuvre dans les récentes manifestations contre les violences policières, après le décès de Rémi Fraisse.

    Il est pourtant significatif que lorsque certaines organisations, comme ATTAC, mais aussi comme la CGT ou Solidaires, décident « en haut » de ne pas s’associer à l’initiative du collectif 3A, nombre de leurs militant-e-s et structures « de base » décident au contraire de s’y associer. Tout se passe donc comme si ces notions de base et de sommet avaient perdu l’essentiel de leur sens. Et quand le bureau d’ATTAC dit de la manifestation du 15 novembre que « l’initiative est pensée d’en haut », on serait tenté d’interroger, « en haut de quoi ? ».

    Et c’est en fait là toute la question. Il importe donc d’y insister : les collectifs militants organisés ne sont au sommet de rien, et ne représentent pas moins la base du mouvement social et politique que qui que ce soit. Les organisations « politiques » et celles du « mouvement social » n’ont entre elles et ne sauraient avoir aucune hiérarchie, aucune préséance. La politique se fait du bas en haut et du haut en bas, et ne peut se faire autrement. Et le mouvement social et ses organisations ne sont pas moins des acteurs politiques que les autres. On pourrait même dire la chose suivante : la portée « politique » d’une initiative comme celle du 15 novembre dépendra avant tout de la capacité de celles et ceux qui militent dans le « mouvement social » de s’y investir, et de leur volonté d’y prendre toute leur place. Ni base, ni sommet, la balle est entre les mains de tou-te-s et de chacun-e.

    rouge_0

    ENSEMBLE

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  • Demain, mercredi 12  Novembre  à 16 heures, le tribunal de commerce à Marseille  se prononcera sur le devenir de la SNCM.  Des milliers d'emplois sont en jeu… VENEZ SOUTENIR LES SALARIES ET LA CONTINUATION DE L’ACTIVITE DE LA SNCM !

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    Ne soyons pas dupes de toutes les manœuvres qui ont pour but la liquidation pure et simple  de la SNCM , entreprise maritime en charge de la délégation de service public de continuité territoriale avec la Corse...

    Rappelons que c’est le principal actionnaire de la SNCM, Transdev/Véolia qui a assigné la compagnie maritime en paiement et donc provoqué le dépôt de bilan. C’est une première en matière de procédure commerciale ! Il reste à savoir si une telle démarche est recevable devant le Tribunal de commerce de Marseille. Le fait est que, en juillet dernier, l’Etat a donné le feu vert pour une procédure de redressement judiciaire et que cette approbation a renforcé la volonté de Transdev d’en finir avec la SNCM.

    Rappelons que Transdev, filiale du groupe Véolia, n’a cessé de vouloir se débarrasser de la SNCM après avoir repris les actions d’un fonds de placement Butler dans une opération calamiteuse de privatisation sous la présidence de Jacques Chirac et l’action de Dominique de Villepin. Transdev est une société dont le capital est détenu par moitié entre Véolia et la Caisse de dépôt et de consignation (donc l’Etat). C’est la CDP (donc l’Etat) qui possède aussi 33% du capital de la SNCM. L’Etat est donc celui qui a financé le rachat des participations d’un fonds de placement, seul bénéficiaire  de la privatisation qui a confié la gestion de la SNCM au groupe Véolia. Ce groupe, avant et après le départ de son PDG Alain Proglio ( proche de la Droite qui l’aurait fortement sollicité mais critiqué ensuite par son successeur et le Conseil d’Administration de Véolia pour la prise de contrôle de la SNCM), n’a jamais montré la moindre ambition pour l’avenir de la compagnie maritime et puis a joué contre la pérennisation et la poursuite de l’activité. Par ailleurs, la directive Bokeinstein et l’utilisation d’un pavillon étranger ont permis à Corsica ferries, compagnie italo-suisse, de prospérer, avant qu’elle n’engage une bataille juridique qui a conduit la commission européenne à demander que la SNCM rembourse à l’Etat et à la Collectivité Territoriale Corse, des subventions perçues pour un montant de plus de 400 millions d’euros.   Alors que ce remboursement est demandé sur des arguties juridiques, aucun contrôle n’a été effectué sur les subventions qui ont été allouées à la compagnie concurrente et à sa holding dont le siège est basé en Suisse. Ainsi la Commission européenne favorise le low cost, c’est-à-dire le dumping social, mais aussi le dumping fiscal qui soustrait des activités commerciales à l’administration fiscale française. Il faut savoir que les marins de la Corsica Ferries ne bénéficient pas du code du travail français et travaillent dans des conditions plus difficiles avec un salaire moins élevé. Par ailleurs compagnie ne paie pas ni Urssaf ni impôt en France.   

    L’Etat a abandonné la SNCM. Nous assistons au dernier épisode d’une mort organisée et programmée. Son dépeçage est sans doute prévu. Les gouvernements Ayrault et Valls n’ont pas fait entendre la parole de l’Etat pourtant présent au capital de la SNCM et à celui de Transdev. De fausses promesses ont été données, un accord a même été signé entre toutes les parties à la suite d’un dialogue social. Des suppressions d’emplois avaient même été acceptées par les syndicats. L’Etat et Transdev/Véolia ont décidé que l’accord était caduc, faute de nouveau financement. Les salariés ont été promenés et bernés. Lors de la dernière grève, ils ont fait l’objet d’une campagne de presse mettant l’accent sur les conséquences de la grève et sans en expliquer les raisons. Des solutions ont été délibérément écartées.

    Les salariés de la SNCM ont besoin de soutien.  Soyons nombreux   ce  mercredi  12 Novembre à I5H30 devant le Palais de justice à Marseille afin de manifester  notre totale solidarité dans le combat exemplaire que mènent Marins et sédentaires de la SNCM  pour la défense du service public , l'emploi et l'intérêt économique des régions concernées.

    Au-delà des pertes d’emplois, la disparition de la SNCM serait un coup sérieux donné au Port de Marseille et à l’économie insulaire. Les salariés de la SNCM ne sont pas les seuls concernés car son activité a généré des emplois induits et de la sous-traitance.

    Pour celles et ceux qui veulent connaître le dossier SNCM, Manca alternativa a déjà publié des articles. Deux journalistes indépendant ont mené de véritables enquêtes comme Enrico Porsia ( site Bakchich) et surtout Alain Verdi, véritable spécialiste de ce dossier ( blog « Pericoloso spogersi »).

    Matelone

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  • jouyet

    L’homme par qui un nouveau scandale arrive. Secrétaire d'État chargé des Affaires européennes du gouvernement Fillon en 2007,  Jean-Pierre Jouyet a été président de l'Autorité des marchés financiers de 2008 à 2012. Il occupait ensuite les fonctions de directeur général de la Caisse des dépôts et consignations et de président de la banque publique d'investissement (BPI) entre 2012 et 2014. Le 16 avril 2014, François Hollande le nomme secrétaire général de la Présidence de la République, en remplacement de Pierre-René Lemas. Sans revenir sur tout son parcours depuis le temps où il fut chef de cabinet de Roger Fauroux, ministre des finances entre 1988 et 1991, il a alterné postes administratifs et politiques. Brièvement président de Barclays France en 2005, il est ensuite nommé chef du Service de l'Inspection générale des finances, poste qu'il occupe jusqu'en 2007. C’est peut-être ce poste qui l’a rapproché de François Fillon puisque ce dernier lui a offert, en 2007,  un poste de secrétaire d’Etat des affaires européennes auprès de Bernard Kouchner, Ministre des affaires étrangères et européennes.

    Encore un énarque de la promotion Voltaire, celle de François Hollande, de Ségolène Royal, de Dominique de Villepin… Voltaire a écrit dans « Zadig ou la destinée » : Les hommes sont des insectes se dévorant les uns les autres sur un petit atome de boue.  Ont-ils tout lu du philosophe des Lumières ?

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    Jean-Pierre Jouyet a aussi partagé la même chambrée que François Hollande et Michel Sapin à l’école d’officier de réserve à Coëtquidam. Si Bernard Kouchner a du mal à revenir dans le girond socialiste, Jean-Pierre Jouyet, opportuniste habitué des changements de postes, n’a pas perdu l’amitié de François Hollande qui l’a donc nommé Secrétaire général de l’Elysée.

    Est-ce que les amis des amis de François Hollande sont aussi ses amis ? Jean-Pierre Jouyet est l’exemple de la porosité qui règne entre les partis politiques. Cette porosité est sans doute à l’origine des révélations faites dans le livre « Sarkozy m’a tuer » écrit par Gérard Davet et Fabrice Lhomme. Cet ouvrage concerne, entre autres anecdotes, les relations entre Jean-Pierre Jouyet et François Fillon.

    Les affaires Sarkozy n’ont pas fini de faire des ricochets dans l’eau en provoquant des tempêtes collatérales, pendant que la justice semble une eau dormante dont on ne voit pas le fond.  Le livre des deux journalistes du Monde montre aussi la promiscuité entre la presse et les politiciens ou leurs entourages. Les journalistes répercutent des conversations privés qu’ils ont eues et qui déclenchent des polémiques sans fin. Tout cela est propice à créer une atmosphère délétère dans la mesure où la justice est trop lente.

    Les journalistes créent des affaires dans les affaires et on se demande si tout cela n’est pas orchestré pour faire perdre de vue les vraies affaires judiciaires en créant des bulles de savon médiatiques qui éclatent rapidement en ne libérant que de l’air.  Ces bulles d’air permettent aux vrais mis en cause de respirer et les transforment en victimes. D’aucuns vont les dénoncer comme étant des boules puantes et parler de complot…

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    La nouvelle affaire Jouyet/Fillon/Sarkozy, de quoi s’agit-il ? Lors d’un repas amical, François Fillon aurait sollicité Jouyet pour que ce dernier demande à Hollande de faire activer un dossier judiciaire contre Sarkozy. Hollande aurait refusé d’intervenir. Jouyet se serait confié de cet épisode auprès des journalistes du Monde qui ont repris l’anecdote dans leur livre. La presse a bien entendu fait écho. Fillon et Jouyet ont d’abord démenti l’information. Les journalistes ont fait savoir qu’ils avaient un enregistrement de Jouyet qui est revenu sur ses dénégations pour admettre avoir parler avec Fillon de l’affaire Bigmalion. Fillon accuse les journalistes et Jouyet de mensonge. Il a dit son intention de déposer plainte pour diffamation. Du côté de l’UMP, nombreux considèrent que une telle démarche si elle était avérée impliquerait que Fillon se retire de la direction provisoire de leur mouvement.

    Il est un fait : si Fillon a fait cette démarche, il ne l’a pas faite pour de bonnes raisons puisqu’il est candidat aux élections présidentielles de 2017 et l’élimination de Nicolas Sarkozy  l’arrangerait. Par ailleurs, il considèrerait qu’un Président de la république peut instrumentaliser la justice et mépriserait l’indépendance des magistrats.

    En ce qui concerne Jouyet, comment a-t-il pu se confier à des journalistes sur un sujet pareil sans arrière-pensée ?  Avait-il le feu vert de Hollande pour balancer à la presse ? Est-ce un coup monté comme l’affirme Fillon ? Le moins que l’on puisse dire est que ce secrétaire général de l’Elysée n’est plus à sa place et qu’il doit être remercié. Il est peut-être temps qu’il prenne sa retraite et cela permettrait l’économie de ses rémunérations.

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    Et, dans tout cela, Nicolas Sarkozy (seul bénéficiaire de cette bulle médiatique) prendra, plus que jamais, un faux air de victime et la justice prendra encore plus son temps pour qu’on ne l’accuse pas d’acharnement et d’être instrumentalisée.   

    D’un côté, une version commence à circuler... Un déjeuner aurait bien été organisé entre Fillon, Jouyet et une tierce personne. Il aurait eu lieu six jours avant la garde à vue de Nicolas Sarkozy qui a fait grand bruit. A la même époque, la direction provisoire de l’UMP aurait contesté le remboursement par le parti d’une somme due à titre personnel par Sarkozy et liée à son  dépassement de frais de campagne.

    D’un autre côté, on cherche des témoins de moralité pour Jouyet et nous avons entendu Emmanuel Marcon dont personne n’ignore le rôle joué par Jouyet dans sa nomination ministérielle. Ne doutons pas que Jean-Pierre Jouyet aura l’appui de quelques ténors socialistes, quitte à le flinguer si ça tourne mal.

    Les uns grossissent l'affaire et les autres la minimisent. Fillon crie au scandale et parle d'affaire d'Etat dont il serait la victime. Sarkozy y va fort dans la métaphore en parlant de "torrent de boue"  pour y engloutir toutes les affaires judicaires dans lesquelles il est cité. Hollande se tait. Les seconds couteaux et les avocats montent au front. L'extrême-droite se frotte les mains.

    Les deux journalistes, auteur du scoop, s'en lavent les mains. Gérard Davet et Fabrice Lhomme n’ont fait que leur métier sauf à démontrer le contraire… Il faudrait ouvrir une autre débat : celui du journalisme et se  poser des questions. Malgré son professionnalisme, un journaliste peut-il être manipulé à son insu ? Est-ce que des journalistes participent volontairement ou involontairement à des campagnes médiatiques qui les dépassent ? La parole d’un journaliste vaut-elle plus qu’une procédure judiciaire et son aboutissement ? Les journalistes doivent-ils enquêter dans les coulisses du pouvoir et rapporter des informations sans preuve ? Le travail des journalistes favorise-t-il les poursuites pénales ou nuit-il aux procédures judiciaires et au travail des juges ? Le pouvoir de la presse est-il toujours un contre-pouvoir ?  Autant de questions qui se posent à chaque bulle médiatique et il y en a d’autres pour un sujet aussi vaste que celui de la morale politique. 

    Il reste à savoir quelle attitude prendra François Hollande dans ce que la presse nommé le Jouyetgate et qui aurait dû rester un secret d’Etat. S’il confirme la version de son secrétaire général, c’est risqué d’être compromis lui-même dans cette affaire et de « riquiquiser » (pour reprendre un terme de Mélenchon) un peu plus la fonction présidentielle.

    Il reste à vous dire notre sentiment. Pour reprendre une formule de Besancenot,  l’avenir de Jean-Pierre Jouyet nous importe autant que celui de la star de la téléréalité qui vient d’être incarcérée pour tentative d’homicide sur son boyfriend. La campagne pour la présidence de l’UMP nous importe autant qu’une campagne publicitaire pour des couches-culottes. Seul l’avenir judiciaire de Nicolas Sarkozy nous intéresse encore dans la mesure où il pourrait permettre de le voir disparaître de la scène politique et médiatique.  Quant à François Hollande, il peut se taire car il est devenu inaudible.

    Les bulles médiatiques viennent polluer l’actualité sociale toujours renvoyée au second plan. Elles se succèdent à une cadence jamais atteinte auparavant, entre quelques atrocités domestiques devant les Assises et des campagnes d’intoxication mentale. La politique est une tartufferie dont la presse est devenue l’instrument de communication.

    Fucone

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  • Ben_mots

    Le truc oratoire de François Hollande, c’est l’anaphore. Sarkozy a aussi son truc : répéter un même mot des dizaines de fois dans un discours. Vendredi dernier, au palais des expositions, Porte de Versailles, il a répété environ 80 fois le mot « république » mais c’est aussi le mot civilisation qu’il faut retenir.  Ce grand républicain de 1m65 s’est posé en défenseur de l’héritage de la chrétienté et des Lumières, « faits majeurs de notre civilisation ». Dans les coulisses, on chuchote que Henri Guaino a dû reprendre sa plume pour Sarkozy. Ce dernier n’a pas épargné François Hollande qui n’est pourtant pas candidat à la présidence de l’UMP puisque c’est pour cela que Sarkozy fait campagne. « Je refuse la mise en scène de l’impuissance de la politique telle que les Français l’on vue hier soir » dit-il en faisant allusion à la médiocre prestation du Président de la république en titre. Si ce n’est pas une entrée en campagne pour les Présidentielles de 2017, cela lui ressemble. Deux ans de campagne à tenir ! La république à bananer au bout !

    L’héritage de la chrétienté et des lumières… une belle formule bourgeoise et aristocratique ! Ajoutée à « civilisation », on dirait du Le Pen.

    L’héritage de la chrétienté, c’est dit à l’intention des électeurs tentés par le FN et les intégristes catholiques sans offusquer les centristes. Sarkozy, en chrétien républicain, a fustigé la décision, prise par Najat Vallaud-Belkacem, nouvelle ministre de l’Education Nationale, d’autoriser le port du tchador aux assistantes maternelles dans les établissements scolaires. Il faut dire que ce n’est pas la meilleure des décisions par les temps qui courent et la trop jeune ministre peut se voir reprocher d’avoir fait du communautarisme, puisqu’elle est d’origine marocaine. Sarkozy sait utiliser les moindres failles chez ses adversaires et, ces derniers temps, il est servi par François Hollande et quelques ministres. Le vaincu de 2012 a compris que, pour être élu, il suffisait d’arriver au deuxième tour contre un François Hollande impopulaire comme il l’était lui-même à la fin de son quinquennat. Il a tiré les leçons de sa défaite et  il lui faut tirer sur l’ambulance. Etre élu par défaut lui suffirait pour ensuite transformer sa piètre victoire en triomphe et s’installer dans cinq ans d’immunité.  Pour cela, il serait même capable de gouverner avec l’extrême-droite. L’ombre de Patrick Buisson est toujours à ses côtés.

    L’héritage des Lumières, c’est sans doute encore « du Guaino » car les lumières de Sarkozy sont plutôt les projecteurs de ses meetings gérés par Bygmalion. On sent qu’il adore être sous les sunlights. Dans la France du siècle des Lumières, les philosophes étaient à l’avant-garde de la pensée démocratique, tout en restant des bourgeois et des notables. Le siècle des Lumières est un mouvement intellectuel lancé en Europe au XVIIIe siècle (1715-1789), dont le but était de dépasser l'obscurantisme et de promouvoir les connaissances. Des philosophes et des intellectuels encourageaient la science par l’échange intellectuel, s’opposant à la superstition, à l’intolérance et aux abus des Églises et des État. Cela concerne l’humanité tout entière. Cette période de l’histoire de France est au programme des élèves de CM2. 

    Voltaire avait associé l’esprit des lois de Montesquieu au républicanisme jusqu’à dire que l’ouvrage aurait dû être intitulé « L’esprit républicain ». Toutefois si Voltaire était un humaniste qui s’est élevé contre la peine de mort, Montesquieu, comme Rousseau, trouvait simplement qu’elle était trop sévèrement appliquée et Diderot était favorable à la peine de mort à des fins d’expérimentation. Heureusement, d’autres hommes ont donné raison à Voltaire pour qui «  L’humanité est plus forte que la loi ».  L’héritage des philosophes n’est pas que celui de Voltaire, Montesquieu, Diderot et Rousseau. Les lumières viennent de bien plus loin dans la philosophie grecque et elles sont universelles. La période des Lumières s’est achevée avec la révolution de 1789, date à laquelle commence l’évolution démocratique de la France avec des héritages plus récents, notamment celui des valeurs républicaines et de la laïcité. Quant aux civilisations, elles sont mortelles comme les hommes. Les plus grandes du passé n’ont pas survécu et n’ont laissé que des vestiges enfouis sous terre. Les peuples ont plus de longévité. La notion de civilisation n’intéresse que les historiens et les archéologues. L’héritage est une notion bourgeoise et aristocratique. Il faut surtout tirer les leçons de l’histoire et non pas la reproduire. Est-ce cela que propose Sarkozy en briguant à nouveau la présidence de la république? Il revient avec de vieilles idées et un nouveau discours.

    Heureusement, des philosophes des Lumières se sont élevés contre des abus de l’Eglise et de l’Etat. Des philosophes ont fait la lumière sur le noir de leur siècle. Le temps ne s’est pas arrêté : dire que Les lumières et la chrétienté sont des héritages de notre civilisation est une vision passéiste de l’Histoire de France qui a bien d’autres héritages, pas tous lumineux et inspirés par la charité chrétienne. Sarkozy affiche sournoisement une vision ultranationaliste, colonisatrice et impérialiste de la France. Il n’y a qu’un petit pas à faire pour rejoindre les thèses identitaires et celle de la « civilisation occidentale » chère à l’extrême-droite européenne, héritage du nazisme et du fascisme. Il fait dans l’islamophobie rampante.  Sarkozy banalise et Marine Le Pen dédiabolise.

    Sarkozy se sert du mot « république » et l’on connaît les utilisations perverses qui peuvent en être faites. Les jihadistes de Daech ont fondé une république islamique qui associe, dans la barbarie, république et Islam. Faut-il associer, par héritage, république et chrétienté. La république n’est-elle pas laïque justement parce que nous avons en héritage les « Lumières » ?  A force de faire des discours électoraux basés sur des sondages auprès des électeurs, Sarkozy arrive à dire n’importe quoi mais sur un ton qui se veut convaincant. Il associe religion et république,  le feu et l’eau, la chèvre et le chou, lumière et obscurantisme religieux, lui-même et la France, lui-même et la république, lui-même et l’Elysée…  Il veut créer un nouveau parti qui serait le « parti de la France » pour ne pas dire de la préférence nationale, pour se faire élire avec les voix du Front National.

    Voilà un ancien Président de la République qui a mal vécu son expulsion de l’Elysée et qui veut continuer à incarner la France, alors que la France n’est pas l’image électorale qu’il en donne. Sa France, c’est d’abord celle de Neuilly. C’est ensuite un réservoir d’électeurs qu’il faut convaincre avec un discours à géométrie variable. Pour parvenir à ses fins, il flingue verbalement tous ceux qui ne le soutiennent pas mais, il faut le reconnaître, il récompense ses fidèles même s’ils apparaissent comme des gros (ses) nul(le)s.

    Vendredi dernier, il a répété à l’envie le mot « république ». Quel mot va-t-il utilisé demain ? Nation ? Démocratie ? Liberté ? Identité nationale ? Peuple ?... Nous avons un doute sur son penchant éventuel pour ceux de fraternité et égalité.

    Il faut se méfier des mots, comme l’a écrit l’artiste Ben dans une de ses œuvres qui se compose de deux travailleurs mettant en place un immense tableau noir sur lequel est inscrit « Il faut se méfier des mots » (installation rue de Belleville à Paris, 1993). Il a bien raison d’alerter, surtout lorsqu’il s’agit de discours politiques. Il faut aller au de-là des mots qui font partie du champ lexical de ceux qui écrivent ces discours.

    Une émission de FR2 est intitulé « des paroles et des actes ». C’est sur les actes que l’on juge un Nicolas Sarkozy et un François Hollande. Dés qu’ils font une phrase, ils mentent.

    Liberté, égalité, fraternité, trois mots magnifiques, n'est-ce pas ? Trois mots qui forment le cœur de la Révolution. Trois mots qui, si nous avions su les cultiver, auraient changé la face du monde. (« Ceux qui sauront » de Pierre Bordage).

    Battone 

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  • ziad-medoukh1-520x400

     

    Ziad Medoukh, professeur de français palestinien, est responsable du département de français de l’université Al-Aqsa de Gaza, et coordinateur du Centre de la paix de cette université. Il a terminé ses études de didactique du français à l’université de Paris VIII où il obtint en 2009 un doctorat en Sciences du Langage. Il est l’auteur de nombreuses publications concernant l’enseignement du français en Palestine et aussi la non-violence.

    Cet intellectuel palestinien qui donne des nouvelles quotidiennes de Gaza (dont certaines intitulées « En direct de Gaza » ont été publiées par Manca alternative) est bloqué à Gaza ! Impossible pour lui de quitter ce qui est un ghetto! Il ne pourra pas venir en France pour une série de conférences, colloques, débats et la sortie prochaine de son dernier opus "Chronique d'un été à Gaza"…

     

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    Aux éditions Kairos
     
    Voici, une vidéo où il donne de ses nouvelles :

     

     

    Rien ne bouge, rien ne change ! La situation depuis la fin des attaques sanglantes sur Gaza reste inchangée. Blocus plus solide que jamais, des centaines de personnes sans abris alors que l'hiver arrive. Provocations à Jérusalem où la situation est extrêmement tendue, explosive... Une nouvelle Intifada a déjà commencé.

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  • europe

    José Manuel Durao Barroso, ultralibéral et atlantiste notoire, a quitté la présidence de la commission européenne mais les lobbies de la Finance n’ont as perdu au change avec l’arrivée de Jean-Claude Junker, ancien premier ministre luxembourgeois. Même en tant que chef du gouvernement, il continuera à exercer les fonctions de ministre des Finances, ministre du Travail et de l'Emploi et ministre du Trésor. Juncker participa au Conseil pour les affaires économiques et financières (ECOFIN), étant un des architectes clefs du traité de Maastricht, et notamment de ce qui relevait de l'Union économique et monétaire. En 1998 il est devenu le quatrième destinataire de la Vision pour l'Europe Award, honneur accordé annuellement depuis 1995 par l'Edmond Israël Foundation afin d'exprimer « la reconnaissance de contributions exceptionnelles dans la modernisation de l'Europe ».  Edmond Israël est décédé en 2014 à l’âge de 86 ans.  A son décès, on pouvait lire dans la presse « Avec la disparition du président honoraire de Clearstream, la place financière luxembourgeoise a perdu une de ses figures les plus emblématiques et attachantes ». D’abord employé au service de la Bourse et des valeurs mobilières, il pilota la cotation du premier emprunt euro-obligataire en Bourse de Luxembourg: l’emprunt Autostrade, lancé le 17 juillet 1963, pour un montant de 15 millions de dollars US. En 1973, il accéda aux fonctions de directeur général et occupa ce poste jusqu’à son départ en retraite en 1989, tout en créant Cedel (devenu Clearstream International) dont il présida le conseil d’administration pendant vingt ans, avant d’en être président honoraire. Jusqu’à sa mort, il occupait un bureau au sein de la banque au Kirchberg. Il avait le profil type du lobbyiste luxembourgeois de la finance. L’obtention de la récompense délivrée par sa fondation est sans aucun doute celle de la construction de cette Europe de la Finance avec sa Troïka.

    Jean-Claude Junker est l’ancien ministre d’un pays qui apparaît comme un paradis fiscal. Jusqu’à présent, aucune réelle enquête n’avait permis de comprendre l’ampleur de l’action luxembourgeoise dans le domaine de la fraude fiscale organisée. La presse vient de révéler qu’une enquête de six mois, baptisée «Luxembourg Leaks», a été réalisée par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) et publiée par 40 médias internationaux dont le Monde. Les investigations menées démontrent comment des milliards d'euros de recettes échappent aux Etats, alors que  les multinationales y réalisent d'importants bénéfices en échappant au Fisc. Ainsi, grâce à des accords secrets conclus avec le Luxembourg entre 2002 et 2012, 340 grandes entreprises, dont Apple, Amazon, Ikea, Pepsi ou Axa ou encore le Crédit agricole, parviennent à minimiser leurs impôts.

    A la fraude institutionnalisée des multinationales, il faut ajouter les 300 français soupçonnés d’évasion fiscale sur des comptes ouverts à l’UBS suisse.

    L’enquête menée par l’ICIJ s’est faite sur la base de 28.000 documents qui ont permis de décortiquer les mécanismes parfois complexes mis en place. Le principe de la « Tax Ruling » permet aux multinationales d’obtenir à l’avance la fiscalité à laquelle elles seront soumises par l’administration fiscale d’un pays et d’obtenir des garanties juridiques. Ce principe légal est utilisé par le Luxembourg pour être le pays européen le plus attractif et devenir un paradis fiscal au sein de l’Europe. Les multinationales créent des sièges sociaux luxembourgeois proches de la simple domiciliation, alors que toutes leurs activités et toutes leurs productions se font dans les autres pays. Elles transfèrent ensuite tous leurs profits dans le Grand-duché pour être taxés au minimum.  Des cabinets d’audit ont été missionnés pour chercher la meilleure fiscalité, négocié et rédigé les conventions fiscales avec l’administration luxembourgeoise.  Ce sont de véritables filières qui canalisent des centaines de milliards d’euros à travers le Luxembourg…. «Certaines entreprises ont eu des taux d'imposition effectifs de moins de 1 pour cent sur les bénéfices», précise l'ICIJ.  

    Pour voir l’offre de service d’un cabinet d’audit en matière de « Tax Ruling » et d’optimisation fiscale en Suisse, cliquer ICI – et au Luxembourg Cliquer ICI

    «Ces révélations seront embarrassantes pour le nouveau président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, qui a été Premier ministre du Luxembourg entre 1995 et 2013, soit pendant la période où les accords mentionnés par l'ICIJ ont été signés», souligne le journal Guardian.

    La Commission européenne a ouvert des enquêtes sur la pratique fiscale de «tax ruling» visant des Etats membres et l’une d’elle porte sur des accords passés par le Luxembourg avec Fiat Finance and Trade, qui fournit des services de gestion de trésorerie au groupe automobile Fiat. D’autres états sont visés: l'Irlande avec Apple notamment. Avec un Luxembourgeois à la présidence de la commission, on peut s’interroger sur la partialité de ces enquêtes. Il faut rappeler que Jean-Claude Junker, ministre des finances luxembourgeois pendant 18 ans, a été le candidat adoubé par le parti socialiste français.

    L'OCDE vient de faire de recommandations contre « l'optimisation fiscale », expression pudique qui désigne la fraude organisée. Pierre Gramegna, le ministre actuel des Finances luxembourgeois, défend dans Le Monde la pratique de «tax ruling» en déclarant : «Elle fait partie de notre patrimoine et nous voulons la perpétuer dans le respect des règles».

    Les multinationales n’ont pas de soucis immédiats à se faire. Le principe qui permet la fraude est parfaitement légal au regard du droit européen. Il est appliqué dans de nombreux États membres de l'UE, y compris en Allemagne, aux Pays-Bas ou encore au Royaume-Uni… et en France où l’on donne des crédits d’impôts à des multinationale qui sont libres de choisir le mieux disant fiscal à l’Etranger.

    L’Europe a organisé le dumping social mais aussi le dumping fiscal. Pour le dumping social, après le plombier polonais, nous avons eu le travailleur européen détaché avec ses dérives en France où le chômage ne fait qu’augmenter. Pour le dumping fiscal, nous avons le fisc luxembourgeois. Il ne reste plus que TAFTA (et la création du marché libre transatlantique pour parfaire cette œuvre européenne pour laquelle la fondation Edmond Israël a déjà récompensé Jean-Claude Trichet, Angela Merkel, Javier Solana, Guy Verhofstadt, Árpád Göncz, Willem F. Duisenberg, Jean-Claude Juncker, Helmut Kohl, Jean-Luc Dehaene ou encore Jacques Santer. Ce dernier, comme Jean-Claude Junker a été premier ministre luxembourgeois et président de la commission européenne. A croire que cette commission aime bien le Luxembourg.

    Tout a été fait pour que l’économie ultralibérale se mette en place contre les peuples. Ce n’est pas une Europe solidaire qui est construite mais une Europe dans laquelle tout est mis en concurrence y compris les salaires et les taxes. C’est une Europe de l’injustice sociale et de l’injustice fiscale. La nomination de Jean-Claude Junker à la présidence de la commission européenne ne fait que confirmer ce que le Front de gauche dénonce. C’est cette Europe qui jette une partie des peuples dans l’extrême-droite et l’ultranationalisme.

    Contre la casse sociale, la fraude et l’évasion fiscale, pour une Europe des peuples, une Europe solidaire, rejoignez le mouvement ENSEMBLE du Front de gauche, représenté en Corse par Manca alternativa.

    U fisciatu

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  • La mort lente de la SNCM a suivi son cours, celui de la justice européenne et de l’absence de volonté politique à la sauver.  Pas de bonne surprise en vue ! Le dépôt de bilan est annoncé par le PDG de l’actionnaire Transdev…

     

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    C'est le principal actionnaire de la SNCM qui l'assigne en paiement. Cela paraît inédit! Curieusement, Monsieur Jean-Marc Janaillac prétend que Transdev demande à la SNCM le remboursement de 100 millions, sachant que cette dette ne sera pas honorée. Ce serait pour sauver la compagnie maritime par un dépôt de bilan qui donnera lieu à l’ouverture par le Tribunal de commerce de la procédure collective, en premier lieu le redressement judiciaire avec nomination d’un administrateur judiciaire qui prendra en main la destinée de l’entreprise. Malheureusement, après la période dite de redressement judiciaire et de recherche d’un repreneur, viendra le temps de la liquidation judiciaire, c’est-à-dire du total démantèlement de l’entreprise. Transdev est toujours présenté comme l’actionnaire principal de la SNCM avec 66% du capital. Pourtant L’Etat, à travers la caisse des dépôts et consignations, détient la moitié du capital de Transdev et une participation directe dans celui de la SNCM, ce qui en fait le véritable principal actionnaire, sans en être le gestionnaire. L’Etat avait donc la capacité juridique de jouer le premier rôle dans l’avenir de la SNCM et de s’opposer à son associé dans Transdev, c’est-à-dire le groupe Véolia.  

    La Cour de Justice de l’Union Européenne  a estimé que les conditions financières de la privatisation de la SNCM en 2006 et les aides publiques étaient  illégales. Malgré les interrogations que posent cette décision qui date du 4 septembre dernier, Transdev/Véolia vient de décider de donner le coup de grâce en réclamant le paiement des 100 millions d’avances faites à la compagnie. C’est donc l’actionnaire Transdev qui met la SNCM en état de cessation de paiement et décide donc le dépôt de bilan. La filiale de Véolia profite du jugement rendu par la Cour européenne qui pourtant, a remis dans l’actualité les conditions de la privatisation décidée par  Chirac et de Villepin. Par voie de conséquence, la question juridique se pose donc  sur l’exigibilité faite à la SNCM de rembourser les aides de l’Etat, c’est-à-dire 440 millions d’euros. En 2006, la privatisation de la SNCM s’est faite à la hussarde et a handicapé son avenir. Il faut rappeler le passage rapide au capital du fonds d’investissement Butler qui a revendu sa participation à la filiale Transdev de Véolia, holding dirigée par Henri Proglio, patron proche de Jacques Chirac et de l’UMP.

    Fin 2008, Butler liquide sa participation (38 %) dans la compagnie maritime qui, toujours soutenue par des belles subventions versées par la collectivité corse, se redresse un peu après avoir affiché environ 20 millions d’euros de passif un an plus tôt. C’est le groupe para public Veolia qui passe à la caisse soulageant ainsi le bilan financier 2008 du fonds de capital à risque dont le gestionnaire est un proche de Dominique de Villepin. Le prix de la transaction est tenu secret.

    C’est ce même fonds de placement BUTLER qui, en 2009, a eu un bon coup de pouce de l’Etat lorsque la SNCF a racheté un tiers d’un groupe de transport routier Giraud qui devait perdre beaucoup d’argent et dont Butler avait pris le contrôle en 2005. Cet autre exemple montre le rôle néfaste d’un fonds de placement dans la gestion de compagnies nationales et des fonds publics.

    Il serait intéressant de revenir sur les conditions dans lesquelles Butler  est entré au capital de la SNCM et dans quelles conditions Veolia en a pris le contrôle pour ensuite chercher à s’en débarrasser, Henri Proglio parti pour d’autres fonctions.

    On ne peut pas parler des difficultés actuelles de la SNCM sans revenir à la désastreuse privatisation menée à la hussarde en 2005 sous le haut patronage de Dominique de VILLEPIN. Un gigantesque gâchis aujourd’hui et à l’origine un scandale d’Etat. L’offre de la COMEX, une entrée progressive au capital accompagnée d’un apport de 75 millions d’euros, a été écartée au profit de celle de M. Butler, cet énarque de la même promotion que l’ex-premier ministre de Chirac. Ce Franco-brésilien dirigeait un fonds de pensions qui apportait 40 millions de moins en exigeant 10 millions de plus de l’Etat. Il a fait faire à son fonds de placement une affaire rentable à court terme grâce à l’entrée de Veolia sous la houlette de son PDG de l’époque à qui on aurait forcé la main, tout en faisant participer la Caisse de dépôts et consignations au capital de Transdev, société repreneuse et filiale de Véolia. L’Etat a donc participé directement et indirectement au rachat de la participation de Butler. Une responsabilité que l’Etat a du mal à assumer pendant que Dominique de Villepin joue maintenant l’avocat d’affaires avec, pour clients, des fonds de placement. Il fait le même métier que son ami franco-brésilien Butler. Tout cela a été dénoncé par des journalistes indépendants comme Alain Verdi sur son blog « Pericoloso sporgersi » ou Enrico Porsia sur le site Bakchich.

    Tout cela soulève une série de questions sur les responsabilités de l’État actionnaire de la SNCM et de Transdev. On peut s’interroger aussi que l’action de Véolia, holding associée à l’Etat dans Transdev, depuis le départ de son ancien PDG Henri Proglio et sur celle de ce dernier lors de la reprise de la participation Butler.

    Peu de journaux s’en sont préoccupés de cette privatisation sujette à caution et du rôle que l’Etat chiraquien a joue. La presse libérale a préféré montrer du doigt les grèves et la CGT. Comme si les grèves avaient pour seul objet de nuire à l’économie insulaire et de priver les Corses et les touristes de transport maritime. Il ne faut pas s’étonner si les grèves se sont multipliées et si elles n’auront eu pour effet que de reculer le démantèlement souhaité par la concurrence aidée par des calculs politiques. SNCM se voit reprocher des subventions alors que sa concurrente Corsica ferries a bénéficié de certaines subventions liées au nombre de ses passagers sans jamais fournir de documents comptables et sans faire l’objet du moindre contrôle. Par ailleurs cette compagnie italienne affrète des bateaux qui sont la propriété d’une holding basée en Suisse, bat pavillon étranger, ne paie aucun impôt en France. Elle utilise des salariés qui ne bénéficient pas du code du travail français, sont surexploités et moins payés. Parmi ses salariés, il y a peu de Corses qui sont en général employés sur le sol français et non sur les bateaux. Par contre la Corsica ferries pratique le lobbying. Par exemple, en Corse, elle fait partie des sponsors du club de foot de Bastia et elle a participé à la création d’un journal « 24ore » qui a cessé de paraître.

    Revenons à l’avenir de la SNCM ! Des solutions avaient été trouvées et un accord avait été signé. Les syndicats avaient accepté des suppressions d’emplois. Des bateaux devaient être commandés aux chantiers navals du Havre et leur assurer du travail. L’Etat et Veolia n’ont pas respecté cet accord qui est apparu comme une mascarade destinée à gagner du temps. Devant l’attitude ambigüe de l’Etat et de la direction de Transdev, les repreneurs se sont faits peu nombreux et certains ont fait des offres d’achat, avec de fortes réductions sociales et économiques. On peut aussi mettre en doute le bienfondé de certaines propositions faites par des repreneurs peu fiables.

    Mis à par le STC (Syndicat des Travailleurs Corses) qui milite pour une nouvelle compagnie corse, les syndicats ont toujours dénoncé les rôles joués par l’Etat et Transdev Veolia mais aussi par la commission européenne et la Compagnie italo-suisse concurrente Corsica ferries, sans être entendus. Ils ont toujours clamé qu’il existe des solutions juridiques et économiques. Ils n’ont jamais trouvé auprès de l’Etat UMP et PS la volonté politique de sortir la SNCM des difficultés dans lesquelles on l’a mise. La SNCM est devenu un enjeu politique local et national et le dépôt de bilan est l’aboutissement d’une mort programmée. Il y a aussi un enjeu financier qui est, pour les compagnies concurrentes (en premier lieu la Corsica ferries) de récupérer la délégation de service et ses subventions.   

    C’est le politique qui a privatisé l’entreprise dans des conditions très discutables. C’est toujours le politique qui interfère sur les décisions à venir, au niveau national comme en Corse.

    Nous verrons demain de quoi la continuité territoriale sera faite entre la Corse et le Continent. Le démantèlement de la SNCM ne peut aller dans le sens d’une amélioration mais renforcera la main mise de Corsica ferries sur le transport de passagers. Par ailleurs, il s’agit d’un désastre économique et humain qui va mettre au chômage plus de 2000 salariés auxquels s’ajouteront des licenciements chez les sous-traitants. La Corse en sera lourdement affectée mais aussi le Port autonome de Marseille. Il reste aussi une inconnue : les futurs tarifs de la Corsica ferries, transporteur maritime privé  mis en situation de quasi monopole.

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    Nous verrons si le capitaine de pédalo arrêtera de pédaler dans la semoule et dira quelque chose en faveur des emplois de la SNCM. Le responsable de la manœuvre politique, c’est son quartier-maître Manuel Valls, faisant fonction de  premier ministre. Dans le cas où il laisserait faire sans broncher,  on a envie de lui dire ce que Marcel Pagnol a fait dire à Marius dans la partie de cartes : « Il se peut que tu aimes la marine française... mais la marine française  te dit merde »... et en particulier les marins de la SNCM, mais aussi les personnels au sol, les sous-traitants et les Corses qui considèrent qu’elle fait partie de leur généalogie. Beaucoup de Corses y ont travaillé et y travaillent. Beaucoup de Corses en sont les usagers de père en fils et plus loin encore si l’on remonte à la compagnie générale transatlantique (Transat). La France est un grand pays maritime que l’on est en train de livrer aux compagnies low cost qui pratiquent le dumping social et le pavillon de complaisance.

    Malgré la façon avec laquelle une certaine presse met l’accent sur l’activité déficitaire de la SNCM, ce ne sont pas des déficits cumulés qui mettent la compagnie en cessation de paiement. La commission européenne veut obliger la SNCM à restituer 440 millions de subventions. Transdev Véolia lui réclame 100 millions d’avances sur trésorerie. Le dépôt de bilan, voulu et annoncé par Transdev/Véolia,  risque de déboucher, après une période de redressement judiciaire à la liquidation. Cela veut dire que les actifs de la compagnie maritime (donc les bateaux) seront vendus pour payer les dettes. Cela implique le licenciement de tous les salariés et de ceux des sous-traitants en cascade. Quel gâchis ! Le gouvernement a reconnu son échec à faire reculer le chômage. Ce n’est pas en traitant les dossiers comme il le fait avec la SNCM que l’on peut s’attendre à des réussites en matière d’emploi.

    Manca alternativa a soutenu les salariés de la SNCM et cet article n’est pas le premier consacré à cette mort programmée d’une compagnie maritime vitale pour la Corse et le Port autonome de Marseille.

    Manca alternativa organise une réunion, avec ses adhérents et ses sympathisants, demain 5 novembre 2014 à 18 H 30, Bistrot du Cours,  cours Napoléon à Ajaccio. Cette réunion abordera différents sujets dont  le dossier SNCM sur le thème : La Sncm. Va-t-on vers sa liquidation ? Les conséquences sociales et économiques pour la Corse.

    Matelone

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  •  Il ne doit pas échapper à la justice

     

    COMMUNIQUE DU RESEAU INTERNATIONAL« Justice pour Thomas Sankara, Justice pour l’Afrique »

     

    L’insurrection populaire au Burkina Faso,  a balayé le régime décadent de Blaise CompaoréCes jours du 30 et 31 octobre 2014 vont rentrer dans l’histoire d’un peuple brave, un peuple mûr, un peuple digne, et au-delà de ça dans l’histoire de l’Afrique et du monde entier. 27 ans de règne de ce mégalomane sanguinaire, ça suffit ! Le peuple a retrouvé sa dignité bafouée, il reprend son destin en main avec force, intelligence et conviction. Quels moments de joie, quels moments d’émotion !

    Dans ces moments décisifs, toutes les forces vives de Burkina Faso se sont uniespour mettre fin à ce régime corrompu qui a trop longtemps bénéficié du soutien de la communauté internationalealors qu’il maintenait son peuple dans la misère. Jusqu’au dernier moment alors que Blaise Compaoré a conduit son pays dans le chaos, certains de ces soutiens ont suggéré que ce soit lui qui gère la transition.

    Après avoir franchi cette première étape majeure, la seconde reste à faire : Garder la vigilance haute et assurer qu’une politique et une équipe progressiste sera mise en place pour une véritable amélioration du sort du peuple.

    Le réseau international « Justice pour Thomas Sankara, Justice pour l’Afrique » s’incline devant le merveilleux peuple burkinabè, particulièrement la jeunesse, qui a marché au-devant des forces de sécurité les mains nues. Plusieurs dizaines de personnes ont sacrifié leur vie !  Qu’ils reposent en paix et qu’ils restent dans notre mémoire comme des héros !

    Il les remercie d’avoir mis fin à cette hypocrisie de la communauté internationale qui consacrait Blaise Compaoré comme un « homme de paix », lui qui était impliqué dans toutes les guerres qui ont embrasé la régionentrainant des centaines de milliers de victimes

    Toutes les forces progressistes en Afrique et dans le monde entier doivent aujourd’hui soutenir concrètement la révolution du Burkina Faso et organiser la solidarité concrète.

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    Blaise Compaoré a pris la fuite. Il doit être arrêté et jugé pour ses crimes. Nous réclamons une enquête internationale indépendante sur l’assassinat du président Thomas Sankara et de ses camarades le 15 octobre 1987. Aux membres du Congrès américain nous demandons d’exiger que soient ouvertes les archives de l’époque et qu’une investigation soit menée sur une éventuelle implication de la CIA. Aux parlementaires français, nous demandons d’accepter la demande d’enquête parlementaire sur l’assassinat de Thomas Sankara, déjà déposée deux fois à l’Assemblée nationale de la République française, le 20 juin 2011 et le 5 octobre 2012Nous appelons les peuples du Togo et de la Côte d’Ivoire à exiger que la lumière soit faite sur l’implication de leurs pays dans cet assassinat.

    Il ne peut y avoir de démocratie dans l’impunité. Lacampagne « Justice pour Thomas Sankara, Justice pour l’Afrique », forte des 14.000 signatures déjà obtenues(http://www.thomassankara.net/spip.php?article866et du soutien des dizaines d’associations et de partis politiques de par le monde, doit s’amplifier car Blaise Compaoré bénéficie de soutiens puissants que nous dénoncerons sans relâche. Nous devons plus que jamais exiger que justice soit rendue. L’heure de la vérité et de la justice approche. Hâtons-la tous ensemble !

    Gloire au peuple burkinabè ! Justice pour Thomas Sankara et ses camarades assassinés le 15 octobre 1987, justice pour toutes les victimes des assassinats et crimes économiques !.

    Le réseau international « Justice pour Sankara Justice pour l’Afrique »

    Le 01 novembre 2014, à Ouagadougou, Abidjan,Berlin, Dakar, Paris, New York, Washington, Bamako, Lomé, Nairobi, Madrid, Bruxelles, Turin, Ajaccio, Toulouse, Rennes...

     Contact : contactjusticepoursankara at gmail.com

     

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